Claude Chambert

Morose, je laisse mes yeux se promener sur la Suzanne. Elle est belle. Cré bon diou, qu’elle est belle ! Ses cheveux sont aussi noirs, longs et brillants que sa bouche est rouge et charnue. Des cerises mûres… et j’aime les cerises.
Elle a fait fort, la Suzanne. Je suis sûr que c’est rien que pour le Roger. Elle porte un maillot de bain comme je n’ai jamais vu. Ça s’appelle un « deux-pièces », il paraît. Il laisse voir plein de choses d’elle et je remarque que, si son visage, ses bras et ses jambes sont tout dorés, ses cuisses, son ventre et son dos sont tout blanc. Je n’aime pas quand les mains ou le regard du Roger se posent sur ce blanc.
Il faut dire qu’elle est drôlement bien roulée, la Suzanne. Elle a une poitrine… faut voir ! Quand il fait bien chaud, elle n’est pas trop couverte et on voit le haut de ses seins et le creux entre les deux… J’aime bien y reposer ma tête, comme le jour des p’tits pois. C’est doux et ferme et ça sent si bon.
Je sais que je suis amoureux d’elle mais pas seulement parce qu’elle est belle. J’aime bien la regarder mais ce que j’aime le plus, c’est sentir passer sa tendresse et c’est ce que je veux d’elle maintenant, parce que ça me manque tellement. Le problème, c’est qu’elle a vingt ans et s’il faut que j’attende d’en avoir autant pour me déclarer, quel âge, elle aura, elle ?