Farag Moussa

Après la Première Guerre mondiale, quand le protectorat britannique remplace la domination ottomane et la monarchie du roi Fouad est établie, les Anglais occupent l’Égypte depuis 1882. Et ce n’est qu’en 1922 que le pays, accédant à une forme d’indépendance, crée un ministère des affaires étrangères avec l'accord des Anglais. C’est le début de la diplomatie égyptienne qui incorpore Farag Mikhaïl Moussa, jeune avocat copte orthodoxe.



Farag Moussa, issu d’un milieu paysan pauvre, est le seul de sa famille à avoir pu faire des études qu’il a achevées en Angleterre et en France dont il parle les langues. En 1919, il participe à la révolution contre l’occupant anglais en qualité d’avocat d’un des membres actif de ce mouvement nationaliste réclamant l’indépendance de l’Egypte. L’indépendance obtenue sera partielle puisque, quand Farag Moussa intègre le service diplomatique en 1923 en devenant attaché à Washington, les Anglais restreignent la représentation égyptienne qu’ils limitent à des légations plutôt qu’à des ambassades.



Après la capitale américaine, où le jeune attaché rencontre sa future femme, il est nommé à Berlin puis devient consul en Éthiopie où il se lie d’amitié avec l’empereur Haïlé Sélassié. Au moment de l’attaque de l’Éthiopie par Mussolini, il a déjà quitté Addis-Abeba pour Rome, où il ne reste qu’un an, déclaré persona non grata par le Duce. Élevé au titre de bey à son retour en Égypte, il devient chargé d’affaires au ministère des affaires étrangères, ne pouvant plus être diplomate à cause de son mariage avec une américaine. C’est l’époque où enfin la Grande Bretagne reconnait le droit de l'Egypte à rejoindre la Société des Nations pour en devenir le 56e état membre.



L’histoire de ce diplomate est racontée avec humour par un fils admiratif et plein d’affection. Farag Moussa fils, devenu lui-même fonctionnaire au ministère des Affaires étrangères et portant le même nom que son père, trace le portrait d’un homme attachant, passionné par la diplomatie dont il a été l’un des pionniers dans son pays. Une carrière souvent tendue dans une période marquée par la décolonisation et la Seconde Guerre mondiale.



Merci à Babelio et aux éditions Riveneuve de m'avoir fait découvrir ce livre et cet auteur.

En recevant le livre grâce à l’opération Masse Critique, j’ai essayé de me rappeler pourquoi je l’avais ‘coché’. Je ne suis fan ni des livres d’histoire, ni des biographies.

Grossière erreur !



C’est une biographie certes mais écrite par le fils de Farag Mikhaïl Moussa. Donc se mêlent les faits extrêmement bien renseignés (journaux d’époque, notes des ambassades…) aux souvenirs d’enfance de l’auteur. Cela efface toute la froideur des biographies. C’est touchant, très émouvant. J’ai été particulièrement émue par le passage où l’auteur explique que son père Farag Mikhail Moussa a partagé le même bureau que Taha Hussein qui est juste un des plus grands penseurs arabes.



C’est aussi un livre d’histoire. Et quelle histoire ! Suivre les enjeux géopolitiques du début du XXème siècle à travers la diplomatie égyptienne nous sort déjà des versions habituelles. Mais c’est surtout une période qui m’intrigue énormément pour tout le monde arabe. Je me pose beaucoup de questions sur la fragilité de ce qu’on a appelé les Printemps Arabes d’aujourd’hui. Et il m’arrive souvent de faire le parallèle avec les périodes postindépendances où les mouvements populaires ont laissé place à des dictatures. Or la vie de Farag Mikhail Moussa est la preuve que beaucoup ont essayé : tolérance, apaisement, paix entre les religions…

J’ai donc trouvé ce livre très humain et plein d’espoir.



Un grand MERCI à Riveneuve éditions et à Babelio pour cette magnifique découverte !

Livre très plaisant et très intéressant sur les débuts et le développement de la diplomatie égyptienne suite à l'indépendance (toute relative) que l'Angleterre a bien voulu octroyé généreusement à ce pays si riche d’Histoire et d'histoires.

A travers la carrière de son père Farag Mikhaïl Moussa, qui fut diplomate de 1923 à 1939/40, Farag Moussa plonge le lecteur dans les tracas, petits et grands du diplomate, les caprices et mesquineries, petits et grands des politiques mais également les petites et les grandes décisions qui feront avancer des situations politiques vers l'apaisement ou au contraire l'échauffement le plus grave.

On voyage de Washington à Alexandrie, en passant par Addis-Adeba, Rome, Berlin. On rencontre de grands personnages, tels que Haïlé Sélassié par exemple. On traverse une période charnière pour l’Égypte et pour le Monde, des turbulences internes et extérieures.

Bref, un petit livre agréable, instructif, non dénué d'humour grâce à diverses anecdotes mais aussi plein de tendresse et d'admiration pour un père tout dévoué à son métier, son pays, sa famille et qui mourut trop jeune.