Entre leurs tournées, les médecins et infirmières plus âgés parlaient à voix basse du gars du quatrième étage si grièvement brûlé que c’était un miracle qu’il eût survécu. Ils parlaient toujours vite quand ils parlaient de lui, murmurant au-dessus de leurs cafés, serrés les uns contre les autres dans un ascenseur. Ils disaient toujours la même chose : c’était le gars le plus grièvement brûlé des deux guerres réunies, je suis pas sûr que je voudrais qu’on me garde en vie dans cet état, ce n’est qu’une question de temps. Ces mots-là, ils les disaient tous : une question de temps. Et nom de Dieu comme c’était vrai. Pour mon ami, c’était une question de jours, de semaines, de mois, d’années, à rester allongé dans ce lit sans avoir le droit de mourir.