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Citation de Danieljean


L’assistance dans les derniers moments allait au-delà de la présence physique, l’amour du maître pour ses disciples ne se souciant guère des distances, mais communiquant directement d’esprit à esprit.
Parmi les lamas qui avaient fui le Tibet en même temps que Rimpoché, se trouvait Nyerpa Tracheu, l’économe du monastère. Sur ses vieux jours, il demeurait à Mirik, le corps diminué par la vieillesse, mais l’esprit toujours vif. Sentant que la mort approchait, il avait cependant une crainte : quitter ce monde alors que Rimpoché serait en voyage, ce qui, dans les années quatre-vingt, était relativement fréquent. Une fois parmi d’autres, Rimpoché partit en Asie du Sud-Est pour répondre à l’invitation de plusieurs centres bouddhistes. Cette fois-ci, curieusement, Nyerpa Tracheu ne sembla pas manifester d’inquiétude et c’est pourtant cette fois-ci que se produisit le grand départ. Tout le monde put alors comprendre que la réalisation de Nyerpa Tracheu était grande, car, malgré l’arrêt des fonctions vitales, son corps resta droit et sa peau resta souple, ce qui indique un état de méditation profonde au moment de la mort. Le monastère parvint à joindre Rimpoché, alors à Hongkong, par téléphone pour lui communiquer la nouvelle. On sait qu’il existe une technique particulière pour éjecter la -conscience hors du corps au moment de la mort, technique appelée powa, que le pratiquant peut appliquer pour lui-même, ou qui peut être mise en œuvre à son profit par un lama qualifié. Le plus souvent, le lama se tient en présence du corps, mais il peut aussi effectuer powa à distance. C’est ce que fit Rimpoché et, au moment même où il pratiqua powa à Hongkong, la tête de Nyerpa Tracheu s’affaissa à Mirik, signe que sa méditation était terminée et que sa conscience avait été guidée dans les champs purs. On peut supposer que Nyerpa Tracheu possédait la capacité d’effectuer lui-même l’éjection de la conscience, mais, dans son immense dévotion, il voulait que la chaleur d’amour de son maître tant vénéré soit son seul guide dans l’autre monde.
On peut voir là un signe à la fois de la grandeur de l’esprit de Rimpoché, de la présence infaillible de sa bonté, pour laquelle la distance semble ne pas exister, et de la puissance du lien pur entre maître et disciple, lien plus fort que la mort.
(Pages 27-28)
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