Il ne faut pas te leurrer
À Carlos Clementson
Tu sais que c’est inutile,
il ne faut pas te leurrer.
Aussi loin que tu ailles
jamais tu ne seras allé loin.
Tu pourras aller et venir
par les cieux et les mers :
Denver, Valparaiso,
les cabanes lépreuses
de Dharbang, l’automne
dans les érables de l’Ontario,
les nuits guaranis,
bleutées et musicales,
les filles des îles,
leurs chœurs ondulants,
leurs seins innocents,
leurs guirlandes souriantes
de bienvenue... Mais
tu sais que la fuite
ne sera jamais véritable,
partout où tu iras
tu retrouveras toujours
cette même tristesse.
Car là où tu seras allé
là tu te retrouveras
19 -XII- 87
//Miguel D’ors (1946 -)
/ Traduit de l’espagnol par Claude de Frayssinet