Christophe Arleston

Le Danthrakon est le plus fabuleux des grimoires du monde d’Alunynn. Et de tous les autres d’ailleurs : nulle part l’histoire de la magie ne fait mention d’un ouvrage aussi puissant, aussi… particulier. Il est rédigé dans un alphabet indéchiffrable pour le commun des mortels, pour la plupart des mages, et même pour quelques immortels. Rares sont ceux que ce grimoire maléfique a conduits sur la voie de la sagesse. Car le Danthrakon ne se contente pas d’être un recueil de sortilèges, d’enchantements, d’invocations nécromantiques, de recettes de cuisine illustrées de terrifiants pentacles…, c’est avant tout un être vivant, animé d’une volonté propre et d’un caractère compliqué. Il peut se comporter comme un parasite infectant ses lecteurs : personne n’a oublié l’aventure du jeune Nuwan, possédé par le grimoire. Il peut aussi agir de lui-même, aider, maudire ou simplement bouder. La seule certitude à son sujet est qu’il est sensible à la beauté, à l’art. en présence d’un ou d’une virtuose, il exulte et se laisse aller à sa vraie nature. Tour à tour charmeur ou terrifiant, il a été rédigé il y a bien des siècles par le très sage Tinpuz, mage philosophe d’une espèce ayant depuis choisi une autre voie., mais ses multiples pérégrinations, de propriétaire en propriétaire, ont affiné son tempérament comme on affine un vieux fromage insolite : il réserve toujours des surprises, et parfois, ça pue. Eh bien, il n’en existe qu’un exemplaire : tous les copistes qui ont tenté de le reproduire sont devenus fous. C’est son histoire, et les étonnantes aventures survenues à ceux qui l’ont eu entre les mains, que nous racontons ici…