Pétri, son corps, d'une culture sauvage, non
calibrée, qui s'échange au bistrot dans la
fumées des pipes, frotté au-dessus
de la bassine par de vigoureuses mains mater-
nelles. Les mots ne lui font pas peur. Il les
aime tels qu'il sortent de la bouche, malaxés
par la langue et les dents, chuintant au travers
des trous laissés dans les mâchoires, déformés
comme des mains au travail, de lourdes
paluches, contaminés par la proximité de la
frontière, des mots mal plantés, bancals, qui
clopinent et jouent à cloche-pied dans des
vers de mirlitons.
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