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Citation de genou


« Quoi ? qu’est-ce ? dit-il. Pourquoi empêche-t-on cet enfant de parler ? Pourquoi l’empêche-t-on de remuer ?

Madame Dérigny : — Vous dormiez, général ; j’avais peur qu’il ne vous éveillât.

Le Général : — Et quand je me serais éveillé, quel mal aurais-je ressenti ? On me prend donc pour un tigre, pour un ogre ? J’ai beau me faire doux comme un agneau, vous êtes tous frémissants et tremblants. Craindre quoi ? Suis-je un monstre, un diable ? »

Mme Dérigny regarda en souriant le général, dont les yeux brillaient d’une colère mal contenue :

Madame Dérigny : — Mon bon général, il est bien juste que nous vous tourmentions le moins possible, que nous respections votre sommeil.

Le Général : — Laissez donc ! je ne veux pas de tout cela, moi. Jacques, pourquoi empêchais-tu ton frère de parler ?

Jacques : — Général, parce que j’avais peur que vous ne vous missiez en colère. Paul est petit, il a peur quand vous vous fâchez ; il oublie alors que vous êtes bon ; et, comme en voiture il ne peut pas se sauver ou se cacher, il me fait trop pitié. »

Le général devenait fort rouge ; ses veines se gonflaient, ses yeux brillaient ; Mme Dérigny s’attendait à une explosion terrible, lorsque Paul, qui le regardait avec inquiétude, lui dit en joignant les mains :

« Monsieur le général, je vous en prie, ne soyez pas rouge, ne mettez pas de flammes dans vos yeux : ça fait si peur ! C’est que c’est très dangereux, un homme en colère : il crie, il bat, il jure. Vous vous rappelez quand vous avez tant battu Torchonnet ? Après, vous étiez bien honteux. Voulez-vous qu’on vous donne quelque chose pour vous amuser ? Une tranche de jambon, ou un pâté, ou du malaga ? Papa en a plein les poches du siège. »

À mesure que Paul parlait, le général redevenait calme ; il finit par sourire et même par rire de bon cœur. Il prit Paul, l’embrassa, lui passa amicalement la main sur la tête. « Pauvre petit ! c’est qu’il a raison. Oui, mon ami, tu dis vrai ; je ne veux plus me mettre en colère : c’est trop vilain.

— Que je suis content ! s’écria Paul. Est-ce pour tout de bon ce que vous dites ? Il ne faudra donc plus avoir peur de vous ! On pourra rire, causer, remuer les jambes ?

Le Général : — Oui, mon garçon ; mais quand tu m’ennuieras trop, tu iras sur le siège avec ton papa.

Paul : — Merci, général ; c’est très bon à vous de dire cela. Je n’ai plus peur du tout.
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