II dit que vous avez de grandes choses à accomplir ici, lui révéla Jim en tirant sur son cigare. Que vous ne les avez pas encore, mais que cette charge vous demandera de grands sacrifices.
Bien qu’il sût que sa compagne possédait un caractère bien trempé et une volonté de fer, elle n’était cependant pas prête à recevoir la barbarie de ce monde en plein visage, à percevoir la sauvagerie de la folie humaine, la cruauté dans son plus simple appareil, au nom de l’évolution de l’humanité. D’ailleurs, lui non plus ne s’était jamais vraiment habitué à la cruauté de ses congénères. L’Irak en avait encore été le théâtre sanglant. Et il avait été aux premières loges de cette boucherie, menée pour l’intérêt de quelques grosses compagnies pétrolières et de l’industrie de l’armement en manque de nouveaux marchés.
Ce peuple reculé ne tolère aucun Blanc sur son territoire… Encore aujourd’hui, on ne connaît pratiquement rien de lui. Un vrai mystère plane sur son mode de vie ancestral et ses pratiques chamaniques. Plusieurs histoires relatent que tous les Blancs qui se sont aventurés à fouler leurs terres ont disparu, emportés par les esprits de la forêt et qu’on ne les a plus jamais revus…
Le réel exil commence lorsque le présent est confisqué, quand on est condamné à rêver le temps d’avant et à attendre l’avenir.
L’art est universel, il n’a pas de frontières
et l’artiste n’est qu’un simple migrant de la beauté
Une fois de retour au campement, Jim rassembla en un temps record tout le nécessaire pour bivouaquer dans deux sacs à dos volumineux. Il n'oublia pas de s'équiper de son fidèle fusil à pompe au canon scié qu'il fixa à son ceinturon, ainsi que d'un fusil à lunette et d'une cartouchière car, même en plein jour, le fait de traverser la jungle restait une entreprise périlleuse, avec son lot de serpents venimeux, de jaguars tapis dans les souches creuses des micrandas et de redoutables caïmans noirs, mangeurs d'hommes.
« L’esprit n’est jamais né, l’esprit ne cessera jamais. Et il n’y eut pas de temps où il n’était pas. Fin et commencement ne sont que des rêves. »
Yaméo.
Rien de mieux que les yeux des esprits et la protection des piquants recouvrant l’écorce des mapajos aux vertus magiques.
Les hommes de ce pays n’ont qu’une parole, leur vie est remise en question à chaque instant…