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Citation de enkidu_


Le Bushido est en accord intime avec les trois sources spirituelles du Japon, shintoïsme, bouddhisme zen et confucianisme. Il se nourrit de l’immanence du shinto, religion panthéiste affranchie de toute idée d’au-delà qui associe le culte des ancêtres à celui de la nature. Le Bushido s’en inspire, cultivant aussi la vertu bouddhiste du détachement et de l’oubli de soi. Mais il s’agit d’un bouddhisme nipponisé, débarrassé de la non-violence, amendé par la sagesse du zen qui enseigne la domination de soi par la pratique d’une « voie », en l’occurrence celle des divers arts martiaux. Enfin, la troisième source, le confucianisme, est une sagesse se rapportant à la vie sociale. Outre la politesse, il enseigne que chacun doit assumer des devoirs en proportion de sa position dans la hiérarchie.

Au cours de ses longues années de formation, le futur samouraï se transforme. Il se délivre de la crainte de la mort, ultime secret de l’art du sabre. « Je découvris que la Voie du samouraï c’est la mort », écrit Jôchô Yamamoto dans le Hagakuré, traité de savoir-vivre rédigé au XVIIe siècle à l’usage des bushi(1). « Si tu es tenu de choisir entre la mort et la vie, choisis sans hésiter la mort. Rien n’est plus simple. Rassemble ton courage et agis. A en croire certains, mourir sans avoir accompli sa mission ce serait mourir en vain. C’est là une contrefaçon de l’éthique samouraï. Tous, nous préférons vivre. Rien que de plus naturel, donc, que de chercher une excuse pour survivre. Mais celui qui a choisi de continuer à vivre alors qu’il a failli à sa mission, celui-là encourra le mépris qui va aux lâches et aux misérables. » Ainsi échappe-t-on à l’angoisse de vivre et à la peur de mourir.

Si l’emblème des samouraïs est la fleur de cerisier qui tombe avant d’être fanée, ce n’est pas un hasard. « Comme dans un rayon de soleil matinal, le pétale d’une fleur de cerisier se détache, ainsi l’homme impavide doit pouvoir se détacher de l’existence, silencieusement et d’un cœur que rien n’agite(2). »

(1) Le texte du Hagakuré a été recueilli et commenté par Mishima dans Le Japon moderne et l’éthique samouraï (Gallimard, 1985). Une autre version du Hagakuré a été publiée par les éditions Trédaniel. Les pensées du samouraï Jochô Yamamoto expriment des critiques acerbes contre le Japon pacifique et prospère de l’époque Tokugawa (XVIIe siècle). Voir aussi l’ouvrage de Rinaldo Massi, Bushido. La Voie des Smouraï (Puiseaux, Pardès, 1997).

(2) Eugen Herrigel, Le Zen dans l’art chevaleresque du tir à l’arc, Paris, Dervy, 1970. (pp. 110-112)
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