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Citation de coco4649


Marc en septembre
  
  
  
  
Les matins passent clairs et déserts
sur les rives du fleuve qui à l’aube s’embrume
et se charge d’un vert sombre, dans l’attente du soleil.
Le tabac que l’on vend dans la dernière maison
encore tout humide, en lisière des prés, est presque noir
et d’un goût savoureux : sa fumée est bleuâtre.
Ils ont aussi du marc qui a la couleur de l’eau.

Le moment est venu où tout s’immobilise
et mûrit. Les arbres, au loin, restent calmes :
ils paraissent plus sombres, et ils cachent des fruits
qui à la moindre secousse tomberaient. Les nuages épars
ont une pulpe mûre. Au loin, sur les boulevards,
chaque maison mûrit sous la tiédeur du ciel.

À cette heure, on ne voit que des femmes. Les femmes ne fument pas
ni ne boivent, elles savent simplement s’arrêter au soleil
et recevoir sur elles sa tiédeur, comme des fruits.
Froid de brume, l’air se boit par gorgées
comme du marc, chaque chose y exhale une saveur.
L’eau du fleuve elle aussi a bu ses rivages
et les macère au fond, dans le ciel. Les rues
sont pareilles aux femmes, elles mûrissent immobiles.

Il faudrait que chacun, à cette heure, s’arrête
dans la rue et regarde comment tout mûrit.
Il y a même une brise, qui n’ébranle pas les nuages,
mais suffit à diriger la fumée
bleuâtre, sans la rompre : saveur nouvelle qui passe.
Et le tabac doit être trempé dans du marc. Les femmes alors
ne seront plus les seules à jouir du matin.


/Traduit de l’italien par Gilles de Van
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