Lorsque Tarik ramadan affirme, avec toutes l'assurance qu'on lui connaît, que les travailleurs venus d'Afrique du nord "ont reconstruit la France" après 1945, on peut s'interroger sur les arrières-pensées qui président à une telle assertion. Au fond, le lieu commun, profondément ancré dans la conscience nationale, d'une main-d’œuvre que les patrons seraient allés enrôler dans les douars pour la conduire à l'usine, généralement entretenu sur un mode compassionnel par les repentants, remplit une fonction : Il sert à justifier l'existence d'une créance de la société et de l'état français à l'égard de ces travailleurs, que certains de leurs descendants, réels ou imaginaire, se posant en ayants droit, entendent monnayer.