Pendant bien longtemps j’ai vécu avec l’idée que j’étais l’être le plus normal qui fut jamais. Cette idée me donna le goût, voire la passion, de l’improductivité : à quoi bon se faire valoir dans un monde peuplé de fous, enfoncé dans la niaiserie ou le délire ? Pour qui se dépenser et à quelle fin ? Reste à savoir si je me suis entièrement libéré de cette certitude, salvatrice dans l’absolu, ruineuse dans l’immédiat.