Chloé Chevalier

Perdu dans mes réflexions, je cheminais le long des arcades quand j'ai dérange sans le vouloir un gros chat qui faisait sa toilette derrière un pilier torsadé. L'animal a feulé doucement puis s'est éloigné d'un petit trot fluide et je l'ai suivi. C'était un vieux matou gris, avec une oreille déchiquetée et l'air un peu usé de qui s'est trop bagarré, mais une bête solide. Voyant que je me trouvais toujours derrière lui, le chat a avisé la falaise d'en face et s'est préparé à sauter. Cela représentait un bond immense, près de cinq ou six coudées, et la mer grondait, sombre, à une distance vertigineuse en contrebas. Il a tortillé un moment des reins puis s'est élancé au-dessus du vide. J'ai retenu mon souffle. Le chat a atterri souplement de l'autre côté, m'a jeté un regard hautain comme seuls les êtres de sonn espèce savent le faire, et s'est éloigné la queue haute.

J'espère que je parviendrai de l'autre côté de propre gouffre avec autant d'aisance.