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Critiques de Charlotte Barat (1)
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Nicolas de Staël : Catalogue exposition Musée A..

(C'est grave mais il faut prendre ça à la légère, qu'est-ce que ça changera, il y a bien une vie derrière !..)



Il en a gros sur le patate le père De Stael. Façon de parler car on ne l'imagine pas en père Nicolas de Stael, mais comme un jeune homme égaré dans un monde non fait à sa mesure ; peut-être est-ce là la cause qui a fait qu'il a voulu embrasser la planète entière de son ambition d'artiste sans limites, comme s'il voulait s'en détacher à tout jamais : c'était lui et les autres et considérerait-il complaisamment à s'en rapprocher dès lors qu'il serait à sa botte comme une vengeance !.. Ce n'est jamais évident de naître en Russie en 1914. La révolution selon que vous êtes bien né, fils de général, va faire de vous un paria dans votre propre pays et seul l'exil prend forme d'espoir. Quelques années plus tard, le père (au sens propre), vice-gouverneur de la forteresse Pierre-et-Paul, est malade, et va mourir; la perspective de lutter auprès de la contre révolution s'éteint de fait : désormais le jeune De Stael avec ses deux soeurs est soumis à son destin, l'année suivante c'est la mère qui , ballotée au rythme des changements profonds qui s'abattent sur le pays, ajoutée à cela la grande guerre, protégeant sous son aile ses oisillons, va tomber malade et ainsi mourir. Nicolas est désormais orphelin de père et de mère. La famille avec la gouvernante s'est réfugiée alors en Pologne. Il va falloir pousser plus loin, si on ne veut pas se retrouver sous les décombres ! ..



Qu'on ne s'étonne pas ensuite si l'artiste qu'il sera, martelé au gré des épreuves et de ses inclinations contraires, trouvera toute sa vie un équilibre hasardeux : son expression s'en ressentira avec comme un chaos. Qu'on ne vienne pas ensuite comme on en a coutume parler de résilience ou de faiblesse d' âme. L'homme est face à son destin, l'artiste qui va tituber sur sa jeune fin comme un âne rétif que la vie a use prématurément, je veux bien comprendre qu'après il n'en a plus envie parfois et qu'il en arrive même à contrarier son entourage. Il confirmera sa perte d'inspiration et ses déboires de divers ordres par un saut de l'ange retentissant qui n'est pas sans me rappeler le Cri de Munch.



Une belle peinture de Nicolas de Stael est un chef d'oeuvre comme une belle femme sur laquelle je me retourne qui arbore un vêtement soigné, chic, épousant les formes de son corps voluptueux parce qu'elle sait qu'on la regarde et qu'elle est belle. Sa muse aurait pu être Kaja Kallas, entre sobriété et sensualité, provoquant ces vieilles noix de Bruxelles de son charme irradiant.



C'est d'autant plus paradoxal que le sujet de Nicolas de Stael fut la nature ; je pense que l'artiste a voulu aller plus loin que les expressionnistes, inscrire une forme de chaos dans son oeuvre, en prenant soin de se donner comme limite la beauté figurative (*). Mais là où je veux en venir, c'est qu'on voit entre autres son sujet poindre vers Morandi. Ces types là ont besoin de leurs mains sensuelles de pétrir l'argile, ocre, pour donner vie à la matière dans ce qu'elle a de plus noble et séduisant. Cette tonalité que rapporte De Stael transforme l'essai de Morandi, peintre d'intérieur, à l'extérieur même. Je pense que le maître italien se serait reconnu dans les paysages côtiers de de Stael, dans cette recherche harmonieuse d'ocres à la fois crémeux, onctueux, en liberté totale, presque festifs qui abordent la nature uniquement par la beauté où les formes sont ô combien lascives et pourtant à première vue n'en laissent point paraître. Leur réussite à eux deux, c'est d' être sortis des sentiers battus : ils ont ainsi marqué leur époque à la lisière du modernisme , peut-être l'ont-ils finalisé !



Ici une route qui ne mène nulle part, bordée de flamboyance, de fulgurances qui font illusion. La route sera plutôt courte ici en 1954 ..



(*) j'ai le sentiment que De Stael n'a jamais voulu enfreindre cette limite, un peu comme Matisse, sachant qu'il y a la femme au coeur de son sujet, et la femme non seulement on la respecte, ses formes intrinsèques sont divines.



(Billet dédié à D)



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