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Citation de MorganeJollivet


Je fais ce que je peux mon Amour, je la pousse à bout mon imagination, bientôt mes lettres vont former des dessins et ce sont des chardons qui sortiront de ma bouche, à force de tournicoter mes pensées dans ma salive, à force de ruminer les horreurs que je pense des vivants. Quant à ma tête, oh celle-là, qui s'emballe. Dans le métro elle cavale, pendant que les jeunes comparent à haute voix leurs nouveaux emplois du temps, détestent leurs professeurs et ont philo, parce qu'ils ont philo, ceux qui parlent fort. Ils ont philo ou bac ou prépa. On dirait que c'est quelque chose de superbe d'avoir philo, ça m'énerve parce que quand j'avais philo, ça me mettait déjà hors de moi que les élèves de ma classe en parlent. Je matais les vieux de la rame, alors je n'aimais pas faire savoir que j'étais en terminale. Je mate toujours les vieux du wagon: j'en prends dix et je me demande. Lequel. Et si c'était obligé de choisir. Et s'il fallait en sucer un. En embrasser un. En branler un. En aimer un. Et c'est affreux, parce qu'ils sont affreux les vieux du métro, qui suent, qui lisent, leur doigt boudiné dans l'alliance, leur ventre rebondi au-dessus de la ceinture, leur bouche encore pâteuse du rouge de midi, leur journal bien repassé, leur gros cartable, leur petite queue coincée là, qui a un peu envie de faire pipi, ou qui vient de faire, ou qui gratte. Je les regarde et l'angoisse vient.
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