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Citation de lolitajamesdawson


La voix robotisée de la chef de cabine… Les gestes mécaniques des hôtesses en pleine démonstration de sécurité. Des souvenirs flous. Étranges. Nous sommes comme extérieurs à nous-mêmes. Hier soir nous étions encore à la maison, deux jeunes mariés insouciants. Demain, nous serons deux papas, au bout du monde.

Ce moment qu'on attend depuis si longtemps… qu'on imagine… qu'on rêve… qu'on idéalise peut-être ? Va-t-on entendre son premier cri ? Serons-nous les premiers visages qu'il apercevra ? Serons-nous les premières peaux qu'il touchera ? Serons-nous les premiers bras qui le porteront ? Valentin… mon bébé… Je me répète comme un mantra : « un peu de patience, Valentin… attends-nous… Tes papas arrivent, promis ! »

Mais, vous savez, un enfant n'a qu'un seul désir dans la vie : faire plaisir à ses parents. Et surtout ne pas les inquiéter. Alors il faut camoufler. Une grimace, une farce, une cabrioles. Et hop ! Tout est oublié. Le visage du clown rassure.

Mais de retour à la maison, au fond de ma chambre et sous ma couette, quand je suis sûre que ma maman ne peut pas m'entendre, les larmes coulent. Ce terrible sentiment d'être « anormal » alors qu'on rêverait simplement être conforme à ce que la société voudrait.

C'est tellement dur à affronter lorsque vous recevez cette gifle en pleine figure… ce message qui signifie au fond : tu es différent donc on ne veut pas de toi dans notre monde. Ce rejet terrifiant, alors que nous sommes tous des animaux sociaux qui n'avons qu'une seule envie : aller vers l'autre et se rassembler.

Ça fait longtemps que je veux me confier. Ce que j'ai sur le cœur, dans les tripes, je n'ai jamais osé le dire à personne. Mon secret, je le garde pour moi seul ! Mes rêves et mes fantasmes restent enfermé à double tour dans ma petite tête de grand ados décalé. Mais j'ai besoin que ça sorte. Comment réussir à garder pour soi ce qui est en train de construire son identité ? Partager cette solitude face à une vie qu'on a peur de ne pas pouvoir assumer au grand jour. Alors on se parle à soi-même, on essaye de se raisonner. On se dit… je vais faire comme tout le monde, je vais me marier, je vais avoir des enfants. Et puis on est déchiré, car on sait au plus profond de soi que ce n'est pas ce qu'on veut.

J'étais le fils. Je deviens l'homme. Et bientôt, je deviendrai le père. Je le sais, au plus profond de moi. Un jour, un petit bébé m'appellera papa. Un jour, dans les yeux d'un tout-petit, je deviendrais à mon tour le colosse barbu et inébranlable que j'admirais temps. L'épaule solide sur laquelle il pourra se reposer. Un jour, je lui dirais « je t'aime, mon fils ». Et il me répondra « je t'aime, papa ».

Comment comprendre les malfaisants qui honnissent deux papa ? Soi-disant la tendresse et l'amour ne pourraient venir que d'une femme et de son hypothétique instinct maternel ? Quelle tristesse de ranger les hommes dans cette case si étriqué du « papa qui représente l'autorité et qui va au travail ». Une vision finalement proche de celle de l'homme de Cro-Magnon qui quittait sa progéniture pour aller chasser en peau de bête loin de sa caverne. Rassurez-vous, mesdames messieurs, on a grandement évolué depuis ! Maman travaille et papa sait faire des câlins et changer les couches !

Quel étrange été. Celui de rêves qui se réalisent et d'autres qui se brisent. Celui de l'avenir qui nous tend les bras et celui du passé qui nous envoie ses piques de regrets et de nostalgie. Le bonheur enfui, celui qui reste à venir. Ça doit être ça qu'on appelle la vie.

Je sais qu'en ce moment même, à quelques milliers de kilomètres, un petit cœur bat dans un minuscule haricot. Notre fille ou notre fils, nous l'aimons déjà temps.

La mémoire intra-utérine, ça vous dit quelque chose ? J'ai beaucoup lu à ce sujet, ça me passionne ! Toutes les informations que le fœtus enregistre, l'environnement dans lequel il évolue, cette empreinte que cela laisse pour son futur. Les voix, la musique, les odeurs, on estime qu'à partir de douze semaines il est capable de ressentir tout cela, alors qu'il baigne paisiblement dans sa vie prénatale. Certains psychologues expliquent même l'importance de parler à son bébé, de tout lui dire. Les neurones ne sont pas encore suffisamment développés pour « penser » et raisonner comme le fera plus tard l'enfant. Mais le « ressenti émotionnel » est bien là. Et les mots peuvent déjà guérir bien des maux.

Alors on consulte les sites de prénoms sur Internet, on fouille les dates du calendrier. Et impossible de trouver le bon coup de cœur. Je ne parviens plus à me souvenir du moment où Valentin est sorti du chapeau. Sans doute le hasard, au gré d'une recherche. D'emblée, nous sommes séduits. Quel symbole magnifique ! Le prénom de l'amour. Et ce bébé sera vraiment un enfant de l'amour. Un petit Valentin tellement désiré qui nous a donné la force de déplacer des montagnes !

Qu'il est doux et rassurant de voir que l'amour peut aussi entraîner de l'amour ! Une façon toute simple de faire avancer les mentalités, finalement. Vivre tous ensemble, avec nos différences, et s'accepter tous tels que nous sommes.

D'ailleurs, la façon dont mon ami Laurent Ruquier me met en boîte aux « Gosses Têtes » en se moquant gentiment de mes nouvelles préoccupations de papa contribue aussi à normaliser les choses. L'autodérision, l'humour, noir parfois. Se moquer de soi et de tous, n'est-ce pas à la meilleure façon au fond d'intégrer tout le monde ?

Je baisse un peu la musique et me dit que je vis enfin le rêve que je chérissais  depuis mon plus jeune âge. La famille ! Construire ma famille à moi. La seule chose qui compte vraiment dans l'existence.

Un nouveau petit bonhomme dans la famille.  C'est immuable recommencement. Ces générations qui se croisent. Les grands-mères et les grands-tantes qui tirent le révérence, petit à petit, tandis que les bébés font ressurgir la vie, c'est le cycle éternel.

Un petit bout d'homme qui unit une famille et que l'on va guider sur le chemin tortueux de la vie. La prunelle de nos yeux. Notre héritier. Notre fils. Un fils à papa(s).

Nous sommes convaincu avec Ghislain qu'un exemple de joie et d'épanouissement recèle en une image, une simple photo, la force de faire bouger les mentalités. Ton bonheur, celui de notre famille, nous le montrons donc à tous. Non, pour vivre heureux, nous n'avons pas à vivre cachés. Au diable c'est injonction à la discrétion ! Notre bonheur avec toi nous le vivons au grand jour et nous le partageons avec tous les Français qui ont l'esprit suffisamment ouvert pour ne pas en faire un scandale. Valentin, notre histoire ne fait que commencer, et fais-nous confiance, nous serons toujours là pour toi. Tes papas. Christophe et Ghislain.

Et enfin, merci à tous ceux qui me suivent depuis si longtemps et qui me soutiennent. Tous ces anonymes qui prennent quelques minutes de leur temps pour m'envoyer des messages bienveillants et chaleureux qui me prouvent à quel point il est vertueux de partager l'image de notre famille. Si vous saviez à quel point ça me touche ! Continuons ensemble à faire bouger les choses.
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