AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Prudence


LES DISPARUS
Ils laissent derrière eux un doute sans limite.
Car, sombres dans l’azur d’un soir insidieux,
L’évanouissement de ces hommes imite
La disparition des marins et des dieux !

Beaucoup reparaîtront dans la maison ravie ;
Mais d’autres, pour lesquels on diffère les pleurs,
Déjà morts, sentiront se prolonger leur vie
Du temps qu’il faudra mettre à mourir dans les cœurs.

Peut-être on souffre moins quand la mort dont on souffre
A fermé devant nous sa porte de rocher ;
Mais ce mot « disparu » reste ouvert comme un gouffre
Au fond duquel les yeux s’obstinent à chercher.

Comment croire à des fins que nul signe ne marque ?
Comment persuader la maison dont le seuil
A du berceau, jadis, pu voir entrer la barque.
Et n’a pas vu sortir le vaisseau du cercueil ?

La douleur qui n’a pas sa date nécessaire
S’assied comme un aveugle au sein d’un carrefour ;
Et ceux-là dont la mort est sans anniversaire
Ne cesseront jamais de mourir chaque jour.

L’espace est devenu leur vague sépulture.
Où vont-ils ? où sont-ils ? On ne sait rien, sinon
Qu’ils ont réalisé la gloire la plus pure,
Puisqu’ils ne seront plus qu’une âme dans un nom !

Ceux qu’on n’a pas vus morts ont continué d’être.
Il est un endroit pâle où tous les Disparus
Attendent, pour pouvoir tout à fait disparaître.
L’instant où de leur mort on ne doutera plus.

Les morts ne sont pas morts qu’on croit vivants encore ;
Et dans une clairière où viennent s’entrouvrir
Tous les sentiers hagards qui mènent à l’aurore.
Ces morts mystérieux attendent de mourir.
Commenter  J’apprécie          90





Ont apprécié cette citation (9)voir plus




{* *}