Tu te souviens, Mart : ma chambre bleue, avec le piano et sa housse, et le petit cheval de bois — un cendrier — sur le piano, et je jouais, et tu étais venu derrière moi…
Oui, ce soir-là avait été celui de la création de l’univers, avec la lune montrant sa face d’une admirable sagesse, et le carillon de la sonnerie dans le couloir, comme un trille de rossignol.
— Et tu te rappelles, Mart : le fenêtre ouverte, le ciel vert — et, en bas, créature d’un autre monde, le joueur d’orgue de Barbarie ?
Où es-tu, merveilleux joueur d’orgue de Barbarie ?
— Et sur la berge… Tu te rappelles ? Les branches encore dénudées, l’eau vermeille — et le dernier bloc de glace bleutée, flottant comme un cercueil. Et ce cercueil nous paraissait seulement comique — parce que nous étions immortels. Tu te rappelles ?