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Citation de santorin


Nous nous sommes allongés sur un tas de feuilles dans l'ombre mouchetée, très proches l'un de l'autre, nous touchant sans parler, le lac comme une feuille d'étain qu'on apercevait ici et là par des trouées entre les arbres, le temps arrêté, immobile dans le centre mort de midi. Sa tête reposait sur mon bras, son visage levé vers le mien, les yeux fermés, et j'avançai une main que je passai, les doigts écartés, à travers le désordre de ses cheveux.
Nous n'avions pas beaucoup parlé, parler était inutile. Il restait toujours mille détails que je voulais connaître à son sujet ; mais ça semblait très loin, des questions que je pourrais lui poser plus tard, une fois que nous serions sortis de ces eaux mortes et languides, une fois regagné le fil du temps. Ainsi étendu, je réfléchissais et j'essayais de me souvenir si c'était réel, ou seulement un rêve, cette image incroyable, fantastique : deux personnes supposées saines d'esprit ou, du moins, se conduisant généralement comme telles, qui s'avancent sans un mot, sans un signe, impavides, sans même se tenir la main ni murmurer, qui sortent tout droit de la maison et traversent la clairière en silence, en plein soleil, sans prières ni cajoleries de la part de l'une ou des deux, sans, de la part de l'autre, rien de cette fausse réticence vieille comme le monde, sans nécessité de communiquer, comme si toute l'affaire avait été prévue et discutée depuis des mois, et répétée, comme un grand mariage. Et quand nous étions arrivés à cet endroit, elle s'était arrêtée et s'était retournée. Rien de plus.
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