Eric Tellenne

"J'étais Paris pour elle,comme Tara incarnait pour moi la Californie.Là résidait l'ampleur de notre amour- et ses limites" confie le narrateur,un étudiant en anglais à la Sorbonne surnommé "Boy" par ses copines et surtout sa copine Tara "fruit du Nouveau-monde" aux pétillantes réparties.

Dur, dur de surmonter des différences de langue, de culture,de projets,d'éducation...même si, le coup de foudre est au rendez-vous, même si le désir et le plaisir se renouvellent sans cesse, même si on fume des joints en cadence,même si,malgré les apparences (elle est "habillée en chomeuse" et lui plus classique), on est issu d'un même milieu bourgeois (Boy est le beau-fils d'un diplomate et Tara la fille d'un journaliste financier)..

.Eric Tellenne (poète et romancier dont La clé des champs a obtenu un prix Henri Mondor de l'Académie française) brosse (avec un humour mordant) dans Miss Américan Pie, deux portraits forts à l'opposé (il est un "poulet d'élevage" pour elle et on la prend pour un "gay californien").

Ce premier roman qui nous balade dans Paris de musée en restaurant puis boite de nuit et dans un Trouville vacancier ou festif est truffé de dialogues savoureux,de descriptions imagées (ex:au sujet la copine anglaise Heather "sur l'échafaud,elle ne cesserait de proclamer la suprématie de son île").

Comment ne pas penser au roman Faux-père de Philippe Vilain ( amours contrariées d'un Français et d'une Italienne dont le premier refuse la paternité de l'enfant que l'autre lui fait dans le dos) car même si l'enfant ne pointe pas son nez les projets à longue échéance sont exclus du côté masculin.

Comment ne pas penser à Pas son genre de Philippe Vilain aussi (sur l'amour impossible d'un prof de philo pour une coiffeuse) car même si l'écart est plus ténu les "bras d'honneur" au féminin et les rave-parties ne sont pas au programme Sorbonne.

J'ai apprécié la lecture de Miss American Pie car, outre le questionnement amoureux sur des couples aux trop grandes différences, ce sont deux continents qui nous sont livrés ici.

Même si je me suis ouverte aux classiques depuis quelques années, je connais très peu le romantisme en règle générale. Je connais ses principes, mais je n’en ai pas lu beaucoup et je ne connaissais pas non plus les origines de ce genre qui a pourtant révolutionné la littérature. J’ai donc craqué en voyant ce titre dans la nouvelle opération Masse Critique de Babelio.



La plus grande partie de l’oeuvre traite des histoires de beaucoup d’écrivains qui ont fait naître le romantisme en France, en évoquant des anecdotes qui ont eu leur importance dans leurs vies ou qui ont marqué certaines de leurs créations, le plus souvent des poèmes. L’écriture s’articule en chapitres, chacun dédié à un personnage en particulier, et le tout s’enchaîne assez vite. Il n’y a pas encore de véritable lien entre les écrivains durant cette partie du roman, bien que leurs œuvres futures soient souvent évoquées. J’ai trouvé cette partie du livre assez intéressante, même si j’ai préféré certains chapitres à d’autres, ce qui est assez inévitable.



La seconde partie du roman, qui est du coup beaucoup plus courte raconte les rencontres entre ces personnages qui se rassemblent autour de lectures ou de discussions dans des salons. Ces membres travaillent au renouveau de leur art envers et contre tout, en particulier la rigidité du classicisme jusqu’au triomphe de Hugo avec sa pièce Hernani.



Ce roman m’a appris beaucoup de choses malgré un nombre de pages finalement assez faible (174 pour être exacte) mais j’ai trouvé qu’il ne tenait pas toutes ses promesses, ou du moins celles que j’avais trouvées dans le résumé ou même dans le titre. On parle d’une « explosion » romantique, d’une « exaltation » et j’ai eu du mal à ressentir un véritable enthousiasme au fil des pages même si quelques passages transmettent ces émotions. La seconde partie, qui traite véritablement du sujet dont parle le résumé est, comme je l’ai dit précédemment, plus courte que la première et j’ai trouvé les choses un peu précipitées ou pas suffisamment développées.



Mais mon principal souci avec ce livre, c’est qu’il propose soit trop, soit trop peu. Trop, si on veut simplement être introduits au sujet du romantisme puisqu’il évoque des détails sans réellement définir le genre du romantisme et sans s’attarder sur ses caractéristiques. Trop peu, si connaît déjà bien le sujet et que l’on souhaite vraiment l’approfondir. Je n’ai donc pas bien compris à quel public cette histoire pouvait s’adresser et j’ai parfois été perdue.



Je pense que c’est tout de même une lecture enrichissante pour ceux qui s’intéressent au sujet du romantisme ou à l’histoire de la littérature en général, mais elle demande une recherche personnelle ou certaines connaissances pour être bien abordée.



Je remercie Babelio ainsi que les éditions du Rocher pour m’avoir permis de découvrir ce livre dans le cadre de l’opération Masse Critique du 16 septembre 2015.

UNE PLONGÉE DANS LA BRETAGNE MÉDIÉVALE, TERRE DE LÉGENDES

En lisant le communiqué de presse, j'ai vite compris que j'allais me plonger dans la lecture d'un roman historique fantastique se déroulant dans la Bretagne de l'an 1300. Si je ne suis pas férue de littérature fantastique, j'aime les légendes, les atmosphères brumeuses, les phénomènes paranormaux, donc pas totalement hermétique ! Et la quatrième de couverture m'a confirmé cette impression : nous sommes donc en Bretagne, en l'an 1300, à une période où les femmes ne choisissaient pas leur mari (il a fallu attendre un sacré bout de temps avant que ce soit le cas : le mariage d'amour n'existait pas ou bien c'était le fruit d'un heureux hasard). Et la noble Loïza de Tréhorenteuc n'échappe pas à la règle : promise au rustre Ehouarn le Fort, comte de Quimper, elle est amoureuse du bel écuyer Ronan Le Scaër qu'elle a croisé sur le chemin la menant au château de son futur époux alors qu'il proposait ses services au sénéchal d'Ehouarn. Le hasard faisant bien les choses, ce jeune homme est engagé par le comte, pour le plus grand plaisir de Loïza... mais il y a un obstacle à son amour : son mari ! Désespérée, elle fait appel à sa cousine Morgaine qui l'accompagne. Celle-ci, férue de sorcellerie, jette un sort à Ehouarn le rendant insensible à la beauté de Loïza et facilite ses rencontres avec Ronan. Mais celui-ci doit bientôt partir pourchasser une créature malfaisante, le Maugriffu, qui s'attaque aux jeunes vierges sur le territoire du comte...



UN ROMAN QUI RÉPOND AUX CODES DU GENRE

Après la lecture de ce petit résumé, on s'aperçoit vite que ce roman n'est pas seulement un roman historique fantastique, car il reprend également tous les codes liés au roman sentimental. En effet, il met en présence quatre personnages principaux, deux féminins, deux masculins, qui s'opposent au sein de chacun de ces deux binômes :

– Du côté des femmes, nous avons la belle et innocente Loïza, qui rêve du grand amour. Elle est décrite comme aussi ravissante que sa mère : "même haute taille, même peau satinée, même traits harmonieux. Mais sa blondeur était de nuance plus pâle ; et ses yeux, d'eau grise et non bleue, mitigeaient sa beauté d'une mélancolie rêveuse", "Sa chevelure, séparée par une raie, s'épandait libre jusqu'à mi-corps." À l'opposé, sa sulfureuse cousine Morgaine, plus du tout innocente et adepte de la sorcellerie, tout aussi ravissante avec sa longue chevelure bouclée châtain cuivré.

– Du côté des hommes, nous sommes en présence du bel écuyer Ronan Le Scaër, jeune, grand, mince, les yeux bleu-mauve, des cheveux de jais, un maintien princier et de l'affreux Ehouarn le Fort, comte de Quimper, dont Loïza nous donne la description suivante : "il est laid comme le bourreau. Il s'habille en valet et il pue le chenil". Bref, il est rustre, sale, violent et coureur de jupons.

Si ces personnages stéréotypés correspondent bien aux codes du roman sentimental, certains passages sont également trop caricaturaux à mon goût, notamment les descriptions anatomiques et les scènes d'amour, cela flirte parfois avec le kitsch. Je dois bien avouer que la littérature sentimentale n'étant pas du tout ma tasse de thé, j'ai parfois trouvé cela "too much", mais il est certain que les adeptes de ce style de littérature y trouveront leur compte, car l'auteur maîtrise bien ces codes, mais aussi son histoire et ses personnages.



UN MÉLANGE ENTRE HISTOIRE ET ONIRISME

Si ce type de littérature n'est pas ma tasse de thé, pourquoi avoir continué à lire ce roman, me direz-vous ? Tout d'abord, l'histoire, si on la dépouille de tous ces oripeaux de sentimentalisme, est intéressante, comme un conte, et on a envie de savoir comment va se terminer ce roman : Loïza et Ronan pourront-ils vivre leur amour en plein jour ? Qui est ce Maugriffu qui terrorise toute une région ?... Ensuite, je dois bien avouer que cette atmosphère mystérieuse et onirique est envoûtante ! Par ailleurs, à travers son écriture fluide, légère et limpide, l'auteur parvient à faire se côtoyer deux dimensions de prime abord incompatibles – le réel et le fantastique – sans que cela soit artificiel ou choquant. Par petites touches, il y mêle du vocabulaire et des expressions d'époque, ce qui permet de maintenir le lecteur dans l'univers qu'il a créé. Autre atout : l'auteur parvient à retranscrire des ambiances, une atmosphère en très peu de mots.



UNE NARRATION CLASSIQUE MAIS PARFOIS UN PEU ABRUPTE

Tout au long du roman, l'auteur maintient le cap à une vitesse régulière, sauf à deux moments, et c'est assez étonnant et déconcertant :

– Lorsque Ronan et Loïza se rencontrent pour la première fois, leurs regards se croisent, la discussion s'engage entre Ronan et le sénéchal d'Ehouarn, puis le convoi repart sans qu'il ne soit fait mention des pensées et des sentiments de Ronan et de Loïza alors qu'ils s'éloignent l'un de l'autre : ils sont curieusement absents de la scène.

– La scène de chasse du Maugriffu, créature diabolique qui massacre des jeunes filles, est extrêmement courte alors que ce Maugriffu, évoqué dès le milieu du roman, prend crescendo une place de plus en importante dans le récit. Une scène tellement courte que je n'ai pas saisi ce qu'était finalement ce Maugriffu... petite déception, car j'espérais un développement autour de cette créature afin que le roman tende vers le policier ou bien davantage encore vers le fantastique. Cependant, la fin a le mérite d'être plutôt inattendue, se détachant de la tradition du conte...



Je remercie les Éditions Écriture pour cette lecture !

Le romantisme est un courant littéraire qui m’a fascinée lorsque j’ai eu l’occasion de l’étudier et c’est tout naturellement que j’ai été attirée par la 4ème de couverture de L’explosion romantique. La couverture de l’ouvrage est magnifique et donne envie également de le lire.



L’explosion romantique est un ouvrage qui porte la mention « roman » même s’il serait plutôt un mélange entre récit historique et essai. Nous y retrouvons une successions d’anecdotes sur des auteurs qui ont marqué, contribué à l’explosion romantique: Lamartine, De Vigny, Germaine Necker, Benjamin Costant, Nerval, etc. Des tranches de vies d’auteurs qui ont marqué l’histoire littéraire.



Le lecteur suivra individuellement ces auteurs tout au long d’une grande partie du texte: un chapitre, un auteur. La seconde partie est la plus intéressante car nous assistons enfin aux rencontres entre ces auteurs qui ont révolutionné leur temps. Leurs collaborations vont permettre au romantisme d’évoluer.



Le roman se lit comme une balade dans le passé et les pages se tournent rapidement. On arrive à faire de belles découvertes sur les auteurs cités dans l’ouvrage, même si, celui-ci ne se focalise pas sur cette « explosion » évoquée dans le titre. Toutefois, l’ouvrage demeure une lecture sympathique que l’on apprécie notamment grâce à la belle plume de l’auteur.



L’explosion romantique serait plus un complément de lecture à découvrir pour celles et ceux qui aiment se plonger dans l’histoire littéraire. Une lecture qui ne manque pas d’intérêt.
Lien : http://lesinstantsvolesalavi..

Une lecture singulière qui me réconcilie un petit peu avec son genre littéraire. Les romans historiques ne sont habituellement pas ma tasse de thé, mais l'écriture et l'histoire de celui-ci ont joué en sa faveur.

C'est une belle découverte !



Ma critique: http://www.leslecturesdelily.com/2014/09/ronan-et-loiza-ecrit-par-eric-tellenne.html#more

Comme quoi une première impression peut être la bonne : j'ai passé un excellent moment avec Ronan et Loïza qui m'a permis de me perdre dans la Bretagne du XIVème siècle. le roman est émaillé de tas de petits détails indiquant une connaissance approfondie de la période (ou un grand talent de mystificateur ? mais peu importe, c'est un roman).De la même façon, Eric Tellenne a choisi de rédiger son histoire d'une plume légèrement archaïsante, mais très agréable, pour nous plonger dans l'atmosphère médiévale d'un récit digne des Chevaliers de la Table Ronde. D'ailleurs le début de l'histoire m'a beaucoup rappelé Tristan et Iseult où la jeune fille est promise à un vieux roi mais s'éprend d'un jeune chevalier appartenant à l'escorte qui la conduit à son futur époux. Et comme dans les légendes arthuriennes, le surnaturel est discrètement présent à travers des filtres magiques, des monstres sanguinaires à vaincre,...Mais l'auteur s'affranchit ensuite un à un des codes du roman de chevalerie (amour courtois, code de l'honneur, etc) pour offrir un dénouement inédit où les héros ne sont pas ceux que l'on attendait. C'est surprenant et original, c'est aussi ce qui fait que je me souviendrai de ce roman...

L'auteur nous parle à chaque chapitre d'un auteur différents pour mettre en avant ceux qui ont mis à jour le romantisme. De Charles Nosier à Hugo, nous apprenons un pan de leur vie qui les a amenés à ce nouveau genre de littérature.

Je n'ai pas apprécié ce livre parce qu'il ne développe pas assez les évènements qui ont permis au romantisme d'éclater au grand jour, pourtant l'écriture est belle

Je remercie toutefois Babelio et les éditions Rocher pour l'envoi du livre