Danielle de March-Ronco

"La vie est ainsi faite,un chagrin fait place à tous les nouveaux possibles".

Danielle de March-Ronco, qui a été dirigeante du PCF, parlementaire,députée et conseillère régionale PACA, est une battante, qui s'est à présent lancée dans le combat contre l'amiante et la solidarité pour les enfants vietnamiens victimes de la dioxine. Ce dernier point la touche particulièrement puisqu'elle a eu le chagrin de perdre, il y a plusieurs années, son mari, correspondant de guerre à L'Humanité, intoxiqué par la dioxine déversée par les avions américains durant la guerre du Vietnam.

L'empreinte des saisons, roman autobiographique et 6° livre (paru aux Editions du Losange), relate sa nostalgie toujours présente, mais tous ces "nouveaux possibles" porteurs d'espoir qui l'entrainent vers une sérénité dont la devise est: "N'oublie pas vis l'instant".

Les saisons s'étagent de l'automne à l'été,pour montrer justement cette embellie, qui malgré l'âge, est auréolée d'une belle rencontre et de voyages empreints de poésie en Corse (berceau familial) ou en Norvège dont le nom à lui seul a "la saveur du sucre d'orge".

Parsemée de références littéraires et poétiques (Eluard, Aragon, Colette, Elsa Triolet...) la musique des mots de Danielle de March-Ronco coule de source (ex: la brume "immense drap mouvant, aérien"; le pêcheur qui est un "jardinier de la mer).

Outre le bonheur quotidien tissé d'amitié et de tendresse, Danielle est une "femme debout" engagée pour les causes qui lui tiennent à coeur.

Vécu dans le vécu, elle nous relate le drame qui a touché Maria-Estella dont le mari a été victime de l'amiante présente dans la mine corse Canari.

Cri parmi les cris, elle s'indigne avec les "veuves de Dunkerque" dont les maris sont morts de l'amiante et elle assiste à leur côté au "procès de Turin".

De la "génération Mandela" elle s'insurge contre les droits de l'homme spoliés.

Et elle dénonce, témoignages à l'appui,l'actualité dramatique qui, de tous temps, a endeuillé l'histoire aussi bien à Hiroshima qu'à Fukushima!

L'empreinte des saisons est le récit fort d'une femme forte dont le caractère s'est forgé auprès d'un père résistant.

C'est avec beaucoup d'admiration, même si je ne partage pas toutes ses idées politiques, que j'interviewerai Danielle de March-Ronco, lors de la fête du livre de Toulon 2012 le samedi matin 17 novembre, sur la Corse, son combat contre l'amiante et son nouveau livre rassemblant les articles écrits par Théo Ronco: Histoire du Vietnam Ecrits sous les bombes (Editions de l'Humanité)

"Tu te souviens..." Danielle, s'adresse en vrille à Théo dans une longue lettre incantatoire, une longue prière à l'absent, pourtant présent dans chaque pensée, chaque instant, irrémédiablement là en permanence comme si imbriqués dans une même passion, un même combat, rien ne pouvait les détruire, pas même la mort de l'un, un long cri, un long soupir, un long "je t'aime".

J'ai apprécié ce livre en dehors de toute considération politique.

Je l'ai lu d'une traite lorsque l'auteur me l'a dédicacé à La Cadière en 2009:

"A vous Brigitte

''les mots de flammes'

ce livre d'amour et de douleur pour trente années de bonheur. A vous, en vous souhaitant de vivre de si belles histoires.

Amicalement"

C'est cette femme droite et énergique, femme de tête dont les yeux bleus vous jaugent en un instant, cette personnalité hors normes, qui m'avait interpelée tout d'abord et intriguée. J'avais dés lors acheté son livre écrit suite à la mort de son conjoint reporter qui avait partagé les vérités du peuple vietnamien sous les bombes B 52 puis les avait dénoncées à ses côtés. Une vie. Voleuse d'émotions, je voulais connaitre cette vie, hors du commun.Une vie où, soudés par les mêmes convictions, Ils ont tout partagé,leur coeur,leur âme,leurs pensées, leur combat pour dénoncer les trafics des organes d'enfants-marchandises à Haïti, et bien d'autres causes, jusquà celle des victimesde l'amiante, puis l'ultime combat, personnel celui là, contre le cancer.

Dans ces mots de flammes, ces souvenirs tour à tour brûlants ou cuisants,elle s'apaise, s'adresse à Théo dans une sorte de journal intime pour lui conter tout ce qu'il ne voit pas mais qu'il ressent sans doute, cet arbre qu'elle a planté pour lui, sa fille et sa petite fille seules raisons de vivre, des bribes de poêmes et les écrits de Nietzsche, celui qui disait

"Nos plus grandes expériences sont nos moments les plus sereins".

Un livre qui retourne,émeut et éclaire.