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Citation de Cielvariable


« Un cauchemar, un vrai cauchemar... » Antoine ne trouvait pas d’autre mot. Voilà ce qu’il avait vécu à l’école aujourd’hui. Mais si l’école était finie, le cauchemar, lui, ne l’était pas. Même le vacarme de la ville, les lumières qui commençaient à s’allumer dans les rues de Paris, même les odeurs de marron grillé qui lui chatouillaient les narines, ne parvenaient pas à le chasser.

Antoine en avait gros sur le cœur.

Un bref instant, il s’arrêta pour ajuster sa gibecière et s’engagea rue des Boulets. Les boulets, c’est aux pieds qu’il les avait, à l’idée de devoir retourner le lendemain au collège. Après ce qui s’était passé. Cette histoire était trop injuste.

Toujours aussi furieux, il arriva rue Alexandre-Dumas.

– Alors, Antoine, l’école est finie ? L’oiseau rentre au nid ?

C’était Mme Ledru, la marchande de fruits et légumes. Comme à son habitude, elle avait un mot gentil pour les gens du quartier qui passaient devant son étal, sans jamais lâcher son travail. Mais cette fois, surprise, elle s’arrêta : Antoine n’avait pas répondu. Stupéfaite, elle releva la tête :

– Qu’est-ce qu’il a donc, Antoine ? Aurait-il eu le bonnet d’âne ? Sa langue est-elle tombée en panne ?

Chacun l’aura compris, Mme Ledru adorait quand « ça rimait », comme elle disait. C’était sa façon à elle d’être poète.

Antoine, le visage fermé, continuait sa route.

– Il est devenu sourd, ma parole ! Ou bien il a un problème, ce gosse ! Il est si causant, d’ordinaire !

Là, pour le coup, ça ne rimait plus. Intriguée, elle se pencha par-dessus son étal. Antoine remontait la rue comme un automate.

Tout en alignant ses endives, Mme Ledru se mit à réfléchir :

– Mon histoire de bonnet d’âne ne tient pas debout. Hier encore sa grand-mère m’a dit qu’il réussissait très bien au collège. Il y a sûrement autre chose. Voyons voir... Mais oui, ça y est. J’y suis. C’est bête comme chou. Il est amoureux fou, ce roudoudou ! Pas encore ses douze ans et déjà des peines de coeur ! Ah, il n’a pas fini d’en voir, Antoine, conclut-elle en saisissant une pomme au passage, qu’elle croqua à belles dents.
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