Est-il besoin de préciser que je n’envisage pas une seconde d’aller me coucher, malgré l’heure avancée ? Je sens ma respiration se bloquer et je m’efforce de souffler doucement tout en relisant le courriel dans son intégralité. Le message est court et direct : je viens de recevoir une évaluation avec la note de 5, éliminatoire, attribuée par un des membres du comité de « lecteurs avertis ». Ma participation s’arrête donc là.
Refusant encore d’accepter l’inévitable, j’ai besoin d’en savoir davantage et me connecte sur le site du concours pour prendre con-naissance de l’avis accompagnant ce « 5 » fatidique. Il est lapidaire : « Je n’ai pas accroché une seule seconde, je n’ai pas été fascinée, je n’ai pas été emportée ». OK, et… ? C’est tout ? On a le droit d’arrêter le parcours de quelqu’un comme ça, avec aussi peu d’explications ? Même les rares lecteurs « non avertis » qui ont pu me laisser, par le passé, des avis mitigés, développaient plus que cela leur argumentaire ! Madame n’a pas aimé, pourquoi, comment ? Parce qu’elle avait mal dormi, qu’elle avait trop bouffé ou n’avait pas… vous voyez quoi ! La colère remplace la tristesse, je vais contacter les organisateurs pour avoir quelques explications. Comment un « lecteur averti » qui, si ma mémoire est bonne, est un professionnel du monde des livres, peut-il se contenter d’un avis aussi bref et inconsistant ? Et surtout, comment un tel avis peut-il être pris en compte dans un concours et suffire à éliminer un participant ?
Je contacte aussitôt par courriel le site qui organise le concours. Je piaffe ensuite derrière mon écran, attendant la réponse, tout en me doutant qu’elle ne me parviendra pas cette nuit.