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Critiques de Denis Rodier (141)
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La bombe (BD)

La bombe, impressionnante bande dessinée réalisée par Didier Alcante et Laurent-Frédéric Bollée, pour le scénario, avec Denis Rodier pour les 450 planches de dessin, me tentait vraiment et m’effrayait aussi un peu…

Heureusement, sans problème, Vincent, me l’a confiée et j’ai pu me lancer dans une lecture terrible de sens et de révélations sur l’Histoire. Peu de temps avant, au cinéma, j’avais vu Oppenheimer et je voulais en savoir plus sur cette bombe atomique créée par d’éminents scientifiques et larguée sur Hiroshima puis Nagasaki, au Japon, sur décision des dirigeants et militaires des États-Unis, au début du mois d’août 1945.

Ici, le noir et blanc est de rigueur et les dessins de Rodier sont d’une éloquence remarquable. Il a su jouer sur les ombres car, c’est justement une ombre qui a décidé Alcante pour se lancer dans cette folle aventure : raconter La bombe.

Cette fameuse ombre est celle fixée par un être humain sur les marches de la banque Sumimoto, le 6 août 1945, à 8h 15. Ces escaliers ont été conservés et exposés dans le seul bâtiment rappelant ce désastre, près de l’hypocentre de l’explosion. Inscrit au Patrimoine mondial de l’Humanité, le « Mémorial de la Paix d’Hiroshima, dôme de Genbaku » est situé dans l’ancien palais d’exposition industrielle.

Cette catastrophe fit, le jour de l’explosion, 70 000 morts à Hiroshima et 40 000 à Nagasaki, un bilan qui s’éleva rapidement pour atteindre, cinq ans plus tard, 140 000 morts à Hiroshima et 80 000 à Nagasaki…

Pour tenter d’essayer de comprendre comment on en est arrivé là, les auteurs donnent la parole à l’uranium, matière utilisée jusque-là dans la verrerie et la céramique puis dans les recherches sur la radioactivité. Hélas, on ne va pas s’arrêter là car la course à l’armement atomique est lancée avec des chercheurs comme Leo Szilard ou Enrico Fermi, Prix Nobel de Physique en 1938. À partir de là, l’histoire m’emmène au Japon, en Allemagne, en Angleterre, en Tchécoslovaquie, en Russie, en Norvège, au Congo belge car la Seconde guerre mondiale déchire la planète.

Les scénaristes se sont appuyés sur des recherches historiques poussées afin de faire bien comprendre un engrenage impitoyable.

Pourtant, nous sommes à la fin de la guerre, en 1945, lorsque la décision finale est prise. En effet, le Japon refuse de capituler, lance ses kamikazes sur les bateaux ennemis, ne fait aucun cas de la vie humaine de quelque camp qu’il soit.

Une autre solution aurait-elle pu advenir ? Sûrement, mais impossible de refaire l’Histoire. Il faut simplement tenter de la comprendre et surtout ne pas oublier.

Pour cela, une œuvre comme La bombe, cette bande dessinée, ce document graphique remarquable publié par Glénat, doit être lu. C’est primordial.


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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La bombe (BD)

Quelle ne fut pas ma surprise en récupérant cet ouvrage réservé à la bibliothèque, en constatant l’épaisseur du volume et en se soupesant ! J’ai commencé par désespérer en me disant que je ne parviendrai jamais à lire ce pavé !



Finalement je n’ai eu aucun mal à le lire, bien qu’il m’ait fallu trois jours pour en arriver à bout, mais le sujet me passionne, je n’ai donc pas eu de difficulté à progresser dans cette histoire, une histoire particulière, celle de l’uranium personnifié dès le début, faisant sentir qu’il était présent dès le début, avant même la naissance de la Terre, bien avant l’humanité.



On découvre alors toute les facettes de cet élément : il sauve des vies, on le sait, il tue aussi les personnes qui le manipulèrent par ignorance, sans précaution pour donner de la fluorescence au verre, par exemple.



Et puis arrive la guerre, quelques prix Nobel de physique juifs quittent l’Allemagne, pressentant les graves événements qui se profilent. L’un d’eux, Léo Szilard, est détenteur d’une théorie : la fission de l’atome est possible… ce sont les prémices … Puis l’on apprend que l’Allemagne a des projets et fait appel à des spécialistes de la physique nucléaire… La course commence, il ne faut posséder cette bombe avant l’Allemagne comme arme de dissuasion.



C’est ainsi que se construit aux Etats-Unis, une énorme unité de recherche qui aboutira… à Hiroshima et Nagasaki. Entre le début et la fin, on assiste aux travaux des physiciens, aux manœuvres des politiques, aux hésitations, aux coups de gueule, aux pétitions de ces pères de la bombe qui voudraient faire machine arrière, et on comprend que les terribles Little Boy et Fat Man sont devenues le jouet des politique, peut-être parce qu’on avait investi dans ces joujoux, peut-être par curiosité, les effet d’une telle arme étant relativement méconnus, on notera au passage, les expériences sur des humains dignes des médecins nazis bien que l’on soit aux Etats-Unis.



On ne peut que remercier Alcante, L.F. Bollée et Denis Rodier pour ce travail de titan grâce auquel on apprend beaucoup. Un ouvrage très bien documenté. Merci à l'illustrateur pour ces belles planches et ces visages ressemblants et expressifs.
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La bombe (BD)

La folie humaine dans toute sa splendeur ! ...



C'est le cœur retourné et complètement dégoûtée que j'ai refermé ce très épais roman graphique, se consacrant à l'histoire de la bombe atomique, de sa création jusqu'à l'éradication des villes d'Hiroshima et de Nagasaki les 6 et 8 août 1945.



Tout commence par deux scientifiques : l'un juif hongrois, Leo Szilard, et l'autre italien, Enrico Fermi, s'exilant tous deux aux États-Unis à la fin des années 1930, fuyant l'un l'Allemagne nazie et l'autre l'Italie fasciste. C'est avec eux, et bon nombre d'autres scientifiques physiciens (de grande renommée, et prix Nobel pour certains), que commencera ce qu'on appelle aujourd'hui la course à la bombe. À savoir qui des États-Unis ou de l'Allemagne réussira à fabriquer la première bombe atomique ? Il est clair que pour les États-Unis et l'Angleterre, il faut impérativement y arriver avant l'Allemagne, Hitler étant déjà suffisamment incontrôlable.



Ce qui s'en suit après, je vous laisse le découvrir par vous-mêmes, tellement je ne trouve pas les mots pour en parler. Les injections de plutonium faits sur des êtres humains à leur insu, les milliers et milliers de morts et blessés suite au largage des bombes, le "patriotisme" de certains qui prend des dimensions très excessives, et encore plein d'autres horreurs... Comment y mettre des mots là-dessus, sans avoir la nausée ?



Inhumain. Innommable. Tels sont les seuls mots qui tournent en boucle dans ma tête...



Il y aurait pourtant de quoi dire, "La bombe" m'ayant tenu éveillée plusieurs heures. C'est bien la première fois que je passe autant de temps à venir à bout d'un livre graphique, autant qu'un roman en fait. Et non pas parce qu'il m'ennuyait, non juste parce qu'il est très complet et qu'il ne se lit pas comme une BD lambda. Les auteurs ont mis cinq ans pour mener à bien leur projet : complet et sacrément bien documenté, on ne peut que les féliciter pour leur travail, qu'ils ont tenté de rendre le plus réaliste et le plus véridique possible.



Et c'est très réussi. Les "acteurs" sont nombreux, les événements également, et j'imagine bien toute la difficulté à les encastrer les uns aux autres, tout en faisant en sorte de ne pas perdre le lecteur. Et ils y parviennent : le côté scientifique n'est pas rébarbatif, grâce aux explications simples ; on finit par s'habituer aux nombreux protagonistes ; les dessins en noir et blanc vont à l'essentiel pour n'en être que plus percutants ; et le texte, sous forme de dialogues principalement, rend la lecture très fluide. On y reste longtemps, mais le temps passe vite.



Il est fait un parallèle à la fin, que j'ai trouvé horrible et poignant en même temps. Américains ravis d'un côté. Ruines et "fantômes" d'Hiroshima de l'autre. Dialogues de félicitations chez les premiers pendant que les seconds se passent de tout texte. J'en avais des sueurs froides...



C'est une lecture à la fois enrichissante, dans laquelle j'ai beaucoup appris, et exceptionnelle quant au travail des auteurs, aussi percutante que monstrueuse et glaçante. Une lecture qui ne laisse pas indifférent et qui me marquera à jamais. Une lecture qui fait froid dans le dos, encore plus quand on sait qu'actuellement neuf pays possèdent l'arme nucléaire et que, maintenant perfectionnée (on n'arrête pas le progrès !), elle ferait beaucoup plus de dégâts...

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La bombe (BD)

Une présentation pour le moins originale de ce qui fût une épopée scientifique dans une période guerrière et un désastre humain, soit la conception puis l'utilisation de LA bombe, la seule pouvant se revendiquer identifiable à partir de ce terme générique, celle d'Hiroshima, celle qui détruisit Hiroshima et un peu d'Humanité, déjà bien martyrisée en ces temps troubles.

En fait ce pavé graphique se présente comme la biographie de la matière première de cette arme, sans qui rien n'aurait été possible, objet de toutes études expérimentales et de toutes les convoitises, fascinante et répulsive, aimantant les plus importants cerveaux scientifiques de l'époque, l'uranium.



La genèse et l'épopée de la bombe atomique, boostée par la guerre et les milliards américains, trouvera son apogée et sa gloire au frontispice de l'anéantissement d'une ville et de sa population.

Didactique, cet ouvrage présente équitablement, sans partis-pris, les personnages qui ont participé de près ( les scientifiques, les militaires, les politiques...) ou de loin (les victimes des essais humains, celles du cuirassé qui transporta les têtes nucléaires...), ainsi que les mécanismes qui conduisirent à cette course à la mort.

La paranoïa ambiante entourant ces projets ultra-secrets et les luttes d'influences scientifico-politico-militaires sont très bien mis en exergue.

Les cas de conscience voire les réfractaires dont Einstein lui même, s'opposant aux forcenés de la bombe, le rôle de Szilard, oublié de l'Histoire, le doute qui s'insinue des scientifiques aux plus hautes sphères politiques, l'ambivalence de certains protagonistes tels Fermi et Oppenheimer, sont particulièrement bien exposés.

Ouvrage remarquable par son sérieux et sa vaste exploration objective et sans moralisme de mauvais aloi du sujet remis au goût du jour par le film "Oppenheimer" (que je nai pas vu), me conduira à l'offrir pour noël à quelques jeunes interpellés par le sujet avoir avoir assisté au film.

D'un peu didactique au début, le livre, d'un très beau graphisme tout en noir et blanc, devient vite passionnant. Les dernières pages, les martyrs LA Bombe, sont silencieuses et poignantes, telles les reconstitutions au sein du musée d'Hiroshima.



Reste à l'humanité de faire en sorte que l'épitaphe de l'oeuvre, "Cette ombre est ma signature peut être mon âme...certainement mon pouvoir. Puisse-t-elle vous hanter à jamais", ne soit qu'une menace et non une prémonition.
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La bombe (BD)

Ce récit graphique raconte avec un grand souci de détail et d’exactitude les différentes étapes de la création de la première bombe atomique, conçue avant même le début de la guerre, et qui sera larguée le 6 août 1945 sur Hiroshima. Les points de vue militaire, scientifique, politique sont tous examinés conjointement. ● Le récit est passionnant et haletant. ● Les auteurs font preuve d’une grande rigueur dans la documentation et on voit bien le travail énorme que cet ouvrage a dû exiger d’eux. ● Le résultat est à la mesure de leur investissement. On apprend énormément de choses, sans que le récit ne soit jamais pesamment didactique. Je ne connais rien à la physique nucléaire, et j’ai pourtant eu l’impression de tout comprendre ! ● L’alternance des différents points de vue, qui n’oublie pas celui des victimes japonaises et des cobayes humains, rend la lecture particulièrement intéressante. ● Dans cette aventure humaine, quelques individualités se distinguent encore plus des autres, bien que tous soient hors du commun : le général Leslie Groves, chef du projet Manhattan, Leo Szilard, un des scientifiques, Oppenheimer, le scientifique le plus connu associé à ce projet, par exemple. ● Les dessins sont superbes, très expressifs, les personnalités connues superbement représentées. ● Je me suis quand même posé une question, c’est celle de la bombe française, qui n’est absolument pas évoquée. ● C’est un travail magnifique et très impressionnant, que je recommande chaudement !
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La bombe (BD)

Vrai gros coup de ❤

Bon, je sais que je vais en agacer encore quelques-un(e), mais celui-là vous ne pouvez pas passer à côté.

La bombe, de Alcante, Bollée et Rodier est une bande dessinée de 460 pages, pour tout savoir sur la bombe atomique et comment l'humanité, le 6 août 1945, en plein chaos de fin de Seconde Guerre mondiale, a perdu le peu qui lui restait....d'humanité.

L'une des pires journées de l'histoire de notre monde nous est racontée ici.

Et qui en est le narrateur ?

Le principal responsable : l'URANIUM.

De sa découverte jusqu'à son utilisation vous saurez tout.

Des savants qui l'ont étudié, de ceux qui l'ont exploité, modifié, mélangé au plutonium par exemple.

Des militaires qui s'en sont emparé.

Des politiques qui l'ont adoubé.

Des scientifiques qui ont compris le danger.

Des soldats qui se sont extasié de ses capacités.

Des gouvernements qui se sont lancé dans la course contre la montre pour mettre au point avant les autres une arme de guerre sans précédent.

Des cobayes qu'on a utilisés à leur insu.

Des tentatives de justification des uns aux tentatives de mise en garde des autres.

Mais dans la bombe, on explique aussi comment on a empêché l'Allemagne de réussir son projet.

Comment l'Amérique a justifié les bombardements d'Hiroshima puis de Nagasaki, détruisant tout, y compris des centaines de milliers de vies.

Le Président Truman, le général Groves (qui supervisa toute l'opération depuis le début, allant jusqu'à espionner certains scientifiques), où les pilotes du tristement célèbre Énola Gay,

l'avion qui largua "little boy" (quel horrible nom pour un engin de mort de 4 tonnes) au-dessus de la ville japonaise, se féliciteront de la parfaite exécution du plan et aucun d'eux n'exprimera jamais de regrets. Tibbets, le pilote, allant même jusqu'à avouer, bien des années plus tard, qu'il dormait bien toutes les nuits...

Tout est argumenté, tout est vrai (hormis quelques civils japonais insérés dans le récit pour aider à s'imprégner de toute l'horreur des événements).

Une BD, où le noir et blanc s'imposent, qui devrait être lue dans tous les pays du monde, pour montrer, s'il en est qui doutent encore, l'âme noire de l'être humain.

RIEN ne justifie qu'on en arrive là...

Mieux qu'un roman, moins barbant que la conférence d'un chimiste (quand on est ignorant en la matière, s'entend) et plus digeste que certains livres d'histoire, une lecture indispensable.

Bravo aux auteurs de ce pavé, bravo à l'éditeur (Glénat).
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La bombe (BD)

On peut chipoter. Je ne suis pas sûre que ce récit sur la naissance de l'arme atomique gagne quoi que ce soit à être narré par l'uranium itself, monstre tapi dans les entrailles de la Terre pressé de montrer sa puissance. Je suppose bien que l'auteur, féru de culture japonaise, a pensé à Godzilla, mais, justement, le monstre, trop souvent évoqué par ailleurs, fait ici pschit. On peut aussi être gêné par un dessin qui s'obstine à montrer l'impact de la bombe, comme s'il était possible, même (surtout) à grands renforts de visages hurlants et de flammes tourmentées, de se hausser au niveau de l'horreur (ou alors il faut être Goya - et encore).

Mais aucune objection ne tient face à l'extraordinaire enquête narrée ici, à la fois parfaitement didactique et absolument complexe, qui parvient, dans une construction maîtrisée de bout en bout, à expliquer le défi technique posé par la bombe, les enjeux militaires présidant à sa conception, la réflexion politico-éthique aboutissant au largage de Little Boy au-dessus d'Hiroshima...

Si la bombe atomique est bien une horreur, les chemins qui ont mené jusqu'à elle sont d'autant plus terrifiants qu'il n'est pas sûr, sachant désormais ce que nous savons, que nous ne les emprunterions pas à nouveau. Non pas parce que l'homme souffrirait d'un délire de puissance: plus prosaïquement parce que chaque décision, en soi rationnelle et pesée, a abouti à de nouveaux dilemmes de plus en plus complexes, et que seule l'explosion atomique semblait pouvoir apporter une solution définitive à l'enchevêtrement des possibles.

Vu comme ça, on peut donc penser qu'un Poutine dingue n'est pas la pire option. Positivons.

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La bombe (BD)

J’ai beau savoir comment cela s’est terminé, j’avais envie d’apprendre comment tout cela avait commencé : La bombe atomique.



Celle qui laisse peu de survivant lorsqu’elle explose et qui en fait encore d’autres longtemps après. Les Japonais vous le dirons.



La bombe atomique, nous en avons souvent entendu parler, un chtarbé a même menacé de nous en lancer une sur le coin de la gueule…



Mais que sait-on exactement de son histoire, de la genèse de sa fabrication, des scientifiques qui ont travaillé dessus ?



Peu de choses, mais grâce à cette bédé de 450 pages, très documentée, remplie de détails et très précise, vous serez incollable sur le sujet (à condition de tout retenir, bien entendu).



Les dessins sont en noir et blanc, d’un réalisme saisissant et vont s’attacher à suivre quantité de personnages réels. Les seuls personnages qui ont été inventés, ce sont les quelques japonais afin de symboliser le peuple qui a eu la désagréable malchance d’en recevoir deux et d’en tester les ravages.



Comme des Américains eurent la malchance de servir de cobaye, à leur insu, pour des injections de plutonium…



On a beau être dans un récit qui laisse la place à la science, il ne faut pas croire que vous allez avoir l’impression de vous retrouver sur les bancs d’une université à écouter un cours de physique. Les auteurs ont réussi à rendre leur récit compréhensible, même pour le cancre de la classe, et il n’y a pas que la conception de la bombe, dans ce récit.



C’est prenant, une fois commencé, on a envie de tout dévorer d’un coup, mais je me suis accordée des pauses dans la lecture, vu le poids de la bédé et vu le sujet traité.



Les auteurs ne se sont pas contentés d’illustrer un seul point de vue, mais plusieurs, allant des scientifiques aux militaires, au président des États-Unis, de Staline, des Allemands, des Japonais, des pilotes d’avion…



Cela donne du corps au récit et une vision plus globale, notamment avec des scientifiques qui ont compris le danger d’utiliser la bombe, là où les militaires et les politiques croyaient dur comme fer que posséder une telle arme mettrait fin à tous les conflits.



Il est facile de dire, en 2022, qu’ils se sont fourrés le doigt dans l’œil, et ce, jusqu’au coude (pour rester polie), parce que l’utilisation de la bombe n’a pas fait cesser toutes les guerres. Maintenant, d’autres pays la possèdent et le premier qui l’utilisera, anéantira totalement les autres…



Le point d’orgue est bien entendu le largage de Little Boy sur Hiroshima (avant Fat Man sur Nagasaki)… Ces quelques pages seront les plus émouvantes du récit. Les pires, aussi. Sans entrer dans le voyeurisme, le dessinateur, en quelques cases, est parvenu à rendre toute l’horreur de la chose. J’ai beau connaître l’Histoire, revoir cet épisode, même en dessins, ça m’a foutu les chocottes et noué les tripes.



Anybref, au lieu de lire ma chronique qui n’arrivera pas à rendre justice à cette bédé, ni à dire tout le bien qu’elle a pensé de cette lecture, filez l’acheter chez votre dealer de bédés ou la louer à biblio/médiathèque, et découvrez-la, elle en vaut plus que la peine.



Ne fut-ce que pour savoir… que pour comprendre… que pour se dire que rien ne valait qu’on utilise cette horreur ! Et si en 1945, elle était déjà terrible, cette bombe, imaginez la puissance de celles de notre époque…



Une bédé qui pèse son poids, au sens propre comme au figuré. Une bédé extrêmement bien documentée, où le narrateur sera parfois l’uranium, lui-même. Une bédé où tout est vrai, hélas, ce qui la rend d’autant plus glaçante.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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La bombe (BD)

Un atomique coup de cœur pour ce pavé de deux kilogrammes (si si, je l'ai pesé)...

Un narrateur original, l'atome d'uranium, qui nous raconte à travers ces 450 pages, comment est née l'arme la plus destructrice jamais conçue jusqu'alors.

Un ouvrage archi-documenté, passionnant, que l'on dévore sans modération et que l'on referme en se disant décidément que l'humain est vraiment une espèce à part.

Grâce à ce magnifique ouvrage, au-delà du plaisir de lecture, nous nous enrichissons énormément scientifiquement et historiquement parlant. Et nous ne pouvons le refermer sans se poser la question de l'utilité d'une telle arme, véritable épée de Damoclès qui plane au-dessus des relations internationales.

"La bombe", un ouvrage à lire absolument.
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La bombe (BD)

Spontanément, je ne me serais pas tournée vers ce livre. Et pourtant, quel livre! Je suis contente de l'avoir trouvé sur ma route.

Les deux scénaristes, Alcane et Bollée, et le dessinateur, Rodier, ont mis pas moins de cinq ans pour arriver à bout de ce gros bébé en se concentrant sur le moindre détail afin d'être au plus près de la vérité. Les noms, les lieux, les événements sont réels, à part les cinq personnages japonais qu'Alcante a utilisé pour synthétiser le peuple japonais. Dernier détail: c'est l'uranium lui-même qui narre sa propre histoire.

Ce travail de précision extrême donne ce roman graphique très documenté sur la naissance de la bombe atomique et son utilisation tragique à Hiroshima en août 1945; vu le pavé, on pourrait craindre qu'il ne soit indigeste. En réalité, il ne l'est absolument pas. Les auteurs ont réussi l'exploit de relater de manière à la fois très exhaustive et le plus simplement possible les origines de la bombe atomique, la course contre la montre qu'a été sa fabrication pendant la guerre dans les grandes puissances mondiales, les questions éthiques qu'elle a soulevées et le rôle qu'elle a joué dans la deuxième guerre mondiale. Un roman très complet et dense, donc, mais fascinant et poussant à la réflexion.

J'ai, personnellement, appris beaucoup de choses sur cette bombe ainsi que sur ses enjeux. Difficile de ne pas se sentir désespérée face à l'inhumanité de la plupart des acteurs de cette catastrophe qu'a été Hiroshima, qu'ont été aussi les expérimentations qui ont été faites sur des cobayes non consentants, adultes et enfants atteints de cancer ayant été testés sans qu'on les en informe sur les effets de l'uranium sur eux, comme l'ont été d'ailleurs aussi les survivants d'Hiroshima qui ont été suivis par des scientifiques américains par la suite.

Et tout ça alors que le gouvernement américain savait déjà que de toute façon le Japon finirait par capituler et que ce n'était plus qu'une question de jours... On se trouve face à des scientifiques et militaires (pas tous, un certain nombre ont tenté de s'opposer au bombardement d'Hiroshima heureusement) qui veulent tester leur joujou, tout simplement.

Je recommande vivement ce roman qui est un vrai bijou.



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La bombe (BD)

Ce roman graphique de 472 pages est un véritable tour de force: il relate brillamment les événements entourant la création de la bombe atomique.

Narré par la bombe elle-même, les auteurs nous entraînent à travers le monde et nous révèlent ses secrets les plus sombres.

Cet album est remarquablement bien documenté (on sent l’immense travail de recherche des auteurs), c’est captivant, passionnant.

On apprend énormément de choses.

Le Québécois Denis Rodier nous offre un magnifique dessin noir et blanc très réaliste, fluide, redoutablement efficace.

Ce livre est une merveille!
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La bombe (BD)

Magnifique et monumentale bande dessinée relatant la course à la bombe atomique, de ses prémisses jusqu’à la conclusion que l’on sait. Un sujet auquel je suis personnellement sensible, mon grand-père ayant travaillé – non sans dilemmes - sur le programme nucléaire français. Et même si j’avais déjà une certaine connaissance du sujet, elle m’a permis de réaliser trois choses.



Premièrement le rôle capital joué par un physicien dont je n’avais jamais entendu le nom, et que l’histoire a largement oublié : Leó Szilárd. Juif hongrois ayant fui le nazisme, l’une de ces figures totalement iconoclastes et hors normes qui firent faire des bonds de géant à la science. C’est lui qui eut la révélation de la réaction en chaîne, lui qui comprit la nécessité de gagner la course à la bombe avant l’Allemagne nazie, lui qui réussit à en convaincre Einstein, Fermi et les autres physiciens du projet Manhattan. Père de la bombe atomique mais convaincu qu’elle devait rester une arme de dissuasion, il milita contre son usage militaire, lança une pétition pour essayer de convaincre Truman de ne pas l’utiliser… Et de ce fait devint la bête noire de l’armée américaine.



La deuxième, c’est l’exploit industriel exceptionnel qu’accomplit les Etats-Unis. Pour enrichir l’uranium à un niveau suffisant, il fallait ‘transformer le pays en usine’, selon l’expression – et ils l’ont fait. Les quantités gigantesques de ressources englouties par le projet sont à la mesure du bond technologique qu’il représentait. Il employa jusqu’à 129 000 personnes (soit l’effectif de l’armée de terre française aujourd’hui), dont les meilleurs physiciens de son temps.



La troisième, qui en quelque sorte découle de la première, c’est qu’au final, une fois le risque de voir l’URSS succomber à Hitler, les Etats-Unis n’ont jamais été vraiment menacés dans la course à la bombe. L’Allemagne seule n’avait pas les ressources industrielles nécessaires, et les erreurs de conception (utilisation de l’eau lourde en lieu et place du graphite comme contrôleur de réaction) bloquaient leurs avancées. Quant à savoir si le grand physicien Werner Heisenberg, responsable du programme nucléaire nazi et découvreur du principe d’incertitude qui porte son nom, aiguillonna volontairement les travaux vers une voie de garage par acte de résistance, c’est un tout autre débat.



Une œuvre excellente, sans partis-pris, claire et très fouillée. Même si elle insiste sur les dimensions scientifiques et industrielles du projet Manhattan, elle n’en reste pas moins très abordable. On réalise à quel point réaliser ce que les Etats-Unis ont réalisé avec la technologie de leur époque est un formidable exploit.

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La bombe (BD)

Quand j’ai récupéré cette bande dessinée que j’avais réservé à la médiathèque, j’avoue avoir eu bien peur. Un documentaire en bande dessinée de 450 pages, en noir et blanc, avec un graphisme réaliste, sur un sujet militaro-scientifique, brrrr…

Le graphisme tout d’abord, le style est assez classqiue, s’emparant des effets du cinéma, avec quelques plongées, contre-plongées, gros plans, c’est en noir et blanc, sans trames ni nuances,en contrates forts, au trait assuré et minutieux, ce n’est pas un style que j’affectionne particulièrement, mais les grandes illustrations en pleine page apportent du rythme et de l’intensité au récit.

Mais le plus marquant, c’est que ces 450 pages passent avec une certaine délectation et un attrait indéniable. C’est l’histoire de la bombe atomique, ce pavé raconte l’histoire avec un grand H, avec ses anecdotes, ses faits marquants, dans sa globalité, scientifique, humaine, militaire, politique… C’est une travail colossal, d’un sérieux et d’une précision remarquable, mais aussi, les choix narratifs donnent une dimension romanesque, sans déformer la réalité. L’idée de faire parler l’énergie nucléaire à la première personne du singulier en voix off fonctionne bien, sans jamais tomber dans un “truc” pour faire original, les personnages sont aussi bien présentés dans leurs contrastes entre faits d’Histoire et intimité qui jalonnent leur vie, qu’ils soient de premier plans (Leo Szilard, le Général Leslie Groves) ou totalement secondaires (Naoki Morimoto).

Cet ouvrage est loin d’être fastidieux ou rébarbatif, il est carrément passionnant, édifiant et même impressionnant.

Je me dis souvent que la bande dessinée n’est pas là pour se substituer ou pour rendre plus abordable un sujet qui pourrait être aussi complet, sinon plus, dans un dossier journalistique. Cette bande dessinée me prouve au contraire que ça peut parfois être le cas. Je ne me serais pas intéressé à ce sujet sans cette bande dessinée, et je ressors de cette lecture comblé de tous les côtés, celui de la connaissance, de la réflexion, de l’esthétique, de l’émotion…

N’ayez pas peur de ces 450 pages, on ne peut y rester indifférent.
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La bombe (BD)

Exceptionnel et complet.

Cette BD est un documentaire de plus de 450 pages sur l’histoire de la conception et de la mise en œuvre de la bombe atomique, utilisant au mieux les possibilités offertes par la BD en termes de rythme et de suggestion graphique.



Les dessins en noir et blanc de Denis Rodier sont parfaitement justes, avec un grand souci du détail, que ce soit dans les visages ou les décors. Le dynamisme du récit provient du découpage, des attitudes et des ombres. Il y a mêmes quelques pages d’une grande beauté formelle (si on peut dire…), sans aucun dialogue ou commentaire, au moment de la première explosion à Hiroshima.



Le récit part des avancées théoriques des années 30, détaille la course à la guerre, les enjeux liés à l’uranium, le risque de voir l’Allemagne nazie parvenir à concevoir en premier une arme terrifiante... Rien n’est laissé de côté : ni la volonté initiale de quelques physiciens de premier plan d’alerter la maison Blanche sur ce risque, ni leurs doutes quand vient le moment de son utilisation, alors que la guerre est déjà gagnée.

La bombe a t-elle épargné des dizaines de milliers de morts militaires et civiles qu’aurait causé un débarquement au Japon, où le gouvernement militaire refusait de capituler et préférait entraînait un peuple dans sa folie meurtrière ?

Ce n’est qu’une des problématiques exposées par ce magistral cours sur ce que fut la découverte progressive de la puissance des collisions atomiques.



Même si le sujet peut paraître aride, la forme emporte totalement le lecteur. Cette BD se lit avec attention et désir constant d’en savoir plus. Car on apprend tout sur le sujet : depuis la présence de stocks d’uraniums au Congo, celle de l’eau lourde en Norvège (Cf. le film Les héros de Télémark), le rôle de prix Nobel de physique comme Enrico Fermi qui a fui l’Italie fasciste avant la guerre, l’étendue des moyens consacrés par les États-Unis pour réussir à mettre au point la bombe dans le cadre du projet Manhattan, dirigé par un militaire caricatural, le général Grooves, qui ne voit que son objectif final, et un civil dont la notoriété s’est fortement accrue grâce au cinéma, Richard Oppenheimer.



D’ailleurs, par rapport au film de Christopher Nolan, on s’aperçoit que le rôle d’Albert Einstein a été bien moindre en réalité. Il a juste offert sa notoriété à des scientifiques qui eux étaient convaincus qu’il fallait aller plus vite que les Allemands. Parmi eux, un quasi-inconnu, sorti de l’ombre par les auteurs, Leó Szilàrd. Un physicien hongrois qui a été parmi les premiers à annoncer la réaction nucléaire, à comprendre le risque énorme que représentait le programme de recherches allemand, mais aussi un des seuls à avoir alerté sur ce que pouvait représenter le fait d’expérimenter la bombe. Et il est arrivé ce qu’il anticipait : chaque pays a voulu avoir sa bombe, sa dissuasion nucléaire… Le monde est assis sur un risque de destruction immédiate depuis prés de 80 ans.



N’hésitez pas : c’est une énorme BD, par la taille, par la documentation accumulée, mais aussi par la capacité des auteurs à nous faire comprendre cette histoire avec autant de facilité.

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La bombe (BD)

Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Il s'agit d'une bande dessinée en noir & blanc, dont la première édition date de 2020. Elle a été réalisée par Alcante (Didier Swysen) & Laurent-Frédéric Bollée pour le scénario et par Denis Rodier pour les dessins. Il comprend 450 pages de bande dessinée. Il se termine avec une postface de 5 pages de Didier Alcante, une d'une page de Denis Rodier, et une de deux pages de LF Bollée.



Au début, il n'y avait rien, mais dans ce rien il y avait déjà tout ! Une voix désincarnée évoque la formation de l'univers, celle de la Terre. Puis elle explique qu'elle incarne l'uranium auquel Henri Becquerel a donné son nom. À Berlin, dans l'université de Friedrich Wilhelms, Leó Szilárd (1898-1964) est en train de donner un cours à ses étudiants : il leur donne l'exercice dit du Démon de Maxwell. À la fin du cours, il voit les jeunesses fascistes défiler en bas. Puis, il discute avec Otto, un collègue, et lui explique qu'il émigre dans les plus brefs délais. En octobre 1938, Enrico Fermi (1901-1954) se trouve à l'ambassade des États-Unis pour passer les tests d'émigration. Le 10 décembre 1938, il reçoit le prix Nobel de physique, à la Maison des Concerts de Stockholm. Il explique à Pearl Buck (prix Nobel de littérature) le sens de l'épinglette sur les revers de veston des officiels italiens : un Fasces, une hache pour trancher les têtes, entourée de verges pour fouetter les corps. Le 30 décembre 1938 à Hiroshima, le patron d'une usine de motos permet à son employé Naoki Morimoto de rentrer plus tôt chez lui, pour accueillir son fils qui revient en permission. Chemin faisant, il achète deux stylos pour offrir à chacun de ses fils, puis un tricycle pour offrir à une jeune demoiselle avec l'accord de sa mère. Naoki Morimoto dîne enfin avec ses deux fils Kazuki (écolier) et Satoshi (pilote dans l'armée).



En février 1939, Leó Szilárd déjeune avec Enrico Fermi : il lui parle de Herbert George Wells, de ses romans de science-fiction, de ses recherches sur l'émission de neutrons, sur la possibilité d'une réaction en chaîne, sur la création d'une bombe surpuissante. Le 03 mars 1939, Leó Szilárd et son assistant ne comprennent pas pourquoi leur expérience avec de l'uranium et du béryllium ne permet pas d'observer les résultats espérés. La voix désincarnée de l'uranium revient pour évoquer l'invasion de la Bohême et de la Moravie, le 16 mars 1939. À Sankt Joachimsthal, un Oberleutnant inspecte la plus grande mine d'uranium d'Europe. Le 16 juillet 1939, Leó Szilárd et Eugene Wigner rendent visite à leur ancien professeur : Albert Einstein (1879-1955). Ils le convainquent d'écrire à la reine de Belgique pour attirer son attention sur la nécessité de sécuriser l'uranium belge. Une fois de retour à New York, Szilárd réfléchit à la nécessité de convaincre les États-Unis de créer leur propre bombe atomique, afin de ne pas se faire prendre de vitesse par les allemands. Le premier septembre 1939, l'Allemagne envahit la Pologne et l'armée allemande prend le contrôle des recherches sur le nucléaire en Allemagne. Le 18 septembre 1939, Edgar Sengier (1879-1963) effectue une visite des mines d'uranium dans la région de Katanga, au Congo Belge.



Dans sa postface, Didier Alcante explique ses motivations et le défi que représente un tel récit : rendre compte de l'ampleur du projet qui a conduit à l'explosion de 3 bombes atomiques Gadget, Little Boy, Fat Man. Parmi ses influences, il cite Gen d'Hiroshima (1973-1985) de Keiji Nakazawa, et il indique qu'il ne souhaitait pas traiter des victimes des bombes, n'ayant rien à apporter au témoignage de cet auteur. Il explique qu'au vu de l'ampleur il a souhaité travailler avec un coscénariste. LF Bollée indique que pour sa part il a été fortement marqué par le film Hiroshima Mon Amour (1959) d'Alain Resnais. Il s'agissait pour eux pour d'aborder aussi bien le contexte historique, que les enjeux politiques et militaires, ainsi que la dimension scientifique, en se montrant le plus rigoureux possible. Cette période de l'Histoire étant fortement documentée, les coscénaristes ont dû faire des choix, et n'ont pas pu parler de tout. Enfin dans la conception même du récit, il est apparu dès sa mise en chantier qu'il s'agirait d'une bande dessinée d'une forte pagination. Ils ont recruté Denis Rodier, un artiste canadien ayant travaillé pour DC Comics sur la série Superman, habitué à réaliser une narration visuelle efficace, allant à l'essentiel.



Les auteurs mettent à profit la pagination conséquente pour passer en revue la genèse de l'idée d'une telle bombe, son développement jusqu'à la création du Projet Manhattan, le contexte historique (en particulier la seconde guerre mondiale), les projets similaires menés par d'autres états dont l'Allemagne, les doutes de certains sur la nécessité de disposer d'une telle arme de destruction massive, les moyens mobilisés pour faire aboutir un tel projet, la nécessité du secret militaire, et les tentatives d'espionnages. Le lecteur retrouve les éléments attendus : Projet Manhattan, participation d'éminents physiciens (Enrico Fermi - 1901-1954, Robert Oppenheimer - 1904-1967, Werner Heisenberg - 1901-1976), décision d'Harry Truman, implication d'Albert Einstein. Il retrouve également les éléments de contexte de la seconde guerre mondiale : nazisme, commandos Grouse & Gunnerside (adapté au cinéma dans Les Héros de Telemark -1965- d'Anthony Mann), relations politiques avec Winston Churchill et avec Staline. En fonction de la familiarité du lecteur avec le projet Manhattan, il peut noter des détails qu'il connaissait déjà et d'autres qu'il découvre. Comme Alcante l'indique dans la postface, il a fallu faire des choix. Ils explicitent l'origine de l'appellation Trinity pour la première explosion à partir d'un poème de John Donne (1572-1631), mais ils ne parlent pas de l'aveugle Georgia Green qui a perçu la lumière dégagée par l'explosion. Ils développent le rôle important de Leó Szilárd, mais ils n'avaient pas la place d'évoquer l'importance de Niels Bohr (1885-1962) sur les différents scientifiques qui ont travaillé au projet Manhattan.



En entamant ce récit, le lecteur a conscience que la tâche du dessinateur n'est pas facile. Le récit est long et il contient beaucoup d'informations, par la force des choses. L'artiste va donc se trouver confronté à illustrer de copieuses discussions, voire de copieux monologues. Effectivement de temps à autre, une page va être composée de cases avec uniquement des têtes en train de parler, des phylactères pouvant s'avérer copieux en texte. Néanmoins ces occurrences sont très peu nombreuses au regard de la pagination. En outre, Denis Rodier se contente rarement de gros plans ou de très gros plans. Il privilégie les pans taille ou des plans italiens. Il représente très régulièrement les arrière-plans, souvent dans le détail, et il varie les plans de prise de vue, ne se limitant pas à des champs et des contrechamps. En outre, les scénaristes ont conscience d'écrire une bande dessinée et ils développent régulièrement des scènes d'action où les images racontent plus que les textes, avec parfois des pages dépourvues de tout texte. L'enjeu pour l'artiste est alors de se montrer efficace, de bien doser son effort pour la narration visuelle.



Les dessins s'inscrivent dans un registre réaliste et descriptif. L'artiste doit faire revivre de nombreux personnages passés à la postérité, et leur ressemblance est satisfaisante, que ce soit pour les scientifiques, les hommes politiques et le général Groves. Il met en œuvre une direction d'acteurs de type naturaliste, et les visages présentent une bonne expressivité, permettant de bien ressentir l'état d'esprit des protagonistes. Le récit se déroule dans de nombreux endroits, et le dessinateur les rend tous uniques : façades d'immeubles, aménagement des pièces en intérieur, lieux géographiques variés. Outre assister à des discussions, le lecteur voyage beaucoup : Stockholm, New York, Hiroshima, Boulogne sur Mer (en 1803), Harvard, le chantier du Pentagone, le plateau de Hardangervidda en Norvège, Chicago, la Thaïlande, le Nouveau Mexique, etc. Il représente également des scènes d'action : l'attaque de l'usine de Vemork en Norvège, des attaques de navires américains par des pilotes kamikazes, l'entraînement de plongeurs kamikazes, et bien sûr l'explosion des deux premières bombes Gadget et Little Boy. Très rapidement, le lecteur apprécie l'efficacité des dessins : ils marient une approche descriptive européenne, avec une touche d'efficacité comics, pour une narration riche, sans être pesante ou fade. Il peut juste se contenter d'absorber la scène représentée sans s'y attarder, tout comme il peut prendre du temps pour regarder les tenues vestimentaires, les véhicules, les meubles, les appareils technologiques ou militaires, en appréciant la véracité historique discrète, mais bien réelle.



Au fil de séquences, le lecteur absorbe de nombreuses informations et observations, il côtoie de nombreux individus tous incarnés, à la fois visuellement, et à la fois par leurs convictions ou leurs compétences professionnelles. Il prend conscience de l'ampleur industrielle du projet (20.000 hommes pour le site X à Oak Ridge), de sa durée, des incertitudes, le plus souvent techniques et scientifiques, mais aussi politiques, et parfois morales. Il retrouve des éléments qu'il connaît, il en découvre aussi qu'il ne connaît pas. Il voit que les auteurs peuvent porter un jugement de valeur moral (par exemple sur les expériences d'injection de plutonium sur des êtres humains), mais c'est très rare car ils utilisent un ton factuel. Parfois, il se dit que d'autres points auraient pu être développés (d'autres sites, ou le nombre total de personnes ayant travaillé sur le projet), mais la démarche reste de nature holistique englobant énormément de paramètres. Puis il se demande quel est le point de vue des auteurs qui semblent être en position de simples journalistes d'investigation. Ce questionnement devient plus important vers la fin du récit où les événements sont plus connus par le public. Ce point de vue apparaît avec la chute de Little Boy sur Hiroshima : tous les efforts financiers, humains et technologiques ont mené à l'anéantissement de 200.000 vies humaines rien qu'à Hiroshima. Rétrospectivement, le lecteur mesure toutes les conséquences du choix des villes cibles, lors de plusieurs réunions dans des bureaux, en voyant l'ampleur de l'anéantissement de vies humaines. Toute cette énergie humaine investie dans un projet pharaonique pour anéantir autant de vies. Les auteurs ne s'étendent pas sur les victimes de la bombe, mais ils ont construit leur récit pour rendre compte de l'horreur indescriptible, inimaginable de cet engin de destruction massive, de mort.



L'ouvrage est présenté comme un reportage historique ambitieux sur la bombe atomique, en particulier celle d'Hiroshima. Le lecteur sait qu'il se lance dans une bande dessinée copieuse en termes de pagination et forcément copieuse en termes d'informations. Il s'agit d'une lecture rendue agréable par des dessins efficaces sans être fades, par une construction vivante, tout en comportant des moments d'explication copieux. Même en 450 pages, les auteurs ne peuvent pas tout caser, mais ils réalisent une présentation très riche, pédagogique et vivante, incarnée et pleine d'émotions, plus parlante qu'un article encyclopédique. Finalement, le lecteur en ressort avec une vision assez complète du projet, chronologique, technique et politique, contextualisée, et une horreur d'un tel investissement pour une destruction plus efficace. Il prend pleinement conscience du poids considérable que fait peser cette menace de destruction massive et planétaire sur l'inconscient collectif.
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La bombe (BD)

Parmi les sorties BD de l’année 2020, « La bombe » figure sans aucun doute parmi celles ayant connu le plus grand retentissement. Signé Didier Alcante et Laurent-Frédéric Bollée au scénario, et Denis Rodier au dessin, l’ouvrage est un impressionnant pavé de plus de 400 planches en noir et blanc qui nous propose de revenir sur l’histoire de la bombe atomique. « Les plus grands scientifiques au monde s’intéressent à moi et à mes qualités. Mon heure ne saurait tarder désormais. Le temps est venu d’écrire une nouvelle page de mon histoire. » Et oui, c’est bel et bien l’Uranium qui sert ici de narrateur à la découverte de cette histoire complexe qui nous entraîne des années 1930 au fameux 6 août 1945, qui vit le lancement sur la ville japonaise d’Hiroshima de la première bombe atomique, suivie deux jours plus tard par une seconde larguée sur Nagasaki. Comment une arme aussi destructrice a-t-elle pu voir le jour ? Par qui fut-elle mise au point, et dans quelles conditions ? Comment fut prise la décision d’utiliser cette arme redoutable et pourquoi ? Qui furent les victimes de cette tragique course à l’armement, et quels ont été les effets de la bombe sur le long terme ? Autant de questions aussi fascinantes que dérangeantes auxquelles l’ouvrage se propose de répondre. Le résultat est bluffant, tant pour l’érudition dont il fait preuve que l’émotion qu’il suscite. Découpé en six grands chapitres, l’imposant ouvrage revient avec un luxe de détails incroyables sur les « progrès » scientifiques réalisés autour de l’uranium en général, et sur l’histoire du projet Manhattan en particulier. Il en résulte un roman graphique dense, complexe parfois, aussi bien en raison du nombre croissant de personnages qui défilent incessamment que parce qu’il aborde des notions scientifiques assez poussées pour les néophytes, mais en tout cas incontestablement passionnant. Les graphismes, déroutants dans un premier temps par leur sobriété, collent finalement à la perfection à l’ambiance et se concentrent sur les très nombreux protagonistes de cette histoire. On passe rapidement sur certaines planches, qui s’effacent presque devant la densité du scénario et des explications fournies par les personnages, tandis que d’autres incitent le lecteur à marquer un temps d’arrêt afin d’apprécier l’expression d’un personnage ou de saisir la portée de tel ou tel événement (la mort d’Hitler, le naufrage de l’USS Indianapolis, ou encore l’explosion de la bombe sont des moments particulièrement marquants).



Alcante et Bollée prennent d’abord le temps de poser les bases du sujet et du contexte historique en évoquant la montée des tensions internationales ainsi que les figures de proue des travaux scientifiques sur le radium, et ce aussi bien aux États-Unis qu’en Europe de l’Est, en France, en Allemagne, en Angleterre, ou encore en Russie. Les auteurs ne se limitent donc pas au seul territoire américain, et cela est essentiel pour bien comprendre tous les enjeux de cette course à l’armement à laquelle vont se livrer les pays impliqués dans la Seconde Guerre mondiale. On assiste ainsi aux premiers tâtonnements des physiciens sur le sujet, aux débats qui agitent la communauté scientifique, et aux appels lancés par ces mêmes scientifiques aux pouvoirs publics et chefs d’état afin qu’ils s’emparent de la question. Tout s’accélère une fois la guerre déclarée, lorsque les politiques prennent conscience de l’avantage considérable que cette bombe nucléaire leur permettrait d’obtenir… et de la menace qui pèserait sur leur pays si leurs ennemis parvenaient à la mettre au point les premiers. S’engage alors une lutte acharnée entre l’Allemagne nazie et les Alliés pour s’emparer des stocks d’uranium disponibles sur la planète, mais aussi pour saboter les installations adverses (les actions des commandos Grouse et Gunnerside auront un rôle décisif sur le ralentissement des progrès allemands dans ce domaine) et enfin pour recruter les scientifiques les plus expérimentés. Les auteurs s’attachent également à montrer l’évolution de la compréhension de ces chercheurs concernant les propriétés de l’uranium dont ils ne connaissent alors que trop peu la nocivité et surtout l’insidiosité : les expérimentations dépeintes font froid dans le dos tant les risques encourus sont grands et la marge d’erreur incroyablement élevée, mais le « projet Manhattan » parvient à surmonter tous les obstacles jusqu’à finalement parvenir à son objectif. L’ouvrage se penche alors sur les débats qui agitent scientifiques et politiques autour de la question de l’utilisation de cette arme de destruction massive. L’occasion de revenir sur les véritables raisons qui poussèrent les Américains à lancer ces deux bombes atomiques sur le Japon, moins dans le but d’accélérer la fin de la guerre (qui, dans les faits, est déjà gagnée) que de prouver au reste du monde sa supériorité, notamment vis à vis de l’URSS dont on devine sans mal dès 1945 qu’il ne restera pas longtemps un allié.



Voilà, pour résumer, une petite partie seulement des thématiques et des événements brassés dans cet énorme volume qui nous permet d’avoir une vision la plus éclairée possible du contexte et des enjeux de l’époque. La rigueur scientifique de l’ouvrage saute immédiatement aux yeux, tant sur le plan de la reconstitution historique qu’en ce qui concerne les explications consacrées à l’uranium, ses propriétés et le fonctionnement de la bombe atomique. L’érudition des auteurs de l’album n’est toutefois pas le seul aspect marquant de cette lecture qu’on retiendra aussi pour la qualité de la mise en scène des personnages. Et ils sont nombreux ! Les scientifiques occupent évidemment une place de choix. Parmi eux Robert Oppenheimer, déstabilisant directeur scientifique du projet Manhattan, mais aussi le Prix Nobel Enrico Fermi, le leader du projet atomique allemand Werner Heisenberg, ou encore Leo Szilard, physicien hongrois, premier à penser à la possibilité d’une réaction atomique en chaîne et à militer pour que les États-Unis se lancent dans la course à l’armement dans le but de contrecarrer un projet similaire venu de l’Allemagne nazi… avant de faire machine arrière lorsqu’il constate que les Américains ont l’intention de se servir de la bombe au lieu de l’utiliser comme simple dissuasion. Militaires et politiques sont également nombreux à défiler, de l’odieux et tyrannique major général Leslie Groves, commandant en chef du projet Manhattan, aux présidents Roosevelt et Truman, en passant par le pilote du bombardier en charge de la bombe, du capitaine du navire chargé de la convoyer jusqu’à destination… Certains sont présents d’un bout à l’autre de l’ouvrage, d’autres n’y figure que brièvement, mais tous sont remarquablement bien caractérisés et ainsi aisément reconnaissables et identifiables par le lecteur. Certains sont attachants (Leo Szilard et son combat que l’on sait désespéré en tête), d’autres horripilants, quelques autres encore terrifiants de cynisme et d’indifférence, mais chacun d’entre eux nous permet, à son niveau, d’avoir une vue d’ensemble des différentes positions défendues, de la multiplicité des rôles joués par les protagonistes, et des responsables de cet événement qui compte parmi les plus terribles de notre histoire.



La force de l’ouvrage tient également du fait qu’il ne se focalise pas uniquement sur ces grands personnages et sur les conséquences de leurs décisions sur les événements, mais aussi sur des hommes et des femmes ordinaires dont la vie sera elle aussi totalement chamboulée par le développement de cette bombe atomique. Difficile de ne pas être horrifié par le nombre de victimes collatérales que cette course à l’armement aura provoquées, qu’il s’agisse de civils sacrifiés lors d’opérations militaires visant à empêcher le projet allemand d’aboutir, ou de citoyens américains lambdas utilisés, sans leur consentement, comme cobayes pour tester les effets de l’absorption de plutonium par le corps humain. Et puis il y a bien sûr les habitants d’Hiroshima, seuls personnages fictifs de l’album, représentés notamment par le biais de Naoki Morimoto, père de famille meurtri par cette guerre qui lui aura tout pris. Au fur et à mesure de l’avancée de l’histoire du projet Manhattan, c’est donc un nombre incalculable de morts qui défile sous les yeux de plus en plus effarés du lecteur, jusqu’à la tragédie finale que l’on sait inéluctable mais dont on se prend follement à espérer la non réalisation. Le choc de la déflagration de manque pas d’être ressenti durement par le lecteur qui contemple, hébété, les destructions irrémédiables causées par le déclenchement de la bombe sur les villes d’Hiroshima et Nagasaki. Il y a les dessins de Denis Rodier, bien sûr, aussi effrayants par ce qu’ils montrent que par ce qu’ils sous-entendent, et puis il y a les chiffres qui accompagnent ces images : 70 000 morts le jour de l’explosion le 6 août, 40 000 deux jours plus tard. Quatre mois après les chiffres ont doublé. Cinq ans plus tard, on atteint les 200 000 morts, rien que pour Hiroshima. Le pari de l’ouvrage était double, et est ainsi parfaitement tenu : revenir sur l’enchaînement des événements qui permirent la création de la bombe atomique et faire comprendre les enjeux liés à son déclenchement, et faire prendre conscience du potentiel de destruction colossal de cette arme et du nombre affolant de vies humaines qui lui auront été sacrifiées, et le seront sans doute encore. L’ouvrage se révèle ainsi être à la fois un documentaire passionnant sur les responsables de cette tragédie aussi bien qu’un formidable hommage aux victimes.



« La bombe » est un ouvrage qui porte remarquablement bien son nom tant la lecture de ce pavé de plus de quatre cent pages se révèle percutante pour le lecteur. Les auteurs y reviennent avec un luxe de détail sur l’histoire de la création de la première bombe atomique, et sur l’impact de cette course à l’armement aussi bien sur le plan politique, scientifique, militaire, et bien sûr celui des relations internationales. Les auteurs ont cependant l’intelligence de ne pas se concentrer uniquement sur les grands événements, au risque d’oublier les anonymes sacrifiés sur l’autel de la guerre, qu’il s’agisse des habitants d’Hiroshima, des cobayes humains empoisonnés au plutonium ou encore des soldats et civils, victimes collatérales de la volonté américaine d’assurer leur suprématie sur le monde. Instructif, impressionnant, émouvant, terrible : les qualificatifs pour désigner l’ouvrage d’Alcante et Bollée ne manquent pas et devraient inciter tous les lecteurs, connaisseurs ou non, à se le procurer urgemment.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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La bombe (BD)

Cet album est une arme à double tranchant.

- « Un bon conseil, ne l'ouvrez jamais…

- « Un bon conseil, emparez-vous de lui sans tarder !

Pourquoi ?

Amis gais et enthousiastes, vous avez encore confiance en l'humanité ? C'est album vous amènera probablement à revoir votre jugement…

Amis pessimistes, vous n'avez plus vraiment confiance en l'humanité ? Vous serez peut-être amenés à penser qu'il nous faudrait rapidement quitter la scène par égard pour les autres espèces.

Voilà bien la seule et unique raison pour laquelle je ne vous pousserai pas à feuilleter quelques pages de ce livre afin de préserver votre moral de ce que l'actuelle pandémie a laissé intact.

Sinon, il est juste in-con-tour-nable.



J'avais commencé par envisager un modeste 3 *, voire un 3.5 * en notant large…

Mais après avoir parcouru 50 pages, la cote de ce livre est rapidement montée pour atteindre un 4.5 * ou un 5 * tant il en vaut la peine !

Après en avoir parcouru 100, j'étais touché.

Lorsque j'ai atteint la 200ème, impossible de le quitter. Il m'a mangé une bonne partie de la journée et je ne le regrette pas. Mais pour tout vous dire, je suis resté sans souffle, estomaqué. Et plutôt pas serein.



Le dessin en noir et blanc est juste, le texte habile et l'ensemble glaçant.

Ce pavé de 470 pages est une épreuve. Non que la lecture soit longue ou difficile, mais en raison de ce qu'elle suscite d'horreur et d'émotions. J'ai eu besoin de m'arrêter à plusieurs reprises pour prendre l'air et pour penser à autre chose…

Les héros de la fête sont l'uranium (U238 et U235 pour les intimes) ainsi que son ami de longue date, le plutonium (P238, P239, …).

Patients et froids comme la Mort, transformistes comme des serial killer insaisissables, ils ont longtemps attendus que sonne leur heure enfouis dans les roches et les terres insanes…

Et c'est arrivé. Mais que n'arrive-t-il jamais ?



La guerre que se livre les Hommes depuis toujours était leur serviteur le plus obséquieux. Celle-ci avait pour nom « Seconde Guerre Mondiale » et elle se déchaînait 21 ans seulement après cette autre guerre qu'on avait osé appeler la « der des der ».

Et ce sont eux, U et P, qui prennent la parole dans cet album. Eux qui ont su habilement manipuler les politiques, tromper les savants et flatter les militaires. C'est encore eux qui ont rendus les humains à l'état de figurants, de jouets, de marionnettes dont ils tiraient astucieusement les fils.



On aimerait croire que leur histoire est terminée.

Et si elle ne venait que de commencer ?



Dégoût profond et frissons garantis pour cet album exceptionnel.
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La bombe (BD)

Monstrueux ...

Dans tous les sens du terme ...

L'arme atomique en elle-même bien sûr, dont la naissance est racontée en détails.

Le nombre de pages, ensuite, 460.

Et le travail titanesque de recherche, de découpage, de mise en image ...



La bombe, c'est un récit extrêmement documenté sur la naissance et l'utilisation du nucléaire à des fins militaires. C'est tout à la fois un livre d'histoire, un ouvrage de vulgarisation scientifique aussi d'une certaine manière, une réflexion quasi-philosophique parfois sur le sens du progrès scientifique et ses usages, un thriller lorsque l'on suit la course à la bombe que se livrent les puissances belligérantes de la Seconde Guerre mondiale, conscientes du poids que cette découverte aura sur l'issue du conflit et plus largement sur les relations internationales.



La bombe, c'est surtout, sur 460 pages en noir et blanc en forme d'hommage aux comics - c'est le sentiment que j'ai eu du haut de mes très modestes connaissances en BD US - une histoire d'hommes et de femmes devant l'un des grands défis de l'humanité. La maîtrise de l'uranium et pour quels objectifs ?



Il est impossible de résumer une telle entreprise. Mais en lisant la postface des trois auteurs, j'ai été frappé de voir que, comme Didier Alcante, le personnage m'ayant le plus marqué est Léo Szilárd, scientifique d'origine hongroise, ayant contribué au projet Manhattan à ses débuts, avant de lutter, sans succès, pour un usage civil et à tout le moins raisonné du nucléaire. En faire une arme de dissuasion et pas de destruction.



Un véritable album référence en tous les cas.

A lire.
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La bombe (BD)

Une somme de travail considérable pour une œuvre passionnante de bout en bout. Une page d'histoire qu'Alcante et Bollée rendent parfaitement et que Rodier renforce avec un dessin en noir et blanc magnifique. Quand la folie s'empare des hommes...
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La bombe (BD)

Une bande dessinée de près de 500 pages, pesant près de 2 kg retraçant l'histoire de la bombe atomique. C'est l'incroyable projet éditirial qu'on entreprît, les auteurs Alcante, Laurent- Frederic Bollée et l'illustrateur Denis Rodier.



Dans un travail remarquable de recherche, le lecteur découvre le projet Manhattan à l'origine de la confection de "Little boy" qui a détruit la ville d'Hiroshima en août 1945.

Tous les protagonistes sont présentés dans "La bombe". Tous les détails y sont presque décrits.



C'est une lecture indispensable et vraiment très intéressante, qui demande certes beaucoup de temps à lire mais qui en vaut vraiment la peine.



Bref, à conseiller !
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