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Citation de VincentGloeckler


Gilles se montre dans l’étendue de sa démission, mais il jure de penser l’humiliation qu’il inflige aux siens. Il le jure à l’entité qu’ils forment tous trois, reliés par leur pelote de ficelle, chacun harnaché aux deux autres, étrange marionnette à trois têtes. Il jure qu’il sera intraitable pour le reste de sa vie, qu’il sera sans pitié, qu’il s’essuiera les pieds sur les corps des faibles, qu’il sera traître à tous les partages, à toutes les douceurs. Il promet d’être un winner sur tout champ de bataille où on ne risque pas de prendre une patate dans le nez. Il promet de perfectionner ses armes euphémisées, toutes celles qui sont à sa portée et ne sont pas interdites par la loi, ou si peu punies. Il utilisera l’uniforme en vigueur dans ce corps d’armée-là, corps civil de la classe moyenne, celui du type cool, sourire scotché à la lèvre, grand rire au bord d’exploser, noceur gai, toujours prêt à participer aux derniers plans à la mode, amateur de jazz alternatif, vacancier sportif arpentant de son pas équipé les contrées chaudes où, loin des sentiers touristiques et des circuits trois étoiles choisis sur catalogue, on meurt de misère. Il sera un tueur, un vrai, mais jamais il ne touchera directement aux corps. Il va mener une guerre sans parade. Marceau prend acte. Quelque chose cependant dans son cœur s’effondre. La gloriole qui commençait à s’y épanouir comme un arbre à fruits se racornit et s’assèche. Polytechnique lui fait goodbye du bout de l’épée. Saint-Cyr lui tourne le dos. Le bruit des bottes se fait sourd et les bêtes à concours s’éloignent avec un dandinement hautain : regarde bien nos culs parce que c’est tout ce que tu verras.
(pp.24-25)
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