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Critiques de Constance Bulwer-Lytton (4)
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Prisons et prisonnières

A priori rien ne prédisposait Lady Constance Bulwer-Lytton, petite-fille d'un poète anobli et fille d'un vice-roi des Indes, à devenir une suffragette militante du droit de vote des femmes. En effet en tant que vieille fille vivant à la campagne Constance pouvait sembler très éloignée de ces suffragettes anglaises et américaines, souvent issues de milieux modestes, qui demandaient un droit de vote équivalent à celui des hommes, donc une certaine égalité des sexes.



Pourtant contre toute attente, cette femme au physique si particulier (elle est très grande) et aux idées généreuses, face à l'immobilisme des hommes politiques, va s'engager dans la lutte aux côtés de leaders charismatiques, telles que Madame Pankhurst et ses filles, de toutes ses forces. Elle est alors plusieurs fois arrêtée et enfermée avec ses camarades dans la prison d'Holloway de sinistre réputation.



Mais Constance est une idéaliste et sa lutte pour l'égalité dépasse ce que les suffragettes réclament. Ainsi lorsque qu'elle réalise que son origine aristocratique lui confère des privilèges inaccessibles aux autres prisonnières elle va lors d'une nouvelle incarcération jusqu'à se déguiser et utiliser un pseudonyme pour dénoncer un système carcéral inique et cruel. Surtout quand celui-ci conduit à nourrir de force les femmes qui comme elle font la grève de la faim pour défendre leur cause.



Non sans avoir gagné au moins sur ce point, désormais les femmes grévistes de la faim sont relâchées, Constance enfin libre, déjà d'une santé fragile, se remet difficilement de ces traitements barbares et d'une attaque qui la laisse par la suite paralysée du côté droit. C'est donc de la main gauche que cette femme exceptionnelle, témoin essentiel dans l'histoire des suffragettes, rédigea ces mémoires qui attestent du dur combat livré par des femmes pour obtenir un droit depuis longtemps détenu par les hommes.

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Prisons et prisonnières

C'est en 1908 que Constance Lytton fait la connaissance de Pethick Lawrence et Annie Kenney, deux suffragettes, impliquées dans la lutte des femmes pour le droit de vote. D'abord curieuse, Constance s'intéresse au mouvement et surtout à celles ayant été incarcérées. Convaincue de la justesse de la cause, elle se propose de participer à une deputation (délégation) dès janvier 1909, pour réclamer ce droit de vote. C'est lors de cette participation qu'elle fait l'amère expérience du traitement reservé aux manifestantes, toutes au caractère bien trempé, qui apostrophent les hommes politiques de façon polie mais critique. Arrêtée avec d'autres consoeurs, elle fait sa première expérience à la prison d'Holloway, mais, atteinte de fragilité cardiaque, elle passe la majeure partie à l'hôpital. Un fait qui ne la satisfait nullement puisque la jeune femme souhaitait connaître les conditions carcérales des prisonnières pour mieux les dénoncer et proposer des ameliorations pour les femmes emprisonnées. de son arrestation et séjours en prison, Constance fait état de ses observations, scindant intelligemment les individus, policiers, gardiennes de prison, medecins, pour lesquels elle éprouve du respect et quelque fois de l'amitié, des institutions, en autre la justice, et les méthodes et traitements inhumains dans la prison. D'autres manifestations avec jets de pierre sur des véhicules ou bris des vitres du Parlement, avec toujours en préambule la revendication du droit de vote des femmes, vont la mener à la prison de Newcastle et de Liverpool. A chaque fois, Constance Lytton revendique un traitement sur un pied d'égalité avec les femmes de condition sociale moins favorisée, mais, constatant que ce n'est pas le cas, elle décide de se faire passer pour une femme du peuple, se faisant appeler Jane (en reference à Jeanne d'Arc) Wharton et débute une grève de la faim. Une expérience traumatisante car, au bout de quatre jours, refusant d'ouvrir la bouche, le médecin en force l'ouverture avec un appareil métallique, qui blesse les gencives et abîme ses dents et la gave de bouillon de boeuf alors qu'elle est végétarienne. Mais ces traumatismes n'entravent jamais sa volonté, sa force de caractère, sa combativité et son sens de l'équité, toujours guidée par la justesse de la cause.

Prisons et prisonnières est le récit de quelques mois d'une femme qui prend conscience politiquement de l'injustice qui touche les femmes et la loi élaborée par des hommes qui denient aux femmes le droit de vote. Son récit est circonstancié, très documenté, pas toujours facile à lire (des phrases très longues, sans virgule, qu'il faut relire, beaucoup de références politiques que je ne connaissais pas), mais cela reste un portrait passionnant d'une femme de conviction qui se bat pour toutes les femmes, malgré son propre milieu favorisé dont elle aurait pu profiter bourgeoisement mais auquel elle a préféré une cause difficile et risquée qu'elle a servi au prix de sa propre intégrité physique. Une femme de caractère qui a fait sienne la cause de toutes les femmes dans le combat pour le droit de vote.

Je remercie Baelio et les éditions Omblage pour la découverte de ce témoignage édifiant.



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Prisons et prisonnières

Ce livre est le témoignage de Constance Bulwer-Lytton (1869-1923) sur la période 1906-1912. Le récit commence alors qu'elle est âgée de trente-neuf ans, rien ne la destinait à devenir une féministe engagée. Lorsqu'elle était enfant, son souhait était de devenir musicienne professionnelle, jeune fille elle désirait se tourner vers le journalisme. Faute d'approbation, elle n'a suivi aucune de ces deux voies.



En 1908, au cours d'un séjour de vacances, elle fait la connaissance de plusieurs femmes. Quand l'une d'elle raconte son retour de la prison d'Halloway, elle réalise qu'elle se trouve en présence de suffragettes. A ce moment là, elle ne partage pas encore leurs convictions. Progressivement elle s'instruit sur le sujet et se rallie à leur cause en 1909, lorsqu'elle rejoint la WSPU (Women's Social and Political Union), fondée par Emmeline Pankhurst en 1903.



L'écriture est fluide, le ton agréable, on suit les questionnements intérieurs et les observations de Constance Bulwer-Lytton, une personnalité que j'ai trouvée attachante et empathique. Cette femme issue de l'aristocratie, végétarienne par amour pour les animaux, a côtoyé et agi aux côtés d'autres femmes engagées (parmi la plus célèbre, Emmeline Pankhurst, qui apparaît d'ailleurs sur la couverture de l'ouvrage).



Arrêtée à quatre reprises pour avoir revendiqué le droit de vote des femmes, l'auteure s'intéresse aux conditions d'enfermement, nous livre son ressenti et ses expériences du milieu carcéral. Elle décrit au fil des pages sa vie quotidienne en détention en s'attachant aux petits détails (les épingles à cheveux, le linge, la nourriture...), les rapports avec les gardiennes, les médecins, la police, les grèves de la faim.



Constance Bulwer-Lytton ira même jusqu'à se grimer et à prendre une fausse identité, celle de Jane Warton, afin de ne pas bénéficier de plus de privilèges que ses compagnes. Il est intéressant de lire son point de vue et son expérience. Cette femme s'est battue pour ses convictions malgré sa santé fragile et les mauvais traitements qui lui furent infligés pour contrer ses grèves de la faim. Les scènes qui décrivent l'alimentation forcée sont atroces.



J'ai apprécié le fait que l'ouvrage débute par quelques photographies historiques permettant de placer le lecteur dans le contexte. La préface retrace brièvement l'histoire des revendications du droit de vote pour les femmes, juste ce qu'il faut pour ne pas lasser le lecteur et lui donner les clés de compréhension du contexte.



Ce récit autobiographique de Constance Bulwer-Lytton constitue un témoignage sur les luttes féministes du début du XXème siècle en Angleterre, sur les conditions de vie des femmes dans les prisons et leurs actions pour obtenir le droit de vote. Merci aux éditions Omblage et à l'équipe Babelio pour cette découverte.

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Prisons et prisonnières

​Ce texte de 1914 réédité, en 1976 en Angleterre, enfin disponible en français est un témoignage rare. Constance Bulwer-Lytton, femme aristocrate (son frère siège à la chambre des lords) et célibataire y explique comment et pourquoi à près de quarante ans, elle choisit de devenir membre de l'Union féminine sociale et politique (WSPU). Son ralliement à la cause des suffragettes va alors la mener plusieurs fois en prison. C'est tout l'objet de cet ouvrage où elle dénonce les conditions d'incarcérations des femmes ainsi que les inégalités sociales qui s'y reproduisent. En effet, son statut va lui accorder des privilèges dans le milieu carcéral qu'elle tentera de dénoncer comme des injustices.

La lecture de ce récit de plus de cent ans est parfois compliqué (référence à des personnes ou des lieux oubliés, vocabulaire désuet,...) mais c'est un beau portrait d'une militante jusqu'au-boutiste (elle était aussi végétarienne et a lutté pour le droit à la contraception).

Merci aux éditions Omblage et à l'équipe Babelio pour cette découverte.
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