Si vous aimez les récits trépidants ou intenses, passez votre chemin.
En revanche, si vous souhaitez découvrir la vie d'une famille de papetiers fin XVIII-début XIXe qui s'écoule au rythme tranquille des 399 pages de cet ouvrage, poursuivez vos pas sur le petit sentier puis longez le bief jusqu'au moulin à papier de la petite vallée du verger, celui des Maurellieras. Arrêtez-vous un instant pour admirer l'articulation des roues à augets construites en cœur de chêne, actionnées par la chute d'eau prise un peu en amont dont la force vous saisira. Puis pénétrez dans le moulin et plongez dans l'ouvrage de Dominique Villeveygoux.
Son récit est passionnant d'un point de vue historique car il est très documenté, tant sur la vie rurale à cette période que sur le métier de papetier, le fonctionnement des moulins, les étapes de fabrication du papier et même le langage utilisé. Un petit lexique se trouve en fin d'ouvrage pour vous y retrouver entre les peillarots ou les découcheurs ! Vous finirez cette lecture en ayant le sentiment d'avoir vécu un peu de la vie de cette famille et plus riche de connaissances.
Je dois cette douce lecture à @JonathanLecuyer qui a déposé un billet enthousiaste et détaillé que je vous invite à consulter ! Quant à moi, je me suis assez reposée, je vais retourner à mes lectures plus mouvementées ou plus sombres :)
Pour finir, un mot du livre en tant qu'objet : très réussi selon moi, avec une jolie couverture raccord avec le texte, souple au toucher agréable ainsi qu'une belle qualité de papier. Un bel objet au label « imprim'vert ».
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La vallée du verge de Dominique Villeveygoux, c’est un peu comme lire du Zola ou du Balzac, mais avec un style un peu plus moderne.
Quel plaisir à lire, comme les auteurs cités plus haut, le roman traite d’une tranche de vie qui se déroule sur plusieurs années. On va suivre la famille Maurellieras dans sa vie quotidienne, ainsi que quelques autres personnages gravitant autour ou interagissant avec les membres de cette même famille.
Ça se situe après la révolution, pendant la période régie par le calendrier républicain, vous savez les mois comme ventôse, fructidor,etc. Les temps sont compliqués, la révolution a laissé des traces et la France se reconstruit avec des idéaux qui ont balayé beaucoup de principes, ce qui force chacun à s’adapter. La famille Maurellieras travaille dans la confection de papier, le père Georges mène la barque accompagnée de ses deux fils, le plus vieux François et le cadet Jean, mais également sa femme Marie et sa mère Ange, qui vit sous leur toit.
Pris par la main, on devient comme un membre invisible de cette famille, comme si nous aussi nous avions une masure dans cette vallée.
Il faut saluer l’énorme travail de recherche et de documentation de l’auteur, c’est tellement bien écrit en rapport à l’époque traitée que l’on a l’impression que livre a été écrit par un contemporain de la famille Maurellieras. J’ai adoré découvrir le fonctionnement d’une papeterie à cette époque, mais également toutes les activités paysannes et agricoles de cette époque, le rythme de vie, la dureté de la vie en soit.
Car oui nous de nous jours, on parle d’une semaine à 4 jours travaillés et 3 chômés… À cette époque, c’était un jour de repos par semaine, le décadi… C’est quoi le décadi ? Le dixième jour de la semaine ; bah oui, sous le calendrier républicain, il y avait trois semaines de 10 jours, soit trois jours de repos par mois. Petite précision les journées de travail commençait à 05 h 00 et finissait à 17 h 00 ! Aïe, les syndicats en sueur ^^
Si vous êtes amoureux d’histoire, curieux des conditions de vie de nos ancêtres, curieux des techniques artisanales de l’époque, gourmand de texte bien écrit et « typé » XVIII / XIX, c’est fait pour vous.
C’est quasiment un récit historique, l’auteur précise en épilogue la nature des recherches et ce qui est vrai ou romancé.
Mais ce bouquin sent bon la bienveillance des personnages, met en lumière des valeurs qui nous font défaut de nos jours, la bienveillance, l’entraide, l’humanité, l’humilité.
L’ambiance, les personnages, les épreuves traversées, les succès rencontrés vous font tomber en complète empathie pour eux, si bien qu’il m’est arrivé de verser ma larme !!
Je ne peux que recommander chaudement ce livre et la critique de ElBaathory qui complète la mienne et qui est on ne peut plus juste !
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