Proust est un écrivain simple. En aucun cas il ne cherche à dresser des obstacles devant le lecteur, en semant des énigmes à la Joyce, en fermant son objet sur lui-même à la Faulkner. Il use beaucoup de comparaisons, plus accessibles que les métaphores, pose des "pensa - t - il", enfin tout pour que le nageur soit à l'aise. Sa grande, sa très grande singularité, car ce que je viens d'énoncer pourrait décrire un simple conteur, est la forme des phrases. Des phrases souvent longues, sinueuses, aux frémissements de surface et aux vibrations profondes, aquatiques vraiment, comme on n'avait jamais vu dans la littérature française. Proust, a assoupli notre langue à un point inouï.