La veille, Tristan, dans la forêt, avait été blessé à la jambe par un grand sanglier; il souffrait énormément. La plaie avait beaucoup saigné. Par malheur, elle n'était pas bandée. Tristan ne dormait pas, à ce qui semblait. Le roi se leva à minuit et sortit de la chambre. Le nain bossu l'accompagnait. Dans la chambre, il n'y avait pas la moindre clarté, ni cierge, ni lampe allumée. Tristan se mit debout sur le lit. Dieu! Pourquoi fait-il cela! Mais écoutez! Il joint les pieds, estime la distance et saute. Il retombe sur le lit du roi. Sa plaie s'ouvre et saigne abondamment. Le sang qui en jaillit rougit les draps. La plaie saigne mais il ne la sent pas car il est tout à la joie de son amour. En plusieurs endroits, le sang s'agglutine. Le nain est dehors. A la lune, il vit bien que les deux amants étaient enlacés. Il en frémit de joie et dit au roi:
"Va et si tu ne peux pas les surprendre ensemble, fais-moi pendre!"