Une bouffée d’angoisse l’envahit, explosa puis se répandit comme une onde de néant silencieuse. Car il n’y avait rien qu’il eut envie de voir ni rien qu’il eut envie d’entendre. S’il avait pu entendre, les infirmières lui auraient dit qu’il était aveugle. S’il avait pu voir, les infirmières auraient écrit un mot pour l’informer qu’il était sourd. Je n’aurais pas peur, se promit-il. Je serai plus grand que tout le monde. Je serai mort. Je serai sur cette terre plus proche de la mort que quiconque, et je saurai ce que seuls savent les morts. C’est quelque chose, pensa-t-il, que de savoir ce que seuls savent les morts. Et qu’est-ce donc ? Tout ce qu’ils savent, c’est que jadis ils vécurent, et qu’ils ne sont morts que pour cette seule raison.