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Citation de enkidu_


La monnaie n'est pas un produit de la nature mais une invention de l'homme. C'est l'homme qui, faute de discernement, en a fait un instrument maléfique. Les nations ont oublié les différences entre les différents règnes, l’animal, le végétal et le minéral, ou plutôt c'est la finance qui leur a fait représenter ces trois règnes sous une seule espèce, négligeant de prendre en considération les conséquences d'un tel acte. Le métal dure mais ne se reproduit pas. L'or semé ne se multiplie pas. Le végétal existe presque en lui-même, mais la culture en accroît la reproduction naturelle. L'animal fait ses échanges avec le monde végétal, fumier contre pâture.

L'homme fit des chaînes d'un métal dont le lustre le fascinait. Puis il inventa une chose contre nature et se fit une fausse représentation du monde minéral obéissant à la loi gouvernant les deux autres.

Le XIXème siècle, infâme siècle d'usure, alla plus loin en créant une espèce de messe noire de l'argent. Marx et Mill, nonobstant leurs superficielles différences, se rejoignirent pour attribuer à l'argent des propriétés quasi religieuses. On est allé jusqu'à parler de l'énergie « concentrée dans l'argent » comme de la divinité dans le pain consacré. Comme si une pièce de cinquante centimes avait jamais créé la cigarette ou la barre de chocolat qu'avant-guerre l'on tirait des machines automatiques !

Certes, la durabilité du métal lui confère certains avantages sur les tomates ou les pommes de terre. Il est loisible à qui le possède de laisser venir le moment propice pour l'échanger contre des biens plus périssables. De là viennent les premières spéculations de la part des détenteurs du métal, surtout de ces métaux rares et non sujets à la rouille.

Outre cette virtualité d'agir avec iniquité, que la monnaie métallique tire de son être même, l'homme, afin de favoriser l'usure, inventa un papier muni de coupons.

L'usure est un vice et un crime condamnés par toutes les religions et par tous les moralistes de l'Antiquité. C'est dans le De Re Rustica de Caton que nous trouvons ce fragment de dialogue :

« — Que dis-tu de l'usure ?

» — Et toi, que penses-tu de l'assassinat ? »

Et dans Shakespeare : « Ton or, c’est peut-être tes brebis et tes moutons ? »

Non ! Ce n'est pas dans l'argent qu'il faut chercher la racine du mal, mais dans l'avarice et la convoitise du monopole. Captans annonam maledictus in plebe sit ! tonnait saint Ambroise : monopolisateurs des récoltes, soyez maudits entre les peuples ! (pp. 38-39)
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