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Citation de brigetoun


Il n’y connaît pas grand-chose en arbres, largué dans une forêt avec la mission d’en nommer une douzaine il aurait fait chou blanc ; mais il remet au premier coup d’oeil les tilleuls, pour les avoir longuement observés, toutes les fois qu’il a pu passer du temps à leur côté, sous eux serait plus juste car il n’y a rien de mieux, trouve-t-il que de s’étendre sous leur feuillage, par temps clair, mais versatile, quand la lumière bavarde parcourt sa gamme, le tilleul, trouve-t-il encore, accrochant, superposant, décomposant celle-ci comme pas un ; sans doute la chose est connue, évidente pour les amateurs, galvaudée même, c’est à craindre, tant elle est remarquable, la tendresse et la fraîcheur inimitables de ce vert, maintenant qu’il y pensait universellement réputé sous le nom de vert tilleul (robes, rubans, papiers peints), et la transparence de ces feuilles, leur forme si propre à rappeler les pointillistes, plissât-on les paupières ou, se levant soudain, prît-on du recul – cette teinte, cette texture et ces bords interceptent, avec une rapidité surprenante, la plus infime variation, donc, de la lumière, et c’est un délice, si le tilleul est bien vieux, bien grand, bien seul, de la voir se déplacer dans son ombrage, éclairer tout un pupitre de feuilles ou n’en exhausser qu’une le temps d’un bref accord acidulé, jaune, blanc, frangé, ou se distribuer en découpes, liserés, taches aquatiques. Celui qu’il avait sous les yeux, deux fois plus grand que lui, n’était qu’adolescent, son exposition laissait à désirer, trop au nord, la lumière le ratait de peu, son écho l’atteignait mais pas sa chaude présence – laquelle d’ailleurs tiédissait comme, auparavant, le souffle du vent.
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