Daniel Bosshart

Les BD muettes à destination des jeunes d’une dizaine d’années sont très rares, en effet elles s’adressent généralement à de jeunes voire très jeunes enfants (comme les séries Anuki ou Petit Poilu) ou, lorsqu’elles sortent de l’univers juvénile, contiennent des scènes violentes quand elles ne demandent pas une connaissance minimale de l’univers culturel qu’elles dépeignent (comme les productions de Jason ou War songs). On peut donc se réjouir que Metamorphosis soit un ouvrage sans le moindre texte qui fasse le lien entre les deux univers précédents de la BD muette.



Si l’ambiance colorée reste dans une luminosité assez homogène, la mise en page est d’une rare variété et le décor est traité de façon très minutieuse. Il s’agit de suivre la métamorphose que connaît un homme et en parallèle divers inserts ou vignettes allant de la représentation d’une chenille (page 5) à sa forme ultime de papillon parsèment l’ouvrage.



La poésie L’Écolier et le ver à soie de Ratisbonne est à mettre en regard chez le jeune lecteur. C’est à la suite d’un bête accident dans sa baignoire où il se fracasse la tête (page 29) que le héros, longtemps immobilisé, voit défiler sa vie passée dans un monde urbain bien agité avec des flashs non chronologiques sur sa naissance, son enfance, adolescence et vie d’adulte. Sa convalescence entourée de l’affection de ses proches va lui ouvrir une nouvelle piste de vie.




Lien : http://crdp.ac-amiens.fr/cdd..

La BD muette exige du lecteur une lecture extrêmement attentive tout en tendant à une universalité du propos. Daniel Bosshart, architecte de profession, passe tout son récit par son trait de crayon précis, un décor fouillé et des couleurs d’une douce luminosité. Cet auteur zurichois est un des plus brillants auteurs suisses alémaniques de bande dessinée aux côtés de Thomas Ott, Andy Fischli, Matthias Gnehm, Anna Sommer ou Andreas Caprez. Ses deux premiers volumes Geteilter Traum (Rêve partagé) et Alberto avaient été également proposés sans texte et le premier titre avait reçu le prix Max & Moritz en 2000 pour la meilleure publication de bande dessinée dans les pays de langue allemande. Son récit porte une fois de plus sur le thème de la fragilité de l’existence et des possibilités de rupture d’un mode de vie. Le héros, victime d’une banale mésaventure dans sa salle de bains, se retrouve alité puis en fauteuil roulant pendant plusieurs mois (de mai à août) et il revoit tous les moments essentiels de son existence depuis sa venue au monde. En parallèle au développement d’une chenille en papillon qui rythme l’ouvrage, le personnage principal se prépare à une métamorphose qui l’amène à revoir le sens de sa vie en se reprenant à apprécier la chaleureuse présence de ceux qui l’aiment.

Il s'agit d'une BD sans texte, mais riche en émotion. On peut la lire et la relire sans jamais voir la même histoire. Le dessin est très particulier,... coloré mais mélancolique, un peu austère mais enfantin.