30 janvier 1941
Ce sentiment doux et indulgent d'amour pour l'humanité, que l'on éprouve par un jour froid, durant un moment passé dans un café - quand on observe le visage émacié et triste de quelqu'un, la bouche crispée d'un autre, la voix lente et bonne d'un troisième, etc. – et qu’on s'abandonne à embrasser toute cette souffrance quotidienne d’une étreinte sentimentale à la fois voluptueuse et mélancolique, n'est pas le véritable amour du prochain, mais une introversion agréable et détendue. À de tels moments, je ne remuerais le petit doigt pour personne : on éprouve, en somme, un sentiment de béatitude devant sa tranquille futilité face à la vie.
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