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Citation de Magreete


… Depuis le début du siècle, les gens réclamaient leur tombeau familial. Amené à gérer avec l'église et la mairie cette délicate répartition, le fossoyeur était devenu un personnage important. Celui de Locronan, Donatien Lagadu, était de surcroit hors du commun. L'image habituelle du cantonnier de la mort est un être au visage blême, voûté et maigre, et les doigts crochus, celle d'un croque-mort du temps ou les croyances populaires alléguaient qu'il mordait l'orteil des trépassés pour voir s'ils l'étaient vraiment.
Donatien était tout le contraire : de taille moyenne, il affichait une bouille rigolarde, avec des sourcils jaune orangé, et un gros nez épaté. Par-dessus la ceinture de cuir usée, une bedaine replète lui tendait le gilet, et il avait du mal à supporter les trois épaisseurs de drap de ses chupennoù. Son brazoù ridet semblait cousu de deux sacs énormes sur ses cuisses courtes. Toujours un mouchoir à portée de main, il suait du matin au soir, même par les plus frisquettes gelées. Ne pas parler de sa voix serait oublier le plus pittoresque d'un tel personnage : il développait une puissance vocale sans égale, qui tenait des roulements du tonnerre dans le ciel fissuré d'éclairs, et du fracas des vagues sur les rochers de la baie de Douarnenez par grande tempête.
Sa plaisanterie préférée était d'affirmer qu'il avait une voie d'outre-tombe, en roulant des yeux effrayants qu'il resculsait à souhait, ce qui terrorisait les gamins à venir rôder entre les croix de ses résidents. … (p. 169)
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