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Critiques de Delmari Romero Keith (1)
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Leonora Carrington : La mariée du vent

« La Mariée du vent » est un ouvrage coédité par Annie Le Brun, Homero Aridjis, Octavio Paz et Delmar Romero Keith (2008, Gallimard, 116 p.). Il accompagnait l'exposition « Leonora Carrington, la mariée du vent » à la Maison de l'Amérique latine (été 2008). Cette exposition réunissait pour la première fois en France depuis les années 60 des œuvres en provenance de collections privées françaises et mexicaines. En plus des différents éditeurs, il comporte des textes de Max Ernst et de André Breton. « Qui est la Mariée du Vent ? Sait-elle lire ? Sait-elle écrire le français sans fautes ? De quel bois se chauffe-t-elle ? Elle se chauffe de sa vie intense, de son mystère, de sa poésie. Elle n'a rien lu, mais elle a tout bu. Elle ne sait pas lire. Pourtant, le rossignol l'a vue, assise sur la pierre du printemps, en train de lire. Et bien qu'elle lût en silence, les animaux et les chevaux l'écoutaient avec admiration ».

Un très bel hommage de la part d’André Breton. « A la crête de la vague, au point le plus déconcertant où l'écume doit sa dentelle de ramener l'ombre des grands fonds aux déchirures de la lumière, voilà ou se situe, insaisissable, Leonora Carrington, qui n'a pas fini d'échapper à ceux qui ont eu ou auraient encore l'idée de l'assigner à résidence ». Hommage qui rappelle la période de la drôle de guerre, quand le couple Carrington et Ernst, ont recueilli André Breton à Saint Martin d’Ardèche, avant l’arrestation de Max Ernst, en tant que citoyen allemand, mais aux idées anti nazies. Ce qui devait par la suite, provoquer la profonde dépression de Léonora Carrington, qui se termine par sa séquestration comme « incurablement folle » en Espagne. Episode qu’elle narre dans « En Bas ».

En 1940, Leonora Carrington (1917-2011), artiste et écrivain surréaliste, est diagnostiquée « incurablement folle » et enfermée dans un asile psychiatrique espagnol. Elle lit cependant « Le miroir du merveilleux » de Pierre Mabille qui a joué un rôle important dans la guérison de sa maladie mentale. Elle y travaille son expérience à la lumière de la lecture de ce livre. Elle interprète les correspondances complexes qu'elle a perçues pendant sa maladie à travers l'imagerie de l'alchimie. Cela lui a permis de trouver une similitude entre son expérience et les épreuves décrites dans de nombreux mythes. Elle décrit son expérience dans « En Bas » (1973, Eric Losfeld, Le Terrain Vague, 67 p.) qui décrit sa déchéance depuis sa maison à Saint Martin d’Ardèche avec Max Ernst jusqu'à l'asile d'aliénés de Covadonga en Espagne.

« Le miroir du merveilleux » de Pierre Mabille (1940, Editions du Sagittaire, 328 p.), réédité ensuite (1962, Editions de Minuit, 327 p.), chacun avec une gravure originale de Max Ernst, Victor Brauner, Hérold, Wilfredo Lam et Matta. Avec une préface d’André Breton, c’est en quelque sorte une anthologie surréaliste, non pas un recueil de textes, mais un « classique » pour la compréhension du mouvement surréaliste. C’est plutôt « une collection de cartes allant du Tendre au planisphère céleste, en passant par les schémas que les corsaires laissent après eux pour désigner l’emplacement de leurs trésors enfouis ».

Originellement médecin, Pierre Mabille (1904-1952) est l'inventeur, en médecine, du « Test du village », consiste à composer un village, avec des modèles réduits de commerces, une église, des ponts, des maisons, des arbres et des personnages et enfin des éléments annexes tels barrières et murs. Pierre Mabille devient membre du groupe surréaliste en 1934 et collabore à la revue « Minotaure ». En juillet 1940, il accueille André Breton, démobilisé, à Salon-de-Provence. Il fut un adepte de l'hermétisme et défenseur de l'imaginaire. Par la suite, conseiller culturel de l'ambassade de France à Port-au-Prince, Haïti, il a l'occasion d'assister à des cérémonies vaudoues. Il publiera aussi « Thérèse de Lisieux » en 1937, réédité (1996, Allia, 144 p.). C’est une étude médico-psychologique de la sainte « dont l'évolution tout entière est dessinée par la pathologie6 ».

L’auteur utilise des textes souvent inédits de Lewis Carroll, de William Blake, de de Julien Gracq, mais aussi de Kafka, Rimbaud, Goethe, Ovide ou Platon. Il raconte aussi des légendes indiennes et finnoises, des contes australiens. Tous se présentent comme autant de témoignages d’un monde merveilleux qui existe en chacun de nous. Il cherche à saisir totalement l’univers, en le débarrassant « du barème des valeurs morales », en dépassant les interdits et les tabous, pour atteindre l’inconscient, tel qu’il s’exprime à travers toutes les aspirations du désir.

On découvre aussi l’attirance de Leonora Carrington pour le Mexique. « Qu'est-ce qui au Mexique l'a attirée au point qu'elle y ait élu résidence ? Est-ce cette façon particulière d'appréhender le monde, où le fantastique et le réel se conjuguent au quotidien, où l'inattendu peut surgir à tout instant, où le temps est non pas linéaire mais fragmenté, et se dilue dans une réalité qui elle-même se dissout ? ». C’était, au départ une destination assez imprévue, mais imposée en partie par son mariage arrangé avec Renato Leduc, diplomate et poète, retrouvé à Lisbonne. Ce mariage de convenance leur permet de quitter l’Europe. Leonora Carrington passera ensuite la majeure partie de son temps à Mexico.

Elle y retrouve les milieux surréalistes, avec Remedios Varo (19808-1963), qui devient sa meilleure amie. En 1964, une rétrospective est organisée au Musée des Beaux-Arts de Mexico avec plus de 50 000 visiteurs. André Breton lui rend hommage à son œuvre « tout entière » dans la revue surréaliste « La Brèche ». « Remedios, la féminité même, ici en hiéroglyphe le jeu et le feu dans l'œil de l'oiseau ».

À la fin de l'année 1940, Remedios Varo et Benjamin Péret retrouvent André Breton et quelques autres surréalistes réfugiés à Marseille, dans la villa Air-Bel du quartier de La Pomme. C’est un lieu où l’on retrouve diverses figures de l’avant-garde littéraire. On y croise Max Aub (1903-1972), qui partira aussi pour le Mexique, Gabrielle Wittkop (1920-2002), Anna Seghers (1900-1983) qui raconte dans « Transit » traduit par Jeanne Stern et Martina Wachendorff (2018, Autrement, 400 p.). Description assez surprenante du milieu cosmopolite de Marseille, où tout ce qui fuyait l’avancée nazie s’était réfugié, en attendant un embarquement improbable pour des contrées plus clémentes.

Max Aub quitte le camp de Djelfa En 1942, direction Casablanca et Veracruz au Mexique. Il y terminera sa série de six livres du « Labyrinthe Magique » commencé avec « Campo Cerrado». (2009-2011, Les Fondeurs de Briques, 2270 p.) en 6 tomes, aux couvertures en trois couleurs, rouge, or et violet, aux couleurs du drapeau de la 2eme république espagnole. Un sommet…. C’est au Mexique aussi qu’il va retrouverJusep Torres Campalas, alors réfugié dans la provincedu Chiapas, où il tenait une conférence sur Cervantès pour «le trois cent cinquantième anniversaire de la première partie de Don Quichotte ». Il en tire une biographie imaginaire « Jusep Torres Campalans », traduit par Alice Gascar (2021, Verticales, 336 p.)



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