Il avait déjà entendu cet échange des dizaines de fois, à cette même table ou ailleurs, depuis que le mouvement social qui agitait le pays avait débuté, plusieurs semaines auparavant. Les mêmes personnes échangeant les mêmes arguments, encore et encore. Savoir si la fermeture des écoles et le blocage des gares ou des péages d’autoroute étaient judicieux. C’est une prise en otages, disaient les uns ; c’est le seul moyen de pression des manifestants, répondaient les autres.
Quant à savoir pourquoi des centaines de milliers de personnes, qui dépensaient chaque mois la totalité de leur salaire pour se nourrir et se loger, étaient prêtes à renoncer à plusieurs jours de paye pour défiler dans la rue, ça, ça ne semblait pas intéresser ses collègues.