Critiques de Département des études de la prospective et des statistiques (DEPS) (5)
Une revue complète et exhaustive des mécanismes de promotion publicitaire des oeuvres culturelles, Jean Samuel Beuscart et Kevin Mellet, sociologue et économiste, apportent un éclairage singulier sur les processus à l'oeuvre dans les industries du cinéma, du livre, du jeu vidéo et des sorties culturelles. Ce titre a à mon sens trois grands mérites, outre son sérieux et sa grande clarté. Il évite les écueils d'une "sociologie de l'autruche", d'inspiration bourdieusienne qui a trop souvent ignoré la réalité et la diversité des pratiques marketing dans l'univers culturel dès lors que ce dernier était investi par des mécaniques d'argent. Il repose sur une base de données chiffrées riche et très bien interprétée, et l'on soulignera ici la double casquette de sociologue et d'économiste des deux co-auteurs. Enfin, il va fouiller en profondeur les tendances à l'oeuvre, quitte à remettre sans complexe en question d'apparentes vérités acquises (ex : cette fameuse longue traîne si souvent acceptée la bouche ouverte par l'industrie). Pour rentrer dans le détail, je retiens deux éléments intéressants : la très forte disparité des pratiques entre les différentes industries (on n'annonce pas dans le monde du livre comme dans le monde du cinéma) et l'émergence d'internet dans les processus de visibilité, dont la double tendance est de concentrer les dépenses et la médiatisation sur quelques références à fort succès (super-starisation), mais en augmentant également le nombre de titres de niche qui trouvent enfin leur public. Fins dans leurs analyses et sérieux dans leur méthodologie, les deux auteurs publient là un titre qui manquait tant au monde de la recherche qu'à l'industrie culturelle.
Commenter  J’apprécie         50
Une enquête qui nous permet d'avoir une réelle vision des pratiques culturelles des français à l'heure ou le numérique semble avoir pris le pas sur les pratiques traditionnelles. Ressort finalement de cette enquête que le numérique, loin d'entraver les pratiques traditionnelles (livres imprimés, sorties à l'extérieur culturelles ou sociales, écoute tv et radio...), le numérique épouse souvent celles-ci et comble en quelques sortes les vides laissées par celles-ci. Bien sûr, les pratiques numériques sont en pleine expansion surtout chez les jeunes (15-24 ans surtout) mais l'un n'empêche pas l'autre. Cette enquête permet d'éspérer une possible cohabitation possible entre la culture traditionnelle et numérique. Nos premières craintes sur l'omniprésence du numérique ne sont sans doute pas fondées heureusement!
Commenter  J’apprécie         40