Claire Auzias

Il est inutile de penser s'attirer beaucoup d'empathie en parlant favorablement de ce livre , dois-je confesser que je m'en fous ?

Est-il besoin de rappeler combien ont été ( et le sont encore) malmenés et ostracisés les gitans autrement nommés tziganes , roms , gens du voyage , voleurs de poules , rapteurs d'enfants etc....

Peu de gens ont exprimé leur estime envers ce peuple autant que Federico Garcia Lorca qui les trouvait supérieurs en noblesse à l'aristocratie espagnole : " Ce peuple qui garde la braise , le sang et l'alphabet de la vérité andalouse et universelle " . Claire Auzias , est en osmose avec Lorca dans ce livre et dans d'autres qu'elle a écrits à propos des Roms , et l'on comprend aisément qu'étant écrivain libertaire elle se retrouve dans leur amour de la liberté , leur mépris des contraintes et des conventions sociales .

Il est assez constant dans l'histoire que les gitans soient méprisés de presque tous et sous différents systèmes ( nazisme , communisme et même " démocraties " ) . Il est pourtant parmi eux des grands noms : Django Reinhardt , Joaquin Cortés ( ambassadeur des roms auprès de l'UE ) , Livia Jaroka ( hongroise et députée européenne ) , Victoria Mohacsi ( tout aussi hongroise et députée européenne ) , Luminita Cioabat ( écrivain roumain ) , Georges Cziffra , Yul Brynner , Michael Caine , Jean Constantin , Tony Gatlif , Bob Hoskins , Serge Poliakoff , Eric Cantona etc....

Dans l'ensemble des pays de l'Est , en Turquie et probablement ailleurs malgré le mépris qu'on leur manifestait amplement , peu de mariages , de fêtes , sans que la musique d'animation ne leur soit confiée .

Est-il utile de rappeler le sort des tziganes dans le système concentrationnaire nazi , qu'une loi dénoncée à l'ONU et partiellement abrogée en 2012 vota la suppression du carnet de circulation pour les gens du voyage , et que bien des municipalités alors que la loi les y incite refuse de mettre en place des aires de stationnement à leur usage ?

Certes , leurs coutumes différent des nôtres , leurs traditions nous semblent étranges , leur appétit envers les hérissons nous décontenance , certes certains d'entre eux

pillavent ( boivent ) , tchouravent ( volent ) mais sont-ils les seuls ?

Puisse ce livre de Claire Auzias lever dans nos esprits bien des idées reçues péjoratives .

Voilà un ouvrage de fort belle facture et très agréable à parcourir, proposant une manière autre de se promener dans Paris et avec d'autres points de repère que ceux auxquels l'on est généralement habitué.

Le principal regret viendra du fait qu'il semble bien que ce qui est talentueusement exposé ici, fasse désormais partie du passé. Tout le monde sait fort bien que la catégorie de personnages évoqués ici a été, littéralement, chassée de Paris; tous ces esprits peu conciliants avec les formes diverses de la domination ont été, fort efficacement, incités à porter leurs pénates en d'autres lieux.

Mieux encore, le dressage marchand organisé de la jeunesse a déployé toutes ses forces pour éviter l'émergence d'aussi mauvais "citoyens". Le touriste peut donc désormais baguenauder (trainer son ennui) tranquillement et enrichir le commerce local. Plus généralement ce sont les pauvres qui ont été chassés de Paris et priés de s'entasser ailleurs (les odeurs, disait l'autre). Qui sait à qui peuvent bien appartenir maintenant tous ces immeubles parisiens devenus si "tranquilles" ?

Le style de Claire Auzias et de ses co-auteurs, pour ces balades en un Paris autre, est très plaisant : on sent chez eux la parenté avec toutes les mauvaises têtes évoquées ici. Qui ne s'en laissaient pas conter ...

En Vingt Arrondissements, imagé par Golo.

Cet ouvrage collectif est singulier de par sa forme et par son résultat. Il faut dire que l'intention de l'éditeur était fort originale : offrir à un militant connu dans le mouvement libertaire international, (toujours bien vivant !), un recueil de textes, collection de témoignages des gens qui le connaissent et/ou ont l'eu de travailler avec lui. Le résultat est un peu décousu, tant les thèmes d'écriture choisis sont variés; Il est probable que certains trouveront des textes un peu rébarbatifs et d'autres plus ouverts à la lecture. Il est évident aussi que, bien qu'il ne s'agisse pas du tout d'une édition privée, le fait de connaître (au moins un peu, ce qui est mon cas) Ronald Creagh, aide à apprécier le travail et à comprendre sa diversité. Plusieurs contributions, comme celle de Daniel Colson, "l'anarchisme et les faits religieux", "le monde qui vient" de Pierre Sommermeyer ou l'ébauche de biographie de Gustave Brocher, réalisée par Marianne Enckell, dépassent largement le cadre d'un simple hommage et sont des textes, théoriques ou historiques, passionnants. Bref, j'espère que ce livre un peu singulier trouvera son lectorat. Il est passionnant de voir que sont encore édités des ouvrages qui s'écartent des sentiers battus !

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