A partir du tableau de Théodore Géricault, Portrait d'Alfred et Elisabeth Dedreux, Christophe Martin s'interroge sur l'éducation au 18e siècle et sur la conception de l'enfant. On a surtout retenu aujourd'hui la vision rousseuiste de ce moment de l'existence, mais il y a aussi une face plus sombre dans cette fascination pour l'enfance à l'époque des Lumières. Suite aux thèses empiristes de Locke, l'enfant apparaît comme un "être originel" que certains voudraient retrouver par le biais d'expériences pédagogiques d'isolement. Ce sont les textes présentant ce schéma que Christophe Martin analysera, en les classant en trois catégories, en fonction de la finalité de l'enfermement de l'enfant: vertueux, heuristique ou érotique. Par la lecture et l'analyse, il en arrivera à rapprocher ces trois catégories et à montrer qu'elles sont assez poreuses, d'un texte à l'autre.
La source principale utilisée est l'Emile de Rousseau, qui correspond à la première catégorie (l'enfant est isolé afin d'être éduqué loin du vice et du monde corrompu) : ce texte sert à la fois à éclairer les autres textes étudiés et à être rétrospectivement rééclairé et relu par ces mêmes textes. Christophe Martin adoptant un style très clair et pédagogique, il n'est pas nécessaire d'avoir lu les textes présentés, mais j'ai personnellement regretté de ne pas avoir lu l'Emile auparavant, afin de pouvoir confronter mes impressions à celles développées par l'auteur.
C'est un essai extrêmement intéressant (pour peu que l'on s'intéresse au sujet, ce qui ne doit pas être très courant, il est vrai...), qui aborde une facette moins connue de l'éducation au 18e siècle.
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