Citation de okka
p.135-6.
Chaque année, des milliers de joyeux campagnards roulaient vers Londres comme si tout le pays était en pente et menait vers la ville, mais chaque année, ils roulaient en plus grand nombre encore dans les tombes anonymes des cimetières de pauvres, s'ils avaient de la chance – et dans des auges à cochon ou des fours d'incinération s'ils n'en avaient pas. Il est vrai que les meurtres étaient rares, mais lorsque c'était la ville qui tuait, on n'appelait pas cela un meurtre. Quand une usine avalait une douzaine de bras et de jambes par semaine, on ne voyait là que le prix à payer pour avoir du travail. Si la main de quelqu'un était suffisamment rapide pour se saisir d'un shilling, elle devait l'être aussi pour éviter de se faire happer par la machine. C'était logique. D'ailleurs, quelle importance si quelques rustauds se retrouvaient sous terre avant terme ? Il y en avait toujours des dizaines d'autres qui faisaient la queue devant les usines.
Chaque année, des milliers de joyeux campagnards roulaient vers Londres comme si tout le pays était en pente et menait vers la ville, mais chaque année, ils roulaient en plus grand nombre encore dans les tombes anonymes des cimetières de pauvres, s'ils avaient de la chance – et dans des auges à cochon ou des fours d'incinération s'ils n'en avaient pas. Il est vrai que les meurtres étaient rares, mais lorsque c'était la ville qui tuait, on n'appelait pas cela un meurtre. Quand une usine avalait une douzaine de bras et de jambes par semaine, on ne voyait là que le prix à payer pour avoir du travail. Si la main de quelqu'un était suffisamment rapide pour se saisir d'un shilling, elle devait l'être aussi pour éviter de se faire happer par la machine. C'était logique. D'ailleurs, quelle importance si quelques rustauds se retrouvaient sous terre avant terme ? Il y en avait toujours des dizaines d'autres qui faisaient la queue devant les usines.
