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Citation de PATissot


Enfin la colonne fit une halte dans un autre village.
Les soldats envahirent les maisons, livrés à une quête frénétique de chaleur et de nourriture.
D'abord, nous envoyâmes un garçon russe chercher de l'eau, car, en dépit de la quantité de neige que nous avions avalée, nous étions torturés par la soif.
Puis nous demandâmes de quoi manger. Les civils nous indiquèrent un tonneau à moitié rempli de choux au vinaigre. Pour moi, c'était écoeurant.
Je m'efforçai d'en avaler un peu. Les Allemands qui étaient entrés avec nous en mangèrent avec voracité. Je vis aussi quelques-uns de nos soldats en remplir leurs calots et y plonger ensuite le visage avec avidité.
Cependant, qu'il faisait bon et chaud là-dedans !
Je m'étais assis paisiblement contre un mur, sur un amas de sacs vides ; je voulais me reposer le plus possible. A côté de moi se trouvait un sac rempli de farine de blé ; je commençai à en manger de petites poignées, qui collaient au palais.
Une lampe à huile répandait parmi nous sa lumière sereine.
Quelle douceur infinie ce serait que de pouvoir passer la nuit ici, délivrés de ces hantises qui nous harcelaient à chaque instant ! C'était trop beau pour pouvoir y songer, ne fût-ce qu'un instant.
Quelques femmes, fagotées comme d'habitude dans leur vêtements de coupe antique, nous regardaient immobiles et silencieuses, les mains sur le ventre. Plus que de la crainte, il y avait chez elles de la compassion à notre égard, car elles comprenaient nos souffrances.
Nous aussi les regardions sans animosité ; depuis longtemps, nous avions appris à distinguer le peuple russe des communistes, même si, harcelés par l'aveugle férocité allemande, tous les Russes, pour se défendre, avaient fait bloc autour de leur autorité constituée.
Nous connaissions surtout le caractère naturellement bon des habitants des petits villages de campagne que le communisme n'avait pas encore réellement atteints ; la bonté naturelle de ces pauvres femmes, résignées d'une résignation séculaire, qui se serraient dans le coin de la maison où étaient accrochées les icônes sacrées, leurs églises ayant étés affectées à des usages profanes.
Un caporal-chef allemand s'approcha de moi. Poliment, d'abord dans sa langue, puis dans un italien soigné et élégant, il me demanda de lui faire un peu de place pour qu'il pût s'assoir.
il était autrichien, me dit-il, et il avait passé quelques mois en Italie auprès de certains parents. Il m'offrit ce qu'il avait à manger : des croûtons de pain russe et des morceaux de biscuits italiens. Je refusai et nous échangeâmes quelques propos.
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