Le Tanka est une forme de la poésie traditionnelle waka (和歌 ) et est plus ancien que le haïku, dont il peut être considéré comme l'ancêtre...
Ono no Komachi fut une des rares femmes s'essayant au "tanka". Elle fut choisie parmi les 6 génies de la poésie et les 36 grands poètes. D'une rare beauté, elle est devenue le symbole de la belle femme au Japon (bijin).
La jolie Chrystèle Goncalves jongle avec les mots et s'attache à faire naître, en nous, de bouleversantes émotions. J'aurais adoré que cette poétesse me murmure à l'oreille, ces poèmes:
"Un oreiller rouge
Où étouffer mes sanglots
d'épines de rose
revêtant un voile doux
sur les gouffres de mon coeur."
Le rythme donné par l’agencement des sons est aussi primordial que l’usage des sens, le toucher, le goût et l’odorat, prisés par les japonais et l'impératrice Michoko.
"Le corps en étoile
yeux suspendus aux nuages
berceuse marine
planche courbe ballotée
réunissant mer et ciel."
Le tanka permet l'expression des sentiments les plus intenses, avec une musicalité, une légèreté et une retenue qui confèrent à ces poèmes une beauté lumineuse.
"Avant de partir
le baiser que tu me donnes
a un goût de rose
mes pétales se déchirent
aux épines de l'absence."
Et merci belle Chrystèle pour cette sublime dédicace, que je garde dans mon coeur, chère amie Babeliote!
"Bruissement de soie
lorsque tu casses les fils
de ma tenue d'aube
des ailes de papillons
électrisent mon bas ventre."
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Pour résumer en quelques mots ce très beau recueil „À l’errance de mes hanches” de Chrystèle Goncalves: de la poésie sensuelle à savourer lentement.
Ces poèmes sont inspirés de l’une des formes de poésie japonaise traditionnelle des plus anciennes : les tankas, qui ont une structure bien précise : un tercet de 17 mores et un distique de 14 mores. Le tanka est l’ancêtre du haïku (dont on peut dire qu’il représente la première partie du tankas, c’est-à-dire le tercet de 17 mores avec une structure 5-7-5). La plupart des tankas, tous écrits en francais tiennent cette structure au début (les syllabes remplaçant les mores japonais), et au fur et à mesure l’auteure joue avec celle-ci, intervertit le distique et le tercet ou ne tient pas toujours compte à 100% du nombre de syllabes, des poèmes pouvant avoir aussi 6 vers.. Parfois elle additionne à un tanka un haïku, et en somme elle prend plus de libertés, ce qui donne finalement un peu plus de variétés au tout. Enfin, ce recueil se termine par un renga, écrit à quatre mains, dans la plus pure tradition japonaise (deux auteurs écrivent mutuellement une suite de 18 tankas se répondant l’un à l’autre).
Maintenant que je vous ai parlé de la structure, venons en au thème principal de tout ce recueil : l’Amour et tous ses visages, ses natures, des premiers regards, le désir amoureux, la passion pleine d’évocations, parfois érotiques (sans jamais être vulgaire – ce qui est un petit tour de force de la part de l’auteure), la jalousie, l’absence de l’autre et le manque, tout ce qui fait le sel et le poivre de ce grand sentiment , muse des poètes et poétesses que l’on nomme l’Amour avec un grand A. Sur la plage, face à l’étendue marine, ou dans un cadre bucolique, tous les sens sont de la partie, les poèmes sont très suggestifs et pleins de charme.
Seul petit bémol, ce n’est pas un recueil pour les dévoreurs de pages, chaque tanka se lit doucement et il faut savoir prendre le temps d’apprécier ces quelques mots écrits avec toutes leurs couleurs (cette forme de poèmes étant très courte, il serait très facile de s’y noyer et de perdre toute la richesse des sentiments évoqués, et leurs nuances qui pourraient nous échapper parfois). J’ai donc lu tout ce recueil avec parcimonie, quelques poèmes à la fois chaque jour (en général pas plus de quatre), pour en profiter au maximum.
J’aimerais finir par un petit extrait :
"Mon corps chargé d’ondes
De tes cercles dans l’écume
Tes doux ricochets
Tes longs doigts fouillent dans le sable
Et ouvrent le coquillage"
À découvrir !
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