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Critiques de Damien Ruzé (6)
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Fin d'Amérique

Entre la Loire et la Cher, La Sologne. Une zone forestière au cœur de la France. Grand espace vert, plan d’eau, chasse… L’atmosphère pourrait être sereine, idyllique. Elle l’est certainement. La source d’inspiration des poètes et écrivains. Mais pour un flic, c’est plutôt un vaste terrain de chasse, un immense terrain pour la cueillette des criminels. Un jour humide et frais, dans la commune de Beaugency, le Lieutenant Zollinger de la police judiciaire d’Orléans, découvre le cadavre d’un acteur porno, série B, dans le coffre d’une Mercedes qui vient d’être extraite de la Loire. Un véhicule suspect qui a servi à un braquage dans un magasin et renversé une gamine en scooter. Le X mort est le fils d’un ancien politicard douteux, Mr Lagardière. La traque commence… La chasse est ouverte. Qui est la proie et qui est le chasseur ?

L’inspecteur est un homme passionné de chasse et de son boulot, froid, peu touché par les sujets de l’enquête, certainement noyé dans l’habitude du métier. Ce qui explique la relation volatile qu’il entretient avec « Reine », une maitresse d’école.



+ Quand on s’oublie, imprégné de la scène :



- On entre en contact direct avec le système policier français. Les relations professionnelles au langage franc, sans poésie, désabusé, routinier à la crasse rejeté par la société, du moins la condition humaine. Le ton des dialogues est roublard, populaire avec un usage régulier de l’Argot. Droit au but.

- Passage beaucoup plus aboutit, la rencontre avec Q2000 (+), instants plus glissant, plus dynamique. Tout comme le passage sur le déroulement d’un weekend en campagne (p80-81) qui est une introduction plus fouillée pour en arriver au « Whiskers “Klub”.

- La rencontre et l’entretien avec le couple Lagardière, perfecto et merci. Le contact avec “google”, informateur, est très bien aussi.





— Lourdeur du passage :

- Les descriptions carrées, parfois un peu longues, sont proches d’un rapport de police et les rendent aseptisées, ou manque d’atmosphère sombre et de profondeur par endroits. (pour les 50 premières pages) Je dis bien, parfois, car ce n’est pas toujours le cas. La longueur ne me rebute pas en temps normal, c’est l’extrapolation et la manière de présenter les choses qui doivent susciter l’attention qu’il me manquait. Une ambiance ajoutée à un suspensE haletant. Cela ressemble à une enquête classique, même si les éléments qui la constituent sont documentés sérieusement.

- Je prends l’exemple du chenil (— ), la rencontre avec Reine (—). Le début mis à part la scène classique de la découverte du cadavre est moins accrochant. (— )

- La démonstration d’un inspecteur qui émane d’un service à l’intitulé souffreteux, sur les combines de Lagardière, est trop longue et financière. Tout livrer d’un bloc est délicat dans ce domaine, c’est une partie de poker, un passage qui frise l’essai lourd, un cours ex cathedra. L’argot à souhait est usant, ça va 2 minutes, même si le langage bourru entre collègues est courant…

- Un long calme plat, teinté de romantisme, de passion pour la chasse, un descriptif qui traîne la patte sur près de la moitié du chapitre 4 ! (page 225 à 267)

- Reine, qui est l’impulsion du moteur « action » de Zollinger sur la fin, devient soudainement secondaire. Et pourtant…





Cela étant, il faut souligner la solidité de l’enquête, du pas-à-pas, l’étendue de celle-ci, des implications importantes sans accumulations de coup de théâtre pour attirer l’attention. On reste dans le plausible. La cohérence sans faire dans la scène hollywoodienne (même si la cavalerie charge à un moment donné) à chaque chapitre en crachant des ficelles exubérantes à la JC Grangé (comme pour certains de ses romans, le passager par exemple). C’est une littérature policière plus terre-à-terre ne visant pas le scénario de film d’action. La crédibilité des faits est la source du récit, la mise en scène est réaliste. Ce sont d’autres points forts de l’ouvrage. La mise en abîme, par moment plombe un peu, toutefois cela n’enlève rien à la capacité de l’auteur de nous entraîner plus loin en jouant sur le rebondissement tempéré, cela n’enlève rien non plus à la logique et à la justesse de ces propos. Un rendu incisif sur une enquête. Un métier qui n’est pas aussi exubérant et bling-bling qu’il y paraît dans beaucoup de roman du genre. Le plus proche possible de la réalité. Très proche de la nature, même.



En plus de la chasse, la cueillette à toute son importance :



“La cueillette des champignons est une parabole de l’existence. Tu ne trouves que rarement ce que tu cherches ; tu ne sais jamais ce que tu cherches avant de l’avoir trouvé…” (P221)





“Quand je reviens des champignons, tu vas me dire que c’est con, mais je me sens légitimé, je sais pas comment expliquer, j’ai l’impression d’être à ma place, fondé, de savoir intiment pourquoi je suis né. À quoi ça sert un flic ? À tenter vainement de réguler une société qui marche sur la tête, au nom du bon droit du citoyen et du contribuable ? À coller des mecs en cage comme des animaux ? Tiens, tu vois, la boucle est bouclée. Je voudrais être un aigle… Comme dit René Char, ‘L’aigle est au futur’. Et le présent me fait chier…” (P222)



Enfin, le déversement du reste de la bouteille, un grand flot de mouvement pour atteindre le dénouement. Reine est un peu zappée sur la fin. Tout le monde en a pour son compte. Tout se tient, il y a des coïncidences pas trop flagrantes, tout est crédible sans réel super héros, avec un personnage principal instinctif soutenu par sa hiérarchie (ça change). Un bon flic, rêveur, spontané, sans pitié pour le crime, et qui fume comme une cheminée. Un cœur mi-figue mi-raisin. C’est une bonne histoire, un personnage qui surpasse les autres. On a l’impression qu’il nous attend pour une autre aventure…



Le livre présente bien, le nouveau format des éditions Krakoen est séduisant et réussi.



Et comme l’auteur est un artiste très accessible :





CM : Bonjour. Ben, voilà. Je vous partage mon impression de lecture avant de la placer sur mon blogue. Je précise que ce n'est qu'un avis de lecteur, je ne suis pas un professionnel du milieu. Je fais dans le spontané surtout. Je peux ajouter une réaction après l'article si vous le souhaitez. En tout cas merci pour cette découverte intéressante.



FR : « Hey man, je vais te dire, que tu ne fasses pas partie de ce que Godard appelait les “professionnels de la profession” est une qualité pour moi.

Ce que je pense de ton papier : c'est bien écrit, sobre (sauf “suspens” qui s'écrit “suspense”). L'OCRGDF, souffreteux, peut-être, réel, pour sûr. Je t'accorde que le pitch de l'ami Ferrand est copieux, mais c'est intentionnel, c'est même le ressort de la scène. Zollinger en prend plein la poire pour pas un rond, le toutim le laisse vaguement pantois, c'est voulu. Aucun commentaire sur le reste, c’est ton opinion et je la respecte entièrement. Merci de me l'avoir fait lire. J'apprécie le fait que tu aies ressenti l'amorce d'une suite, c'est précisément l'exacte intention. Reine reviens, pas de souci. Ces deux-là, c'est du solide… »



CM : « L'aigle est au futur »: sous-entendu, le poète se projette, vers l'avenir avec ses mots ? Il se détache de la réalité pour laisser voler son imagination ? C'est de la rêverie ?



F.R : René Char. Hypothèse intéressante. Un roman est pure rêverie. De ses mots, le poète pulvérise l'avenir, comme le B-29 l'Agent Orange.



CM : Pourquoi un aigle ? Pour sa capacité à voler haut et symboliser cette projection. Au fait, j'essaie de comprendre l'expression pour mon commentaire. Je ne suis pas un connaisseur en la matière.



FR : L'aigle est un animal mythique, les USA et les nazis ne lui ont pas fait une formidable image de marque, c'est vrai, néanmoins. (re) Vois la Forêt d'Émeraude de John Borman, un autre obsédé sylvestre, où le jeune américain enlevé et élevé par les Indiens prend du peyotl et vis son expérience initiatique incarné en aigle. Il se trouve, et l'on retourne aux cours d'eau, que j'aime à nager dans une rivière du Sud appeler l'Agly, l'aigle en catalan. Char était du Sud. Et, étrangement me montent ces vers de Lavilliers (décidément) : « Tu ne veux pas te vendre, alors tu meurs, on te bouffera de l'intérieur. Sois une flèche en altitude, un baiser dans la solitude ». For whatever it might mean.





Stay tuned, pour la prochaine aventure de Zollinger !
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Voilà l'aurore

Nous sommes le 5 septembre 2007. Stan sort de prison. Après 18 mois passés à l'ombre, il a bien l'intention de ne plus y retourner. Hors de question. L'amateurisme, c'est terminé.



Il a une ambition : grandir. Il veut être libre, ne dépendre de personne et jouer dans la cour des grands.



Parallèlement à cela on assiste dans les bois à une véritable traque, une course poursuite et une mise à mort d'une prostituée roumaine. On se joue d'elle, et comble de l'horreur, elle vit un réel cauchemar avant sa mort, ceci devant un public très fortuné.



Stan veut être libre, je l'ai déjà dit. Il a trouvé le filon, il vole des tires, de très belles tires. Comment ? Son plan est simple, il repère les endroits luxueux pour gens friqués, il n'y a que du beau monde, des belles voitures. Son astuce : ces endroits sont sans parking avec un voiturier qui cherche de la place dans les rues avoisinantes. Il profite de son absence, et hop le tour est joué.

Oui sa technique fonctionne bien , les belles tires, il les fourgue et empoche l'oseille.



Un jour, en fourguant sa marchandise, il est abordé par Swan et se rend compte qu'avec lui, il va enfin pouvoir jouer dans la cour des grands. Fini ses petites combines, ils vont voir plus gros, beaucoup plus gros.



Un autre personnage intéressant également l'inspecteur Bohr, mais je ne vous en raconte pas plus, je ne veux rien vous dévoiler si ce n'est que ces histoires différentes, ces destins qui n'ont rien en commun vont petit à petit se rapprocher. Cela se fait de manière naturelle, tout se croise jusqu'à une fin explosive, incroyable.



J'ai vraiment eu le sentiment que l'histoire tout comme le rythme de l'écriture m'emmenait progressivement. On change de vitesse, on accélère et on est pris d'un vertige tellement cela est haletant. Je n'ai pas eu envie de lâcher le récit tellement tout était bien ficelé. Je ne suis pas encore trop habituée au genre, il faut s'accrocher parfois c'est souvent cru, dégueulasse, noir, vulgaire mais putain que ça le fait.



Le ton de ma critique vous l'aurez remarqué n'est pas habituel, mais cela vous donne une mini idée du vocabulaire utilisé par Damien Ruzé, pas mal d'argot durant tout le récit, cela ne m'a pas dérangé. Flic ou voyou ont le même langage. J'avais l'impression d'être dans un film de Michel Audiard.



Des phrases courtes, sans ordre, sans verbe parfois. Un style rythmé au diapason de l'histoire, on lit ce polar avec intensité. Les phrases sont un peu comme la respiration, l'excitation, comment dirai-je l'intensité des propos. On en a même le souffle coupé par moment.



Il en ressort des réflexions intéressantes sur la notion de liberté.



Une lecture aux antipodes de mes centres d'intérêt que j'ai vraiment appréciée et qui me donne envie d'approfondir le genre.




Lien : http://nathavh49.blogspot.be..
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Fin d'Amérique

Fin d’Amérique, c’est d’abord un plaisir pour les yeux. Les éditions Krakoen ont eu l’excellente idée de confier leurs visuels à l’équipe des ExquisMen, en résulte une charte graphique dépouillée et de toute beauté.



Ensuite, c’est un plaisir au touché, la couverture rigide se fait rare dans le milieu de l’édition pourtant elle est très agréable en main.



Et pour finir, votre portefeuille ne souffrira pas trop, car, malgré ce superbe écrin, le prix de l’objet reste très abordable.



RÉSUME :



En repêchant dans la Loire une voiture volée utilisée dans un braquage qui a mal tourné, le lieutenant Zollinger ignore que les séismes politiques et les scandales financiers peuvent engendrer de violentes répliques jusqu’au fond de la Sologne et de ses immenses forêts. Le flic passionné de chasse entame alors une enquête agitée, traquant la vérité, au risque de devenir lui-même gibier.



MON AVIS :



Fin d’Amérique est le premier roman de Damien Ruzé, et ce que l’on peut dire, c’est que ce dernier a déjà une très belle plume. Il y a quelque chose d’atypique dans ce texte. Tout d’abord, il est très dense, les pages sont pleines, très peu de retour à la ligne et des chapitres de 50 pages en moyenne.



L’auteur nous éclabousse de son talent. Le livre est bourré de descriptions toutes plus sublimes les unes que les autres (Mr Ruzé donne même un élan poétique à la cueillette des champignons). Je trouve juste dommage qu’elles soient si nombreuses, car le rythme du récit en pâtit. Par contre, quand l’écrivain se lance dans une scène d’action et bien ça dépote ! La course poursuite entre le lieutenant et deux hommes en 4x4 est tout simplement stupéfiante !



Les dialogues sont savoureux.



L’intrigue se tient et le final est palpitant.



En bref, voici un polar champêtre de toute beauté (les chasseurs vont se régaler) écrit par un jeune auteur vraiment doué. Un peu plus de concisions dans les descriptions et là ça sera carton plein Mr Ruzé.
Lien : http://dubruitdanslesoreille..
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Voilà l'aurore

Stan vient de sortir de prison. Enfin, après dix-huit mois au trou, il était temps qu'il sorte. Mais avant de partir, il a réfléchi sur un éventuel plan de carrière, comment s'en sortir une fois dehors, pas question de refaire des casses avec une équipe de bras-cassés qui se prennent pour Mesrine, mais une fois sur place détalent comme des lapins. Alors il va voler des voitures, les revendre à un garagiste qui s'en moque de la provenance, du moment qu'il peut se faire du fric là dessus. Stan lui, espère toucher beaucoup, il voit trop grand, trop gros, agis plus qu'il ne réfléchi et ne voit pas le coup venir, se rend compte de ses erreurs une fois le dos au mur...



Une prostituée court aussi vite qu'elle le peut, sa vie en dépend. L'homme aux yeux bleus lui a bien dit: au nord, un tunnel, sa sortie, elle sera libre. Elle a une heure pour se sortir de là, passé ce délais, il lâche les chiens et se lancera dans une véritable chasse à cours avec ses amis. Et si tout cela n'était qu'un piège?



Bohr est un flic libidineux qui ne pense plus qu'à partir à la retraite et aux films pornographiques. Mais la retraite, même pour un haut gradé, n'est pas si élevée que ça. Alors il pense à passer de l'autre côté, préparant un ultime coup pour conquérir une jeune femme, et un petit paquet d'argent au passage... Qu'est ce qu'on ne ferais pas par amour et l’appât du gain?



Ces histoires, on pense d'abord qu'elles sont indépendantes, puis on se rend compte, petit à petit, que tout est lié. Damien Ruzé par sur les chapeau de roues, tel une balle tirée, pour ne s'arrêter qu'à la toute fin, avec de petites phrases courtes, incisives, souvent sans compléments ni verbes, donnant vite le tournis et un rythme assez rapide à notre lecture. Ce n'est pas vraiment le style d'écriture que j'apprécie et que j'ai l'habitude de lire, mais je m'y suis vite habitué. Cependant je n'ai pas assez aimé pour pouvoir me relancer dans une telle lecture un jour. Le vocabulaire utilisé est assez cru, bien souvent de l'argo, mais malheureusement l'emploi des synonymes ne se fait pas assez souvent, si bien que toutes les fois où les personnages se mettent à fumer, ils sortent tous une "tige" pour se la griller, ce qui devient assez redondant une fois qu'on a passer la moitié du livre.



Nos personnages ne sont pas des héros, des bad-boys qui feraient tomber n'importe quelle fille en un clin d’œil, ce sont tous des pourris. Stan est un jeune drogué qui a les yeux plus gros que le ventre et qui ne réfléchis pas assez, Swan est le parfait petit chef trop observateur et qui ose le tout pour le tout. Cependant j'ai trouvé dommage que l'on ne s'intéresse pas d'assez près des autres, comme Bohr, la jeune femme qui l'a séduit ou encore les autres compagnons de casse de Stan et Swan, parcequ'au final on ne sais pas vraiment qui est dans le gros coup de la fin, ni pourquoi Stan spécifiquement, ni même ce que devient le propriétaire de la casse auto alors que c'est quand même un élément majeur du final. Beaucoup trop de questions qui restent soulevées à mon goût pour que je puisse apprécier pleinement ce roman.



"Un jour il régnerait. Un jour il serait le roi de la Marge. Il en possédait l’étoffe. Les couilles. Il suffisait de réfléchir. D’échafauder des plans à base d’idées originales. De faire mouliner son citron. De faire marcher son cigare. CQFD. Il était un peu rouillé. Il manquait d’entraînement voilà tout. Il allait s’échauffer. Se muscler. Remonter le peloton. Rattraper le retard. Et gagner. Pas à tortiller."
Lien : http://onceuponatime.ek.la/v..
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Voilà l'aurore

VOILÀ L’AURORE est le second roman de Damien Ruzé. Et c’est un roman noir, c’est annoncé sur la couverture ! A bon entendeur …



Après dix-huit mois derrière les barreaux, Stan retrouve sa liberté. À présent plus de temps à perdre, il veut grimper les échelons du crime et prendre du galon en accéléré. Une seule idée en tête, un seul but : reconquérir sa ville, Paname.



Simple, déconcertante et lumineuse, l’idée avait surgi lors de son séjour au mitard. Il allait jouer finement cette fois-ci et bien peaufiner sa méthode car il était hors de question de replonger. Il allait faire du fric, beaucoup de fric.



Mais lorsque sa route croise celle de Swan, il décide de changer de braquet en intégrant son équipe. Le temps de l’amateurisme est aujourd’hui révolu.



L’avenir ne lui souriait pas seulement, il étincelait …



Lorsque Stan est recruté par Swan, il y voit comme un signe. Exit les branquignols, Swan c’est du solide, rien à voir avec les mecs avec qui ils bricolaient avant. Ambitieux, c’est enfin l’occasion pour Stan de toucher du doigt ce monde sur lequel il a si souvent fantasmé …



"Un jour il régnerait. Un jour il serait le roi de la Marge. Il en possédait l’étoffe. Les couilles. Il suffisait de réfléchir. D’échafauder des plans à base d’idées originales. De faire mouliner son citron. De faire marcher son cigare. CQFD. Il était un peu rouillé. Il manquait d’entraînement voilà tout. Il allait s’échauffer. Se muscler. Remonter le peloton. Rattraper le retard. Et gagner. Pas à tortiller."



J’ai lu VOILÀ L’AURORE comme on visionne un film, caméra au poing. Ce roman de Damien Ruzé est un film fait de mots issus du registre argotique. Langage particulier à la densité importante, ce qui apparaîtra comme un point fort pour certains se révèlera être une faiblesse pour d’autres.



Et l’auteur ne se contente pas de cette ressource stylistique. Il crée une syntaxe heurtée en utilisant des phrases courtes, très courtes, se réduisant parfois à un simple mot. Un procédé qui rend le récit plus filmique encore.



Atmosphère particulière, rythme frénétique et anti-héros, pas de tromperie sur la marchandise nous avons bel et bien affaire à un roman noir. Les amateurs devraient être servis, quant aux autres ils ne resteront pas insensibles face à ce roman, quoi qu’il en soit .



Singulier, saisissant, déroutant, étourdissant, VOILÀ L’AURORE de Damien Ruzé est un mélange détonant et audacieux. Une lecture hors normes dans laquelle je me suis furieusement et plaisamment laissée embarquer.


Lien : http://lenoiremoi.overblog.c..
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Fin d'Amérique

Fin d’Amérique

Damien Ruzé

Nouvelle Éditions Krakoen, 2013



Zollinger est alsacien, flic, têtu, doté d’un très sale caractère. Il fume trop, il roule trop vite… Les seuls moments de sérénité qu’il connait sont ceux passés en forêt, à l’affut… sauf quand le gibier change de nature, c'est-à-dire quand le flic se retrouve inopinément à la place du cerf. Ce qui ne manque de créer un certain remue-ménage dans les sous-bois…

Sur les bords de Loire, la vie parait plutôt paisible. La bourgeoisie locale ne manque cependant pas de vilains secrets. Il est rare qu’un secrétaire d’état souhaite qu’on insiste sur son degré de parenté lorsque le fils est star du porno, encore moins s’il réapparait, après une longue brouille, sous forme de cadavre.

Zollinger ne va pas s’en laisser imposer, et inévitablement, va heurter de plein fouet les murs de résistance du pouvoir et de l’argent menant de proche en proche au grand banditisme.



G Guillon indiquait, dans le communiqué de parution de ce roman, qu’il était mon « coup de cœur ». Je dois la vérité à ceux qui liront cette chronique. J’ai rarement eu aussi peu de travail sur un manuscrit. Si je leur dis que ce roman est un des meilleurs de l’année, ils peuvent, ils doivent me croire.

Tout y est, tout ce qui satisfera l’amateur éclairé d’univers noir. Le héros, fort, campé dans des certitudes qui ne font pas bon ménage avec les compromissions. Pour autant ce flic n’est pas monolithique, présentant des failles d’une puissante humanité. Le rythme : ça pulse, pas de longueur, pas de redite, des scènes d’actions faites pour le cinéma à la Tarantino. Des dialogues qui filent, qu’on entend tant ils sont vivants.

[...] lire la suite sur le blog de Jeanne Desaubry


Lien : http://jeanne.desaubry.over-..
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