Un ciel de toile peinte, hollywoodien, me frappe de plein fouet : une spirale moutonnante de gros nuages dodus, très blancs, s'enroulant, dans un grand geste galactique, mais en la laissant humblement, craintivement, à découvert, autour d'une lune pleine et royale, au halo détouré et puissant, qu'un second anneau de lumière, prismatique, magnifie, mais oui, c'est bel et bien un arc-en-ciel, complet, glorieux, nocturne ; je fixe, fasciné, ce phénomène ignoré de moi, me rends compte alors que la toile n'est pas peinte, qu'un vent, sans doute, imprime à la spirale-banquise un léger mouvement ; ce dernier s'accélère, la révolte gronde, l'impératrice est renversée, un instant s'éclipse, puis ses sujets s'écartent, fondent, s'éteignent, l'anneau spectral et coloré n'est plus, dis minutes ont suffi pour détruire le tableau fantastique