Voix dans le chaos choral
Tel l'amandier qui mesure et médite le lent mûrissement de la mémoire (tout poète abrite l'âme d'un arbre) l'avancée de la noire amertume l'élan repris aux passions provisoires - ta force de refus ô terre antique ! -le cœur à l'écoute du chant que prête le temps à l'homme en quête d'origines: tel je vous imagine - vous - pur guetteur de notre périssable éternité.
Collines ocres et haute solitude
à peine altière où composer sceller
comme le peintre appose le visage
des donateurs douleur et plénitude - humer
l'offrande douce des servantes
riant d'herber les draps - odeur des simples
autrefois - enfant né aux vieilles rives -
fenêtre ouverte sur les perspectives
du passé d'où renaissent - ombre et lumière
à la fois - verbe et silence - l'autre et soi.
Veilleur et rassembleur de nos fragments
perdus dispersés usés par le fleuve
détruits par les guerres - et ne s'en émeuvent
guère les
Dieux ! - sous des cieux aux segments
portés par d'étincelantes ténèbres
selon la lente exaltation des astres
L'âme des choses à votre voix se lève
sur l'aire de l'âge et de nos désastres
- flamme pure dans la nuit de
FErôbe -
et nous parle au cœur du chaos choral.