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Critiques de Edouard Bourdet (6)
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Vient de paraître

Une pièce de théâtre n'en finit pas de revenir sur le devant de la scène.

Cette fois, les feux de la rampe ont été braqués sur elle par Catherine Valenti et Jean-Yves le Naour dans leur brillant ouvrage,"120 ans de prix Goncourt" qui vient de paraître à la collection "Omnibus" des éditions "Perrin".

"Vient de paraître", c'est d'ailleurs le titre de cette comédie en quatre actes d'Édouard Bourdet qui a été représentée, pour la première fois, le 25 novembre 1927, au théâtre de la Michodière, quelques jours avant la remise du prix Goncourt à Maurice Bedel pour "Jérôme 60° latitude nord".

Mais quel rapport peut-il bien y avoir entre cet éclat de rire à la Michodière et ce très attendu moment rituel de la vie littéraire française ?

C'est que, nous a dit Mr Franc-Nohain dans "L'Echo de Paris", Édouard Bourdet a voulu présenter dans "Vient de paraître" moins un tableau du monde littéraire que son raccourci caricatural : auteurs vaniteux et jaloux préoccupés de faire valoir leurs oeuvres plutôt que de les écrire, éditeurs qui ne songent qu'à la valeur commerciale d'un livre, lauriers littéraires distribués au petit bonheur la chance, à l'intérêt et à l'intrigue par des jurés qui, de toute façon, se sont bien gardés de lire les livres qu'ils vont couronner !

Cette fois, il s'en prend aux gens de lettres et il n'est pas tendre : arrivisme féroce, égoïsme, rivalités sournoises, souci de la publicité plus que de l'art, snobisme....le portrait n'est pas flatteur.

Son personnage principal est un garçon qui n'est pas plus doué pour la littérature que pour autre chose et qui, faute d'imagination, ne peut écrire que pour raconter les histoires qui se passent dans son ménage.

Peu à peu, son esprit puis son coeur subissent une déformation professionnelle cynique.

Il n'agit plus et ne pense plus que comme l'homme de lettres, torturé par la souffrance de la création ...

Le prix Zola va être décerné dans les heures à venir ...

Maréchal est le grand favori !

Le jury lui paraît acquis, sauf peut-être Bourgine et Noisy.

Mais le premier sera rallié par sa haine de Souday qui les empêchent de voter en faveur du même livre, et au second on proposera une critique dramatique au journal "Lutetia".

A la maison d'édition de Julien Moscat, le livre écrit par Maréchal a déjà été tiré à 25.000 exemplaires et la camionnette pour les expéditions de province est chargée, prête à partir.

C'est l'effervescence dans la maison !

C'est le moment qu'a choisi Marc Fournier, un jeune employé du Ministère des Finances, pour venir saluer le patron ... et lui soumettre un manuscrit.

Il est venu, est reparti, est revenu, reparti et repassera.

Il n'est pas pressé et puis il a connu Moscat, le patron, au régiment, il y a une quinzaine d'années à Châteauroux ...

La pièce d'Édouard Bourdet aurait tourné six cent quatre-vingt trois soirs de suite à la Michodière.

Elle a été portée à l'écran, en 1949, par Jacques Houssin avec un film où Pierre Fresnay et Blanchette Brunoy se donnaient la réplique.

Un certain Louis de Funès y fait même une brève apparition de figurant.

"Vient de paraître" est une pièce drôle et rapide.

Un jury composé d'illustres écrivains est-il soumis à la volonté d'un puissant éditeur ?

L'auteur n'est-il préoccupé que par l'intérêt matériel ?

L'éditeur ne songe-t-il qu'au bluff ?

Que Dieu me savonne et qu'Edmond de Goncourt me pardonne, mais cela ne se peut.

Cela serait par trop insupportable !

Mais, en 1927, à la suite de la répétition générale, Mr Pawlowski, critique au "Journal", écrivait :

"Cette cruelle mais équitable satire de moeurs littéraires a triomphé à la générale auprès d'un public qui pouvait presque mettre des noms sur chaque anecdote".

D'aucuns auraient même cru y reconnaître Bernard Grasset et Gaston Gallimard.

Mais cela ne se peut, cela aurait été par trop insupportable !

Claude Berton, lui dans les "Nouvelles littéraires", a félicité le théâtre de la Michodière d'avoir accueilli une pièce qui "inaugurera le règne de la comédie qui doit avoir l'ambition de remplacer le vaudeville".

Ce morceau de scène d'Edouard Bourdet a été publié, en juin 1928, dans le 209ème numéro de "La Petite Illustration" théâtrale.

En juin 2004, la pièce a été rééditée à la la collection "Folio Théâtre" des éditions "Gallimard".

Elle n'avait pris que quelques rides et reflets jaune sur son papier, mais avait gardé tout son mordant et son humour.

Dans le "Journal des Débats", Henry Bidou, en 1927, parlait de "sentiments feints, d'appétits décidés, de sincères et de faux sincères, de calculs sans scrupules et de scrupules qui les déjouent.

Et des coups de hasard qui, en se contrariant, ont fait de tout cela une aventure pleine d'esprit" !

Sans oublier qu'un "littérateur, c'est comme un opérateur de cinéma, ça doit être prêt à tout enregistrer, même les catastrophes, surtout les catastrophes" et les drames d'amour ...
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Fric-Frac

"Fric-Frac" est une comédie en cinq actes qui a été représentée pour la première fois, à Paris, le 15 octobre 1936, au théâtre de la Michodière.

Ce même jour, son auteur, Édouard Bourdet, prenait ses nouvelles fonctions d'administrateur général de la Comédie-Française !

D'aucuns se sont scandalisés, beaucoup ont souri de cette facétie du hasard.

Le vigilant gardien de nos "classiques" venait de signer "Fic-Frac", une pièce en argot.

Dans une note insérée au programme de la répétition générale Édouard Bourdet s'en explique avec beaucoup d'humour : il voit déjà les satiristes représentant "Andromaque" parlant à la façon d'un apache de la porte de Montreuil.

Car "Fric-Frac" se passe chez ceux que l'on appelait au temps de Villon les "truands".

Marcel est un naïf garçon, commis de bijouterie.

Renée Mercandieu la fille du patron le regarde d'un air attendri.

Il a fait la connaissance, à une manifestation sportive, d'un couple qu'il croit être, comme lui, de braves employés.

Mais ses nouveaux amis, Jo et Loulou, appartiennent à la pègre et leur fréquentation le jette dans les aventures les plus mouvementées.

Il est arrêté dans une rafle, passé à tabac par la police et devient, à son insu, l'indicateur d'un "fric-frac", c'est à dire d'un cambriolage, dans la boutique de son propre patron.

Tout cela jusqu'à le très fantaisiste dénouement qui arrangera les choses par un irréprochable mariage.....

La comédie est plaisante. Elle tourne rond.

C'est une admirable mécanique, réglée au dixième de millimètre.

A la sortie de la répétition générale, Gérard Bauer écrivait dans le journal "l’Écho de Paris" :

"Le milieu des mauvais garçons et des "affranchis" n'est pas précisément un milieu avec lequel on souhaite passer sa soirée. Eh bien, je suis certain que le public parisien va se divertir durant des mois à passer ses soirées avec les héros, si l'on peut dire, de Mr Édouard Bourdet..."

L'avenir lui donnera raison.

Une adaptation cinématographique est même réalisée en 1939.

A cette occasion Fernandel, dans le rôle de Marcel, le jeune commis naïf, rejoindra le fabuleux duo, déjà présent sur la scène de la Michodière : Arletty et Michel Simon.

Ce sera la seule occasion pour Michel Simon et Fernandel de jouer ensembles.

Cette pièce est un formidable moment de théâtre.

"Qu'adviendra-t-il de "Fric-Frac ?" a demandé quelque-part un esprit chagrin.

La grande Mme Colette a répondu dans "le Journal" :

"Dans dix ans, dans vingt ans ?

Esprits chagrins, ne vous mettez pas en peine.

Quand "Fric-Frac" sera devenu inintelligible aux générations futures, Bourdet nous aura donné deux, dix autres pièces...."

Dépassant les prédictions les plus optimistes du grand écrivain, le temps a livré son verdict, "Fric-Frac" est aujourd'hui intact !
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Edouard Bourdet. L'Heure du berger, comédie e..

"L'heure du berger" est la troisième pièce d'Edouard Bourdet. C'est une comédie délicieuse, adroitement construite et dialoguée de la façon la plus juste qui soit.

Cette pièce pourrait s'appeler : "Monsieur Josette, mon mari". Il y a là une histoire d'amour et rien qu'une histoire d'amour, sans complications inédites, sans péripéties dramatiques mais contée avec talent.

Francine a vingt-huit-ans, pour elle sonne l'heure du berger, le temps où elle s'apprête à répondre à l'amour d'Antoine. Mais son père, le vieux savant Bellavoine, n'acceptera jamais, ayant trop besoin d'elle à ses côtés, de la partager avec un mari....

Lors de la répétition générale, en 1922, Eugène Marsan écrivit dans "Paris-journal" : Voici un auteur qui sait être pénétrant, psychologue sans rébus, hardi sans fraude et, d'autre part, clair sans vulgarité...

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Fric-Frac

Edouard Bourdet est un des grands maîtres du théâtre de boulevard de l’entre-deux guerres dont la pièce "Fric-Frac" fut un succès au théâtre de la Michodière en 1936 comme au cinéma en 1939 dans l'adaptation de Maurice Lehmann et Claude Autant-Lara avec Arletty, Fernandel et Michel Simon.



Cette pièce en cinq actes est vraiment drôle car elle donne à l’argot de l’époque ses lettres de noblesse. La gouaille de Loulou et de Jo va faire écho aux bonnes manières de Marcel et de Renée de façon pittoresque.

Il faut dire que Marcel est un grand naïf qui tombe sous le charme ravageur de Loulou, femme de mauvaise vie, alors que Mademoiselle Renée rêve d’en faire son fiancé. Cette dernière est la fille du bijoutier Mercandieu, le patron de Marcel, ce qui donne quelques idées à la belle Loulou. Avec son copain Jo dit Jo-les-bras-coupés elle va vite organiser un "Fric-Frac" (ou si vous préférez un casse de bijouterie) parce qu'elle a besoin d'oseille pour son homme en prison.

Marcel va, bien malgré lui, se retrouver dans le milieu des petits truands sans envergure de Paname mais il ne sera pas forcément le pigeon que l'on croit.



Je me suis bien amusée avec cette pièce où les personnages sont tous attachants, avec leurs qualités et leurs défauts, d'autant plus qu'elle sert de prétexte à une étude des mœurs d'une bourgeoisie conservatrice et du monde de la cambriole.





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Margot

Edouard Bourdet est un dramaturge, moraliste et satirique, plus enclin à peindre les milieux et les mœurs du jour que de nous transporter, trois siècles plus tôt, à la cour des Valois.

Mais à y regarder de plus près, "Margot" tout en empruntant à l'Histoire ses costumes et ses personnages, est avant-tout une pièce psychologique un peu troublante.

Marguerite de France, dite Marguerite de Navarre après son mariage avec Henri IV, aurait éprouvé pour son frère, Henri III, une passion anormale que celui-ci partageait inconsciemment. Cet amour inavoué et impossible se serait bientôt transformé en haine, dont Marguerite devint la victime.

Même si l'auteur rejette un peu au second plan les événements historiques pour nous livrer l'étude de ce cas, supposé et contesté historiquement, de déviation sentimentale que les freudistes appellent "un refoulement", il nous offre cependant notre content de conspirations .

La distribution de cette pièce est prestigieuse, tant au niveau des personnages que de ses interprètes, on y retrouve entre autres grandes figures historiques Margot, Jeanne d'Albret, Henri III, Charles IX, Guise mais aussi Brantôme, Coligny et Henri de Navarre qui deviendra un de nos rois les plus populaires.

La pièce fut jouée en 1935 au "Théâtre Marigny" dans une mise en scène somptueuse où apparaissaient au générique Yvonne Printemps, Pierre Fresnay, Mady Berry, Jacques Dumesnil et un certain Charles Aznavour dans le role de Navarre enfant.

L'oeuvre d' Edouard Bourdet, dit un critique de son époque, ressemble à "Phèdre" elle respire à la fois l'inceste et l'imposture et pourtant elle reste vertueuse. Elle reste aussi, aujourd'hui, un beau morceau de Théâtre qu'on redécouvre avec plaisir.
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Vient de paraître

On devine aisément les maisons d'éditions qui rivalisent pour le prix Goncourt et les autres prix littéraires. Elle s'exacerbe à l'approche des dates des prix. Elles sont en ébullition car le chiffre d'affaires en dépend.

La mise en scène fait que le spectateur sait parfois plus que quelques personnages sur les tractations, les combines et les arrangements de ce milieu.

Rien de plus terre à terre dans le langage et l'attitude des personnages où l'effet de réel est primordial. Le phrasé est simple et rapide et les situations concrètes et précises. Rien à cacher au spectateur.

Par contre les personnages se prêtent à toute sorte de manigances, de secrets, de vengeances et de trahisons.

Parfois c'est comique et parfois c'est tragique (parfois les deux en même temps) dans un heureux mélange de genres.

La pièce s'accélère pas moments à la façon d'un vaudeville, ou comme dans Molière et tout le bon théâtre de boulevard.

Les personnages fluent de tous le côtés : messagers, courriers, coup de téléphone, informateurs, journalistes se bousculent dans une ronde infernale où trône Moscat, le directeur de la Maison, qui se trouve lui-même empêtré et pris dans son propre filet. en train de poursuivre de sa haine Maréchal, directeur de la Maison concurrente.

Au milieu d'eux Marc Fournier, un jeune auteur ne sait pas d'où donner de la tête et qui n'arrive pas à finir son troisième roman et qui doit être aidé par sa femme Jacqueline, aguichée par Moscat pour inventer une suite à son histoire. La réalité se même donc à la fiction et l'issue est incertaine...







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