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Citation de Tandarica


Se poser la question de l’écriture pour avancer dans celle de l’espace ! Non seulement à cause des rencontres, mais parce qu’il s’agit de ça, fabriquer du destin avec des figures, écrire sur le monde avec des mots qui sont dessins, ou avec des dessins qui font des mots sur la terre, comme les idéogrammes et les caractères gravés sur les flancs de l’Himalaya – Om Mani Padme Hum – ou de manière impalpable, quand il arrive que la maison soit d’emblée une maison d’écriture, un choix d’être là avec la mémoire du lieu, celle d’avoir était l’abri d’un pêcheur devenu personnage de roman dans un livre de Pierre Loti, un balcon, une fois de plus, sur l’anse qui mène à Paimpol, sur le présent douceâtre mais aussi sur le temps d’une violence des départs vers les pêches lointaines et le risque d’en mourir. Le contraire de la maison de l’Estaque, un respect scrupuleux de l’héritage vernaculaire, avec les chambres encore intactes et la vie d’un exilé volontaire dans un paysage, un autre écrivain, taraudé par le besoin de construire la situation de l’écriture, la possibilité de l’écriture, la chance que l’écriture advienne, sans garantie sinon la certitude que ça passait par une « maison », devant une étendue marine, et par l’occasion permanente d’y naviguer pour apaiser les tensions de l’écriture. On a souvent connu cette maison, après avoir remonté la rue depuis la calanque des ostréiculteurs, pour y boire et parler entre la mer et une table de travail, en appréciant l’installation modeste et pourtant décisive pour assumer une vie entièrement vouée à être écrite, afin qu’elle soit offerte à la venue partagée d’un monde, du savoir qu’on en a eu, de la douleur de ce savoir et de ce qu’on peut tristement en dire. C’est ainsi, on aura mieux compris, avec des textes littéraires et des « hommes de lettres », de quoi il s'agissait pour y être, dans ce putain de monde, avec cette putain d’obligation d’être avec d’autres, sommé de trouver un emplacement pour gêner la vie et ne pas la gêner, conduit à laisser des traces pour assurer le passage de relais incertains, des formes sur le territoire, des géométries du souvenir laissées par soi sur le sol de l’existence, sur un morceau de terre, devant la mer ou une page blanche. Mais ça n’explique pas grand-chose.

(pp. 29-31)
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