Redisons-le: pour l’homme, le monde est d’emblée significatif. Il n’est pas devant nous comme une réalité étrangère. Nous l’appréhendons d’abord selon nos sentiments et nos désirs. On a souvent relevé cette évidence pour ce qui est de la perception d’autrui : un visage n’est pas d’abord une suite de traits, de détails, mais un ensemble d’intentions, le style d’une présence qui consent ou se refuse. Le cosmos et les objets inanimés qui m’entourent s’offrent aussi à moi comme s’ils incarnaient des intentions similaires ou hostiles aux miennes, comme s’ils me proposaient une sorte de dialogue bien avant que je m’aperçoive qu’ils sont une nature opposable à ma conscience.